Des troupes de la Garde nationale américaine devant le Capitole de Washington, le 20 janvier 2021 © AFP ROBERTO SCHMIDT
Joe Biden s’est installé mercredi à la Maison Blanche dans une capitale américaine transformée en forteresse, très loin de l’ambiance de liesse populaire qui envahit Washington tous les quatre ans en ce jour d’investiture.
Environ 25.000 soldats de la Garde nationale – contre seulement 8.000 il y a quatre ans – et des milliers de policiers ont été déployés dans la ville, dont le centre était une « zone rouge » aux accès strictement contrôlés et entouré de hautes grilles métalliques.
Pour Joe Brunner, un New-Yorkais de 42 ans, le périmètre grillagé « ressemble à l’entrée d’une base militaire en temps de guerre ».
La foule, qui se masse habituellement dans la capitale pour apercevoir le nouveau président, a été priée de rester à la maison en raison de l’épidémie de coronavirus et des risques de violence.
Les autorités craignaient aussi des incidents, deux semaines après l’assaut contre le Congrès par des milliers de partisans de Donald Trump pour tenter d’invalider la victoire du démocrate.
« C’est dommage, parce que moi je veux sentir quelque chose d’historique, quelque chose d’heureux, je veux être heureuse, mais ce n’est pas possible », explique Anna Weaver, qui vit à Washington. « Pour ceux qui habitent à Washington, c’est vraiment difficile de fêter ce moment », dit-elle.
Les Américains n’ont vu cette journée qu’à travers les images des grandes chaînes de télévision qui ont retransmis en direct chaque étape de son intronisation.
La grande artère Pennsylvania Avenue, entre le Congrès et la Maison Blanche, que le président fraîchement élu emprunte habituellement sous les vivats de la foule, est restée déserte. Le cordon de policiers n’avait rien à surveiller au passage du convoi présidentiel.
Cette année, le président américain n’a marché que quelques dizaines de mètres pour entrer dans la Maison Blanche, devant les objectifs des photographes de presse et des caméras de télévision.
Il a plusieurs fois fait quelques pas de course pour aller répondre brièvement à des journalistes ou saluer la maire de Washington, Muriel Bowser.
– Fête par procuration –
Autour de cette « zone rouge », la circulation était limitée. Véhicules militaires, camions et déneigeuses bloquaient l’accès aux sites les plus sensibles, comme la cathédrale Saint-Matthieu où Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris ont assisté dans la matinée à une messe.
« L’atmosphère est très étrange, pas du tout à l’image de l’Amérique », explique Jason Sheffield, un électeur de Donald Trump de 36 ans, venu de Pennsylvanie.
« Ça fait peur », ajoute sa fiancée, Kierstin Dawley, vêtue d’un haut de survêtement rouge avec le slogan de Donald Trump « Make America Great Again ».
La « zone rouge » comprend la colline du Capitole, où le président a prêté serment à la mi-journée, la Maison Blanche et le Lincoln Memorial, de l’autre côté de la grande esplanade du « National Mall » où des centaines de milliers de personnes avaient assisté à l’investiture de Barack Obama en 2009.
Au nord de la Maison Blanche, quelques dizaines de supporteurs de Joe Biden ont marqué l’événement par procuration, sur la « Black Lives Matter Plaza ».
« Je suis tellement enthousiaste. J’ai beaucoup d’espoir pour les quatre prochaines années », assure Emma Ford, venue de San Diego en Californie.
Le contraste est saisissant par rapport au 3 novembre, quand plusieurs milliers de personnes avaient fêté son élection sur ce tronçon de rue baptisé en mémoire des Afro-Américains victimes de violences policières.
Plus loin, les marchands de souvenirs se disputent les rares clients. « Il faut faire preuve de patience, il est encore tôt, beaucoup de gens vont venir », espère Angela, qui vend t-shirts, masques et casquettes estampillées Biden-Harris.
Pour elle, la journée est très importante financièrement. « Avec la pandémie, tout s’est arrêté, nous avons besoin de tous les revenus possibles », explique-t-elle.
LNT avec Afp