Des soldats des forces irakiennes à bord d'un char avancent vers la localité de Shaqat, au sud-ouest de Hawija, le 20 septembre 2017 © AFP AHMAD AL-RUBAYE
Les forces irakiennes ont lancé jeudi à l’aube une offensive sur Hawija, deuxième et dernier bastion dans le pays du groupe extrémiste Etat islamique (EI), désormais acculé dans tous ses fiefs en Irak et en Syrie.
La région de Hawija (230 km au nord-est de Bagdad), peuplée dans son écrasante majorité d’Arabes sunnites, avait été la première avec celle de Mossoul (nord) à tomber aux mains de l’EI en juin 2014.
« A l’aube d’une nouvelle journée, nous annonçons le lancement de la première étape de la libération de Hawija, conformément à notre engagement envers notre peuple à libérer l’ensemble du territoire irakien et de le purger des gangs terroristes de +Daech+ (acronyme en arabe de l’EI) », a annoncé dans un communiqué le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi.
Il a salué les forces de sécurité « qui livrent plusieurs batailles de libération en même temps et qui remportent victoire après victoire ». « Celle-ci en sera une autre, avec l’aide de Dieu », a ajouté M. Abadi.
En matinée, de violents bombardements à l’artillerie étaient entendus et l’armée se dirigeait vers la localité de Sharqat, au sud-ouest de Hawija, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Après une bataille particulièrement meurtrière de neuf mois, les forces irakiennes, appuyées par les avions de la coalition internationale antijihadistes, ont réussi à chasser l’EI de leur principal fief de Mossoul le 10 juillet, après avoir pris aux jihadistes Tikrit (mars 2015), Ramadi (février 2016) et Fallouja (juin 2016).
Le 19 septembre, elles ont lancé une offensive dans la vaste province occidentale d’Al-Anbar. L’objectif est de reprendre Anna, puis Rawa et enfin Qaïm, dernière localité avant la frontière et la province syrienne de Deir Ezzor.
– Raqa ‘touche à sa fin’ –
Le gouvernement fédéral à Bagdad et la région autonome du Kurdistan irakien se disputent depuis des années la province pétrolière de Kirkouk, où se trouve Hawija.
La bataille pour la reconquête de cette ville de plus de 70.000 habitants intervient à l’approche du référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien, auquel la province de Kirkouk a décidé de participer, contre l’avis de Bagdad qui juge ce vote contraire à la Constitution irakienne.
La région de Hawija avait été surnommée par les forces américaines, qui ont envahi le pays en 2003, le « Kandahar d’Irak », en allusion aux talibans en Afghanistan, en raison du nombre d’attentats contre leurs soldats.
Elle a également été un bastion antigouvernemental et, en avril 2013, les autorités avaient abattu des dizaines de manifestants sunnites.
En Syrie, le groupe EI est également en grande difficulté dans sa « capitale » Raqa (nord), où elle est assiégée depuis près de trois mois par une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par Washington.
Mercredi, les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants arabes et kurdes soutenue par Washington, ont affirmé être « dans les dernières étapes de la campagne +Colère de l’Euphrate+ », du nom de la bataille de Raqa. Celle-ci « touche à sa fin », ont-elles estimé.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), l’EI ne contrôle plus que 10% de cette ville.
L’organisation jihadiste est également confrontée à une offensive distincte des forces arabo-kurdes dans la province de Deir Ezzor (est) frontalière de l’Irak, où le régime de Damas est également engagé.
Outre ces bastions, l’EI contrôle encore quelques poches dans le centre de la Syrie, notamment dans la province de Hama ou dans le désert de Homs, théâtres d’offensives du régime.
Les jihadistes sont également présents, en nombre restreint, dans le camp palestinien de Yarmouk, un quartier de la périphérie sud de Damas, tandis qu’un groupuscule ayant fait allégeance à l’EI se maintient dans le sud du pays.
LNT avec AFP