Carte d'Irak et des pays voisins indiquant les zones habitées par les populations kurdes © AFP Thomas SAINT-CRICQ, Jean Michel CORNU
Les Kurdes, un peuple de 25 à 35 millions de personnes sans Etat, sont principalement présents en Irak, en Iran, en Turquie et en Syrie.
– Divisés entre quatre pays –
Peuple d’origine indo-européenne, les Kurdes sont en majorité musulmans sunnites, avec des minorités non musulmanes et des formations politiques souvent laïques.
Ils sont établis sur près d’un demi-million de km² et leur nombre total varie selon les sources, entre 25 à 35 millions de personnes. Le plus grand nombre vit en Turquie (12 à 15 millions, environ 20% de la population totale) suivi de l’Iran (environ 6 millions, moins de 10%), l’Irak (5 à 6 millions, soit 15 à 20%) et la Syrie (plus de 2 millions, 15%).
Ils ont su préserver leurs dialectes, leurs traditions et un mode d’organisation largement clanique.
– Un rêve brisé –
L’effondrement de l’Empire ottoman à l’issue de la Première Guerre mondiale ouvre la voie à la création d’un Etat kurde, prévue par le traité de Sèvres en 1920, et situé dans l’est de l’Anatolie et dans la province de Mossoul.
Mais après la victoire de Mustafa Kemal en Turquie, les Alliés reviennent sur leur décision et, en 1923, le traité de Lausanne consacre la domination de la Turquie, de l’Iran, de la Grande-Bretagne (pour l’Irak) et de la France (pour la Syrie) sur les populations kurdes.
– Conflits avec les pouvoirs centraux –
Revendiquant la création d’un Kurdistan unifié, les Kurdes sont perçus comme une menace envers l’intégrité territoriale des pays où ils sont installés.
En Turquie, le conflit entre le gouvernement et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
En Iran, des heurts épisodiques opposent les forces de sécurité à des rebelles kurdes d’Iran.
En Irak, les Kurdes persécutés sous Saddam Hussein se soulèvent en 1991 après la défaite de Bagdad au Koweït et instaurent une autonomie de fait, légalisée par la Constitution irakienne de 2005.
En Syrie, les Kurdes ont souffert de décennies de marginalisation de la part du régime. Ils bénéficient du chaos généré par la guerre à partir de 2011 et installent une administration autonome dans des régions du Nord.
– Divisions internes –
Les Kurdes, qui n’ont jamais vécu sous un pouvoir centralisé, sont divisés en une myriade de partis et factions répartis entre les quatre pays. Ces mouvements sont souvent antagonistes, en fonction notamment des jeux d’alliances conclues avec les régimes voisins.
En Irak, les deux principaux partis kurdes se sont ainsi livré une guerre faisant quelque 3.000 morts entre 1994 à 1998. Ils se sont finalement réconciliés en 2003.
– Lutte antijihadistes –
En Syrie, les forces kurdes dominent l’alliance des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui combattent le groupe Etat islamique (EI) avec l’appui d’une coalition dirigée par les Etats-Unis. Cette alliance a lancé en novembre 2016 la bataille pour chasser les jihadistes de leur principal fief de Raqa.
En Irak, les combattants kurdes peshmergas ont également pris part à la lutte antijihadistes.
LNT avec AFP