Après une première série de webinaires réussie, la Bourse de Casablanca et l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse lancent un cycle de conférences virtuelles, sous le thème « Saison de publication des résultats : Bilan et opportunités d’investissement ». Les deux partenaires se sont entourés d’acteurs majeurs du secteur financier pour mettre au point cette nouvelle série d’événements. Pour le premier, organisé mardi 4 mai, c’est M. Ahmed Zhani, économiste au sein de CDG Capital, qui a présenté un exposé sur le thème « perspectives post-covid19 des équilibres macro-économiques et évolutions des compartiments taux ».
Rappelant que l’économie en 2020 a subi en 2020 un double choc covid et sécheresse, menant à une forte détérioration de l’équilibre des finances publiques, un accroissement de la masse monétaire et un ralentissement des crédits, M. Zhani a toutefois noté qu’elle a également mené à un allègement du déficit commercial (avec la forte baisse des importations), une baisse de l’inflation et un meilleur accès des TPME au financement. 2020 aura donc été un « stress test important pour l’économie nationale ». Et en dépit de l’importance du besoin de financement du Trésor, qui a plus que doublé en 2020, la courbe des taux a baissé sous l’effet de la politique monétaire expansionniste de Bank Al-Maghrib (taux et liquidité), des levées à l’international du Trésor public d’environ 40 MrdDH et de la rareté des opportunités de placement.
Concernant la relance, M. Zhani estime que la croissance économique nationale devrait reprendre en 2021 grâce au bon comportement de la campagne agricole 2020/2021 et au redressement de la valeur ajoutée non agricole bénéficiant d’un effet de base. Par contre, un léger recul de la croissance est attendu en 2022 sous l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne de 75 millions de quintaux et une légère consolidation de la reprise non agricole, a relevé l’économiste.
Toutefois, « à l’image de la crise de 2008, la croissance non agricole devrait se redresser progressivement en attendant le retour à une situation d’équilibre sur le marché de l’emploi et la reprise des crédits aux ménages », a-t-il soutenu.
Certaines menaces planent sur la relance et sur le pacte national y afférent, à savoir le développement du secteur informel et la hausse de la circulation fiduciaire, qui a enregistré une hausse très importante au cours de l’année 2020, la hausse des importations et la pression qui pourrait en découler sur les avoirs officiels de réserve, et la montée des créances en souffrances et son impact sur les bilans des banques. Mais l’économiste estime que le recours au stimulus monétaire comme principal levier est judicieux compte tenu des faibles marges budgétaires et de l’absence de risques inflationnistes à court et moyen termes.
Pas d’impact sur l’inflation
M. Zhani anticipe un fort rebond des contreparties de la croissance en 2021 sous l’effet de base conjugué au redressement des sources de financement de la demande des ménages, le programme ambitieux d’investissement de l’État et le redressement de la demande étrangère.
Ce retour à la croissance sera sans impact significatif sur l’inflation en 2021 et 2022 malgré la hausse prévue des prix des matières premières et énergétiques, a-t-il indiqué, faisant état d’une demande des ménages affaiblie par la crise sanitaire et d’une amélioration de l’offre agricole suite aux résultats de la campagne agricole 2020/2021.
En outre, l’économiste table sur un rebond du déficit commercial courant cette année, en résultat d’un retour de la demande nationale et internationale et un renchérissement des prix des matières premières et énergétiques et de la faiblesse des recettes touristiques. L’année 2022 devrait connaître la poursuite du creusement du déficit commercial conjuguée à une reprise des recettes touristiques, ce qui devrait atténuer le déficit du compte courant.
En matière des finances publiques, l’équilibre budgétaire s’affiche toujours difficile à atteindre face à des dépenses globales toujours en hausse, malgré la légère reprise des recettes fiscales en 2021, a estimé M. Zhani, faisant observer que l’endettement au titre du budget général devrait augmenter à 80% du PIB, en dépit de la légère atténuation du déficit public.
Et de mettre en exergue l’impact significatif de la saisonnalité des ressources fiscales sur les besoins mensuels du Trésor public au cours de l’année, rappelant qu’environ 60% des recettes fiscales sont encaissées au terme des quatre trimestres avec une concentration en mois de mars et de décembre.
Pour ce qui est de la situation du Trésor et du marché des bons de trésor, les levées resteront importantes mais sans impacts significatifs sur la courbe des taux sous l’hypothèse d’un cadre monétaire stable, a-t-il conclut.
Selim Benabdelkhalek