Britcham

La BritCham explore le futur du système bancaire

La BritCham explore le futur du système bancaire

Par LNT
Britcham

Alors que de nombreux pays à travers le monde mettent en place des cadres réglementaires pour l’Open Banking, et que les investissements dans les technologies financières ont atteint des montants record – dépassant les 150 milliards de dollars en 2023 selon un rapport de KPMG publié en 2024 –, le Maroc manifeste une volonté claire de s’inscrire dans cette dynamique globale de modernisation de son système financier. Dans ce contexte, la Chambre de commerce britannique pour le Maroc (BritCham) a organisé, le jeudi 26 juin 2025, un webinaire consacré aux mutations en cours, sous le thème : « Open Banking, Intelligence Artificielle et Finance Décentralisée : Vers une nouvelle ère de la sécurité des données ? ».

L’événement a réuni des représentants d’institutions financières, des experts en technologies numériques et des responsables du secteur bancaire pour échanger sur les défis et les opportunités associés à la digitalisation des services financiers. Trois grands axes ont structuré les discussions : l’intégration progressive du modèle Open Banking, l’usage croissant de l’intelligence artificielle dans la gestion des données financières, et l’essor de la finance décentralisée (DeFi). Ces trois leviers sont considérés, selon des estimations de McKinsey, comme des sources majeures d’efficience, avec un potentiel de réduction annuelle des coûts de l’ordre de 400 milliards de dollars à l’échelle mondiale à l’horizon 2030.

Sur le volet réglementaire, les avancées présentées par Bank Al-Maghrib ont été particulièrement suivies. Abdelilah Harrat, responsable de la surveillance des plateformes et opérateurs de services financiers digitaux au sein de l’institution, a confirmé qu’un cabinet spécialisé sera mandaté avant la fin de l’année pour accompagner la mise en œuvre du cadre légal relatif à l’Open Banking. Cette initiative vise à instaurer un environnement interopérable et sécurisé, garantissant une ouverture maîtrisée des données bancaires aux tiers, tout en préservant les intérêts des usagers.

Les échanges ont également mis en lumière les efforts de certaines banques marocaines pour adapter leurs structures internes aux exigences de cette transformation numérique. Houda Boukar, en charge du Data Groupe à Bank of Africa, a ainsi détaillé les initiatives en cours au sein du groupe, soulignant que la collaboration entre banques établies et startups fintech devient de plus en plus nécessaire. Elle a toutefois alerté sur la nécessité de renforcer les dispositifs de cybersécurité et d’assurer une conformité stricte avec la réglementation en vigueur.

Du côté de l’écosystème entrepreneurial, Mustapha Lahlali, directeur exécutif du Morocco Fintech Center, a exposé un état des lieux du secteur. Il a rappelé que plus d’une cinquantaine de fintechs sont aujourd’hui actives au Maroc, avec des solutions qui couvrent des domaines variés allant des paiements numériques au financement alternatif. Pour ces jeunes entreprises, l’Open Banking représente une opportunité importante d’accéder à de nouveaux marchés, à condition que des mécanismes de soutien adaptés soient mis en place, tant sur le plan réglementaire que financier.

Sur le terrain de la finance décentralisée, Badr Bellaj, cofondateur et directeur technique de MCHAIN, a mis en avant les liens possibles entre les logiques d’Open Banking et celles de la blockchain. Il a évoqué les solutions développées par son entreprise en matière d’identité numérique, de traçabilité et de sécurité des transactions. Il a également rappelé que le Maroc figure au 27ᵉ rang mondial en matière d’adoption des cryptomonnaies, selon le classement de Chainalysis de 2023, ce qui laisse entrevoir un potentiel d’innovation technologique encore peu exploité.

Dans l’ensemble, les intervenants ont convenu que des progrès notables ont été réalisés en matière de structuration de l’écosystème digital financier au Maroc. La coordination entre les acteurs publics et privés semble s’intensifier, tandis que les initiatives portées par les institutions régulatrices s’inscrivent dans une logique d’ouverture, de sécurité et d’inclusion.

LNT

Consultez librement toutes nos parutions hebdomadaires, nos hors-série et toutes les communications financières