
Il y a 10 ans, la distribution de triporteurs était vue par beaucoup comme une belle action pour lutter contre l’exclusion sociale en milieu urbain. Quelques années plus tard, cette initiative louable qui avait pour objectif d’améliorer les conditions de vie de nombreux citoyens et leur offrir une activité génératrice de revenus, s’est transformée en un cauchemar pour nombre d’habitants des grandes villes, qui sont tous les jours spectateurs du comportement anarchique dont font preuve les conducteurs de ces engins, et auquel aucune mesure n’a pu mettre fin.
Ces tricycles destinés à la base au commerce, se sont transformés en taxis transportant ainsi jeunes, vieux, femmes et enfants, moyennant 3 dhs, en l’absence de toute norme de sécurité et semant la pagaille partout où ils passent ! Pourtant, la loi leur interdit le transport de passagers d’un point vers un autre. Mais qui se soucie de la loi ?
En 2015, le ministère de l’Equipement et du transport a publié un texte de loi qui oblige les triporteurs et motos, dans un délai précis, à se mettre en règle, en immatriculant leurs véhicules, au risque d’être pénalisés. Après plusieurs prolongations, le délai a pris fin le 31 juillet dernier. Pourtant, des tricycles circulent toujours dans l’anonymat total et peuvent à tout moment causer des accidents, voler, blesser des passants… et prendre la fuite sans que l’on puisse les identifier, et sans se soucier d’être ou pas hors la loi.
En effet, lorsqu’un triporteur sans carte grise, ni numéro d’immatriculation frappe une voiture et se permet de dire à son conducteur « tu ne peux rien contre moi, mon tricycle, c’est le roi qui me l’a donné », c’est que publier des textes de loi ne sert finalement à rien quand l’application ne suit pas !
Le but de la règlementation des triporteurs est justement d’assurer une traçabilité de ces engins qui sont souvent impliqués dans de graves accidents de la route.
La mort d’un jeune tangérois cet été dans un accident de triporteur a suscité la colère et l’indignation de l’opinion du public, qui déplore le non-respect de la loi par les conducteurs de ces engins, mais aussi le laisser-faire des autorités qui peinent à structurer ce secteur.
Une activité qui rapporte
Distribués au début par l’INDH, aujourd’hui les triporteurs sont importés en pièces détachées et assemblées au Maroc, pour être ensuite vendus entre 10 000 et 22 000 dirhams. On peut même les trouver à des prix moins chers sur le site de vente Avito.
Leur demande a augmenté sur le marché national et pour cause, ils sont aujourd’hui utilisés dans tous les domaines et s’adaptent à toutes les occasions.
En été, ils font le plein devant les plages, durant l’Aid ils transportent les moutons, ils font office taxi dans les zones faiblement ou pas desservies par les moyens de transport public, et la liste est longue. Cependant, ils sont rarement marchand ambulant, l’activité principale pour laquelle ces engins ont à la base été destinés.
Même si, rappelons-le, la nouvelle version du code de la route interdit formellement aux propriétaires de triporteurs de transporter des personnes, cette pratique est encore en vigueur dans certaines zones, encore une fois dans l’indifférence totale des lois !
A Loudni