Manifestation le 16 octobre 2017 à Kisumu, à l'ouest du Kenya © AFP YASUYOSHI CHIBA
Un jeune manifestant a été tué par balle lundi dans l’ouest du Kenya, a-t-on appris auprès de témoins, alors que des centaines de partisans de l’opposition sont à nouveau descendus dans les rues pour demander des réformes en vue de la présidentielle du 26 octobre.
La police a encore utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule à Kisumu, sur les rives du lac Victoria (ouest), un fief du principal opposant, Raila Odinga.
Les manifestants avaient auparavant bloqué des routes, mis le feu à des pneus et lancé des pierres vers les policiers, pour marquer le passage à des manifestations désormais quotidiennes.
L’un des manifestants, Michael Odiambo, 21 ans, a raconté avoir vu la police tuer par balle un jeune homme dont un photographe de l’AFP a pu voir le corps.
« Il courait pour se cacher de la police. Un policier a juste pointé son pistolet vers lui et a tiré sur lui à distance. Il a été touché au cou », a-t-il déclaré.
Le jeune homme tué était un étudiant de 18 ans, Michael Okoth, a indiqué sa mère, Caroline Okello. « Il ne manifestait pas. Il était parti acheter une glace quand il a reçu une balle. Ils ont tué mon enfant. Un garçon innocent qui n’était pas dans la manifestation ».
Le président Uhuru Kenyatta a observé que la police avait décidé à Kisumu de laisser les manifestants avancer jusqu’au centre-ville, ce que le gouvernement a normalement interdit depuis la semaine passée.
« Ils ont été autorisés à manifester dans toute la ville. Et quand ils se sont rendu compte que les policiers n’intervenaient pas, ils ont commencé à leur lancer des pierres. Qu’attendre de tout ça? Les policiers ne sont-ils pas autorisés à se protéger », a-t-il argué.
Vendredi, deux manifestants avaient été tués par la police à Bondo, la ville d’origine de Raila Odinga, à environ 50 km à l’ouest de Kisumu.
« Pendant combien de temps ces meurtres insensés de la police (vont-ils continuer)? La police ne peut pas à chaque fois tirer sur des manifestants. Manifester est-il un crime? », a demandé Margaret Akinyi, une vendeuse de légumes à Kisumu. Le jeune manifestant tué lundi « a été abattu par une balle juste à côté de moi et nous nous sommes tous mis à courir. Il est mort », a-t-elle ajouté.
A Nairobi, un petit groupe de manifestants a été rapidement dispersé par la police.
Au moins 37 personnes avaient été tuées, dont 35 par la police, dans les jours qui ont suivi les élections générales du 8 août, selon la Commission nationale kényane des droits de l’Homme (KNCHR).
Dans un rapport conjoint publié lundi, Human Rights Watch et Amnesty International ont indiqué avoir confirmé la mort de 33 personnes des mains de la police.
Le chef de la police kényane, Joseph Boinnet, a qualifié ce rapport de « complètement trompeur et basé sur des mensonges », affirmant que la police n’était informée que de 12 morts sur lesquels elle dit enquêter.
Le climat politique est particulièrement tendu au Kenya depuis la décision le 1er septembre de la Cour suprême d’invalider la réélection du sortant Uhuru Kenyatta à la présidentielle du 8 août, face à M. Odinga, pour des irrégularités dans la transmission des résultats.
M. Odinga a annoncé la semaine passée son retrait de la présidentielle du 26 octobre, arguant que la Commission électorale, qui est très critiquée, n’était pas en mesure d’organiser une élection crédible.
L’opposant estime que son retrait entraîne l’annulation du scrutin et l’organisation d’un tout nouveau processus électoral, solution rejetée par M. Kenyatta.
LNT avec Afp