La Journée mondiale de lutte contre l’hypertension artérielle (HTA), qui a eu lieu le 14 mai de chaque année, est l’occasion de sensibiliser le grand public sur les risques que représente ce mal invisible aux symptômes difficilement détectables, communément appelé « le tueur silencieux ».
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’hypertension touche plus d’un milliard de personnes dans le monde et en tue 9 millions par an. En cause, l’évolution rapide de notre train de vie, marqué par un sédentarisme excessif et une consommation malsaine de produits salés, de tabac et d’alcool. « L’hypertension artérielle est une augmentation anormale de la pression du sang dans les artères », explique dans un entretien à la MAP le cardiologue Thami Akesbi, précisant qu’une tension est considérée comme élevée à partir de 140/90 mm de mercure: 140 étant la pression dite systolique qui correspond à la pression dans les artères au moment où le cœur se contracte, 90 correspondant à la pression diastolique, soit celle qui règne dans les artères au moment où le cœur se relâche et se remplit.
L’élévation de la pression artérielle endommage les parois artérielles progressivement, et augmente le risque d’accident cardiovasculaire comme l’accident vasculaire cérébral (AVC) l’infarctus du myocarde, l’insuffisance rénale et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, dit-il. « Par ailleurs, « l’occidentalisation » du mode de vie, avec la consommation de sodas, de fast-food, d’aliments gras et très riches, le manque de marche et l’omniprésence de la voiture ont également une incidence », souligne le cardiologue. Interrogé sur les mesures à prendre pour limiter les risques de contracter cette maladie, Dr Akesbi n’y va pas par quatre chemins. « Pas de salière à table », tranche-t-il.
Au volet diététique, le médecin insiste sur une consommation minimale de sel, en évitant tout ce qui est conserves, plats cuisinés, et tout ce qui ressemble de prêt ou de loin aux cornichons et autres olives salées dont les Marocains sont particulièrement friands. « En moyenne, on consomme 12 à 13 grammes de sel par jour, alors que notre corps n’a besoin que de 2 à 3 grammes », fait-il remarquer, conseillant de remplacer, par exemple, le sel par de l’ail, sans oublier que le tabagisme et l’alcool sont des facteurs favorisant l’apparition de cette maladie.
« Ce sont des choses qui paraissent anodines quant à notre façon de manger au quotidien mais qui ont un impact réel sur notre santé », dit-il. Sur le plan hygiène de vie, le spécialiste insiste sur la pratique d’une activité physique régulière, avec au moins trente minutes de marche quotidienne, conformément aux recommandations de l’OMS en la matière. Quand on parle de l’hypertension, il est important de mentionner le volet dépistage, car, comme le confirme Dr Akesbi, « un hypertendu sur deux est méconnu ».
« Le dépistage est particulièrement recommandé, surtout si un membre de la famille est hypertendu, et à mesure qu’on avance dans l’âge ou si on a d’autres maladies concomitantes le comme diabète », conseille-t-il. Au Maroc, les résultats de l’enquête prospective réalisée en 2000 par le Ministère de la Santé ont donné une prévalence globale de l’HTA de 33,6% chez la population de plus de 20 ans. On retrouve à peu près le même taux dans les pays arabes et du pourtour méditerranéen.
La prévalence de l’HTA augmente significativement avec l’âge. Elle est de 53,8% chez les personnes âgées de plus de 40 ans et de 72,2% chez les 65 ans et plus.
Il faut savoir aussi que le coût de prise en charge des maladies cardiovasculaires en pratique de santé publique est très élevé, d’où l’intérêt d’une prise en charge diagnostique et thérapeutique optimisée et des mesures de prévention par la lutte contre les facteurs de risque de la maladie.
LNT avec MAP