C’est un fait ! Le Maroc souffre au niveau de la santé. Le constat ne date pas d’ailleurs d’aujourd’hui. Bien au contraire, les Marocains font face depuis de longues année à un écosystème sanitaire des plus décevants. En effet, ceux qui ont les moyens, partent souvent à l’étranger pour se faire soigner. La population démunie et à faible revenu prend son mal en patience avec l’hôpital public, alors que l’hôpital privé reste le plus souvent trop cher, traînant de plus une mauvaise réputation.
La gouvernance, la recherche scientifique, l’état des urgences médicales et l’accueil, la prise en charge des maladies transmissibles et non transmissibles, notamment la santé mentale et les cancers, la santé rurale, la mortalité maternelle et infantile, la gestion des ressources humaines, l’infrastructure des hôpitaux et les équipements médicaux, la gestion financière et réglementaire…
Autant de symptômes qui font très mal à notre système sanitaire. C’est dire que les chantiers de la réforme de la Santé sont d’une urgence extrême. Le contexte pandémique lié à la Covid-19 est venu mettre à nu toutes ces problématiques de fond qui caractérisent le secteur de la Santé chez nous. Les dysfonctionnements en rapport avec toutes ces problématiques ont refait surface, démontrant ainsi à quel point notre Santé n’est vraiment pas en bonne santé!
Néanmoins, il est quand même important de constater qu’en dépit de toutes ces problématiques, la mobilisation pour faire face à un virus aussi ravageur que la Covid-19, n’a pas déçu. Bien que l’on n’ait toujours pas vu le bout du tunnel, des enseignements peuvent être tirés. Ainsi et depuis cette crise sanitaire, la nécessité d’aller de l’avant et d’accélérer la cadence des réformes les plus prioritaires mène le débat.
Au Parlement, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, a révélé que le système national de santé demeure majoritairement dépendant des dépenses des familles, et ce à hauteur de 50,7% exactement, tandis que le seuil généralement recommandé est de 25% maximum.
L’État, pour sa part, réserve 6% seulement du PIB au secteur de la Santé, soit moitié moins que les préconisations de l’OMS. Ensuite, un manque criant est à relever au niveau du personnel, dont le taux représente aux alentours de 1,7 professionnel par 1.000 habitants, répartis entre 32.522 médecins et 65.044 infirmiers. Et il faudrait, au minimum, que ce taux monte à 2,75 pour se retrouver au niveau des normes internationales.
Sur ce registre bien particulier, le ministre de la Santé a réaffirmé l’intention du gouvernement de réformer la loi relative à l’exercice de la médecine à même de permettre aux compétences étrangères de pratiquer au Maroc. Un chantier qui est aujourd’hui d’autant plus d’actualité que le Maroc vient d’entamer le chantier de l’élargissement à l’horizon 2023 de la couverture médicale à toute la population. Face aux députés, Khalid Aït Taleb a mis en exergue l’importance de refondre au plus vite le système national de santé, sous peine de ne pas être en mesure de répondre aux besoins sanitaires des 22 millions de futurs bénéficiaires.
Dans le même sens, il y a lieu de noter que le Maroc verra, au cours de cette année 2021, ses capacités litières augmentées de 2.475 lits, en même temps qu’environ 1.500 lits seront rénovés.
Au total, cette nouvelle réforme repose sur 4 piliers essentiels : la valorisation des ressources humaines, la réhabilitation de l’offre sanitaire en renforçant la dimension régionale, l’adoption d’une nouvelle gouvernance dans le système de santé et le développement du système informatique. Et de conclure que dans ce contexte marqué par des contraintes liées à la crise de Covid-19, les efforts ont abouti à des résultats positifs, notamment la réponse rapide aux exigences de prévention et de contrôle de la pandémie, en renforçant la capacité litière des hôpitaux, des produits médicaux et de nouveaux équipements dont des respirateurs artificiels ainsi que l’acquisition de plusieurs équipements qui ont dépassé ce qui a été acquis au cours de la dernière décennie.
Il s’agit aussi de l’accélération des travaux de construction de plusieurs hôpitaux pour garantir leur entrée en service en 2021, ce qui augmentera la capacité litières de 2475 lits supplémentaires, la préparation d’un programme ambitieux au cours de l’année 2021 pour réhabiliter environ 1.500 unités de santé de base, et de réfléchir sur des moyens innovants à même de remédier aux contraintes en recherchant des formules optimales pour réaliser des politiques publiques préventives dans certains programmes et projets via des plans d’action nationaux multisectoriels, a fait observer Khalid Aït Taleb.
Et d’ajouter que ces efforts concernent également l’accélération des chantiers de la couverture sanitaire en développant des programmes structurés basés sur la révision de la n° 65-00 du 3 octobre 2002 portant Code de la couverture médicale de base et en évaluant les traitements actuellement approuvés, afin de réduire les frais restants de l’assuré.
Autrement dit, la réforme, la vraie, de la Santé ne fait que commence et ce, grâce, entre autres, à la Covid-19, ce virus qui a démontré l’urgence absolue de la réforme de la Santé.
Hassan Zaatit
Cap sur la souveraineté vaccinale
Par rapport à la signature de conventions relatives au projet de fabrication et de mise en seringue au Maroc du vaccin anti-Covid19 et autres vaccins, Khalid Ait Taleb explique que dès le mois de mars 2020, des partenariats précoces ont été conclus pour assurer l’approvisionnement des vaccins, préparer le transfert de technologie et démarrer le premier essai clinique vaccinal au Royaume du Maroc. La gestion de la pandémie et la campagne de vaccination ont permis d’atteindre une performance de rang mondial avec un taux de vaccination final de 34% malgré l’incertitude des approvisionnements du fait de la rareté et la faible production mondiale, note le ministre. Et de rappeler que dès avril 2019, a-t-il rappelé, le Roi Mohammed VI a identifié dans son Message adressé aux participants à la Journée mondiale de la santé les conditions fondamentales pour réussir la réforme de notre système de santé dans l’optique d’atteindre la souveraineté médicamenteuse… ‘‘Ce message « fort » est plus que jamais d’actualité aujourd’hui pour renforcer « la diplomatie vaccinale », la recherche, le développement et l’innovation pharmaceutique et pour promouvoir l’investissement dans le domaine de la Health-Tech faisant ainsi du Royaume un hub continental de premier rang’’, a-t-il conclu.
Retrouvez le sommaire de notre Spécial Été : Maroc, l’urgence sociale