Dans une gare de Tokyo, le 1er octobre 2017 © AFP/Archives Kazuhiro NOGI
Les grandes entreprises manufacturières japonaises affichent un moral inédit en 10 ans, un argument de plus pour le Premier ministre Shinzo Abe en campagne pour les législatives anticipées qu’il a décidées de provoquer.
Après une série d’indicateurs positifs sur la consommation, l’inflation, la production industrielle ou l’emploi annoncés la semaine passée, l’indice de confiance des grandes firmes manufacturières japonaises s’est envolé de 5 points en septembre, à +22, un niveau qui ne s’était pas vu depuis septembre 2007, selon les chiffres de l’enquête « Tankan » publiés lundi par la Banque du Japon (BoJ).
Ce chiffre représente la différence entre le pourcentage d’entreprises optimistes et celui des sociétés estimant que la situation se détériore. Il reflète le fait que les industries de premier plan bénéficient des effets conjugués de l’embellie extérieure ainsi que de la politique de relance abenomics, qui a fait baisser le yen et grimper les actions en Bourse.
La tendance est globalement positive aussi du côté des grandes sociétés de services et de celles de moindre taille.
« La coalition au pouvoir va insister sur les résultats des abenomics », prévient Takeshi Minami, économiste de Norinchukin Research Institute. « Cette amélioration continue (4 hausses trimestrielles consécutives pour les importantes firmes manufacturières) souligne la robustesse de la croissance économique », selon Marcel Thieliant de Capital Economics.
La bonne orientation du « Tankan », mot qui signifie sentiment à court terme, s’inscrit dans une période où le Japon vit sa plus longue période de progression du produit intérieur brut (PIB) depuis 2005/2006: six trimestres d’affilée.
« Il existe un certain nombre de facteurs positifs, dont la reprise des exportations du Japon et l’amélioration de l’économie mondiale, conjuguée à la récente dépréciation du yen », a commenté Katsunori Kitakura, analyste de SuMi Trust.
Les expéditions de marchandises vers l’étranger sont bien orientées depuis des mois et, même si elle a connu des accès de fièvre ponctuels liés notamment à des élections à l’étranger, la monnaie japonaise n’a pas flambé durablement. Elle se maintient à un niveau de l’ordre de 110/112 yens pour un dollar, loin du seuil d’alerte de moins de 100 yens contre un billet vert.
– Problème: la main-d’oeuvre –
Reste que les abenomics sont toujours au milieu du gué selon nombres d’analystes qui rappellent que les réformes structurelles – un des trois piliers de cette stratégie – n’ont pas avancé suffisamment. C’est entre autres cet argument qu’utilise la rivale de M. Abe, la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, qui a créé le Parti de l’Espoir pour affronter le Parti libéral-démocrate (PLD) de M. Abe aux législatives du 22 octobre.
Elle affirme en effet que « les réformes ne vont pas assez vite » et que l’économie n’est pas dans une situation telle qu’elle permette de réaliser sans risque une nouvelle augmentation de taxe sur la consommation (TVA) prévue en octobre 2019.
Des facteurs négatifs tels que les risques géopolitiques liés à la Corée du Nord et l’incertitude politique intérieure entourant la décision de M. Abe de provoquer un scrutin national un an avant l’échéance du mandat des députés auraient pu avoir un impact, « mais il est plus probable que ces développements auront un effet plus important sur les résultats du sondage Tankan pour le dernier trimestre de l’année », a ajouté M. Kitakura.
Alors que les entrepreneurs estiment que le Tankan de décembre sera moins bon, M. Kitakura rappelle qu’un « problème permanent au Japon est la contraction de la main-d’oeuvre ».
Selon lui, même si le gouvernement conduit des politiques visant à encourager davantage de femmes à travailler, les retards dans la réforme du système fiscal et dans la construction d’infrastructures d’accueil des enfants et personnes âgées atténuent les effets de ces dispositions.
La vague de septembre de l’étude Tankan, indicateur important de l’état d’esprit du monde des affaires, a été menée auprès de plus de 10.000 entreprises de toute taille et tout secteur entre le 29 août et le 29 septembre.
LNT avec AFP