Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo à Bruxelles le 13 mai 2019 © AFP JOHN THYS
Les Européens se sont dits inquiets lundi du regain de tensions entre Washington et Téhéran et vont signifier au secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo leur préoccupation face au risque d’un conflit « par accident » dans le Golfe.
Le chef de la diplomatie américaine s’est invité à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne à Bruxelles pour discuter de « questions urgentes », et notamment de l’Iran. Washington a accusé Téhéran de préparer des attaques « imminentes » contre des intérêts américains au Moyen-Orient.
Plusieurs navires ont été la cible de mystérieux « actes de sabotage » au large des Emirats, selon Ryad et Abou Dhabi, suscitant une montée des tensions dans le Golfe.
Dans ce contexte, les entretiens du responsable américain s’annoncent difficiles. Le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt l’a dit sans ambages. « Nous sommes très inquiets du risque qu’un conflit se produise par accident en raison de l’escalade des tensions », a-t-il déclaré.
– « Eviter l’escalade » –
« La position américaine d’augmenter les pressions et les sanctions ne nous convient pas », a renchéri son homologue français Jean-Yves Le Drian.
« Nous avons grand besoin de parler de l’Iran », a abondé le ministre allemand Heiko Maas.
La rencontre avec Mike Pompeo a été organisée dans la précipitation, a reconnu Federica Mogherini. « Nous avons de très sérieuses divergences et différences, et nous pensons que le dialogue est le meilleur moyen de les aborder et d’éviter l’escalade », a plaidé la cheffe de la diplomatie européenne.
La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne sont les trois signataires européens avec la Russie, la Chine et les Etats-Unis de l’accord conclu en 2015 avec l’Iran sur son programme nucléaire.
Les Européens veulent conserver cet accord qui est menacé depuis le retrait des Etats-Unis et la décision de Donald Trump d’infliger des sanctions à l’Iran dont les Européens sont également victimes, car leurs entreprises et leurs banques ne peuvent plus opérer en Iran sous peine d’être sanctionnées.
« En Europe, nous considérons que cet accord est nécessaire à notre sécurité. Personne ne veut voir l’Iran posséder l’arme nucléaire », a expliqué Heiko Maas.
Mais les Européens n’ont pas apprécié les menaces du président Hassan Rohani. « Les déclarations faites par l’Iran sur leurs engagements sont très préoccupantes et l’ultimatum n’est pas convenable », a averti Jean-Yves Le Drian.
Téhéran a annoncé la semaine dernière la suspension de certains de ses engagements au titre de l’accord et a mis en demeure les Européens de sortir d’ici deux mois les secteurs pétrolier et bancaire iraniens de leur isolement provoqué par les sanctions américaines, faute de quoi la République islamique renoncera à d’autres restrictions imposées à son programme nucléaire.
– Besoin de calme –
« Nous allons voir ensemble comment agir pour maintenir l’accord et faire en sorte que l’Iran reste dans l’accord », a annoncé le ministre français. « Il est important que l’UE reste unie », a-t-il insisté.
Mais les mouvements militaires américains dans la région préoccupent. Washington accuse Téhéran de planifier des attaques « imminentes » et a décidé d’envoyer un navire de guerre et une batterie de missiles Patriot dans le Golfe où sont déjà présents un porte-avions et des bombardiers B-52.
« Je pense que ce dont nous avons besoin, c’est d’une période de calme, pour nous assurer que tout le monde comprend ce que pense l’autre partie », a fait valoir Jeremy Hunt.
« Nous devons veiller à ne pas remettre l’Iran sur le chemin de la nucléarisation. Car si l’Iran devient une puissance nucléaire, ses voisins voudront probablement devenir des puissances nucléaires », a expliqué le ministre britannique.
« C’est la région la plus instable du monde et ce serait un pas énorme dans la mauvaise direction », a-t-il averti.
LNT avec AFP