En marge des « Morocco Market Days », tenus à Londres la semaine dernière, les sociétés cotées de la Bourse de Casablanca ont eu des « B to B» avec différents investisseurs en portefeuille de plusieurs nationalités qui se concentrent à la City. Les émetteurs marocains, représentés au plus haut niveau de leur management, ont été nombreux à cette manifestation, comme les banques cotées, Wafa Assurance, Taqa, Disway, Cosumar et les immobilières, à l’image du Groupe Addoha pour citer quelques blue chips.
Chacune de ces sociétés a eu à rencontrer quotidiennement entre 10 et 20 investisseurs, choisis et invités par le London Stock Exchange, Mais, il faut reconnaître que certaines valeurs du marché financier marocain ont eu plus de succès que d’autres, eu égard à leur meilleure liquidité. Et pour cause, le manque de liquidité de la Bourse de Casablanca constitue l’un de ses principaux handicaps, au point que certaines valeurs qui ont un très bon rendement de dividende, créent des frustrations chez les investisseurs parce qu’elles sont introuvables.
C’est ce qui explique que l’intérêt des investisseurs étrangers pour les sociétés cotées au Maroc soit très sérieusement minimisé par l’illiquidité du marché alors même que sur le plan macro-économique, du point de vue du risque et de la stabilité du pays, le Maroc les attire réellement.
Mais, avec un flottant de plus de 35%, Addoha figure parmi les valeurs les plus liquides et est donc de ce fait très demandée par les investisseurs internationaux.
Pour illustrer cet événement, M. Anas Berrada, Directeur général de Addoha, a bien voulu revenir pour nous sur les bonnes performances en 2016 du groupe immobilier que préside M. Anas Sefrioui, démontrant ainsi que le marché financier est doté de valeurs attractives et liquides …
Afifa Dassouli
Entretien avec M. Anas Berrada, DG de Addoha
La Nouvelle Tribune :
M. Berrada, en tant que Directeur Général du Groupe Addoha, vous avez fait partie des sociétés cotées invitées aux Morocco Capital Days à Londres, la semaine dernière. Pouvez-vous nous en retracer l’intérêt ?
M. Anas Berrada :
Ces rencontres avec les investisseurs étrangers sont nécessaires à la connaissance du marché financier marocain et permettent d’améliorer de manière générale l’image du Maroc à l’international.
Il faut savoir qu’elles sont organisées plus souvent qu’on ne le croit. Outre cet événement de la bourse, il y a celui, devenu annuel, de CFG et ceux des Banques d’affaires internationales EFG Hermes à Dubai et Londres ou encore JP Morgan à New York. Tous ces événements nous permettent d’avoir accés sur 2 à 3 jours aux principaux investisseurs financiers internationaux qui s’interessent aux marchés émergents et au marché marocain en particulier et à ces valeurs phares.
Addoha est invité régulièrement à ce type d’événements où nous sommes fortement sollicités à l’image de celui organisé la semaine dernière par la Bourse de Casablanca et le London Stock Exchange
M. Berrada, pouvez-vous revenir sur les performances de 2016, en explicitant pour nos lecteurs les contours du périmètre de consolidation de vos différentes sociétés ?
Le périmètre de consolidation du Groupe Addoha est constitué principalement de sociétés dont l’objet est le développement de projets immobiliers et qui portent chacune d’elles un ou plusieurs projets immobiliers. – Douja Promotion Groupe Addoha est la société Mère ; elle réalise elle-même des projets en direct à travers son importante réserve foncière dans plus de 20 villes au Maroc et ce à la fois dans le logement social, le moyen standing et le Haut Standing.
Parmi les filiales figurant dans le périmètre de consolidation, il y a celles issus des partenariats avec des investisseurs institutionnels tels que immolog avec le Groupe CDG, Foncière Iskane avec l’ALEM et Mabani Zellidja avec la SOMED. Bien que détenus à 50% par Douja Promotion, les filiales Immolog et Foncière Iskane sont consolidés globalement car les projets portés par ces filiales sont gérés au niveau opérationnel par Douja Promotion et sont commercialisés sous la marque ADDOHA
Ainsi, la contribution plus ou moins importante de ces filiales au chiffres d’affaires consolidé du Groupe peut avoir un impact sur le RNPG. Cette contribution au Chiffre d’Affaires global du Groupe diffère chaque année en fonction du volume de déstockage de ces filiales.
La répartition du chiffre d’affaires de 2016 entre la société mère et ses filiales est la suivante. Pour un total de 7,4 milliards de dirhams, la société mère a réalisé un chiffre d’affaires de 4,475 milliards de dirhams contre 1,290 MMDHS par ses filiales majoritaires et 1,35 MMDHs par les filiales détenues à 100%
La part des minoritaires dans le Compte Résultat traduit l’importance de la contribution des filiales Immolog et Foncière Iskane dans le résultat consolidé.
Compte tenu du fait que vos ventes sont essentiellement concentrées sur le déstockage, qu’en est-il de la production réelle d’Addoha en 2016 ?
Notre production de 2016 a porté sur près de 13 000 unités issues des préventes antérieures. Pour rappel, la production dans le cadre du Plan Génération Cash n’est lancée qu’à partir du moment où nous atteignons 70% de taux de commercialisation.
Par ailleurs, notre PGC a pour autre objectif majeur d’écouler les stocks de produits finis afin de réduire le BFR global.
Prés de 12 000 unités de stock de produits finis ont été commercialisées ces 2 dernières années et ont contribué directement au chiffre d’affaires global, ce qui a permis au Groupe d’atteindre ses objectifs en termes de chiffre d’affaires tout en limitant le volume global de production.
Comment se départage votre activité entre l’économique, le moyen standing et le haut standing ?
En 2016, 60% de notre CA en valeur sont issus de la Business Unit « économique et moyen standing » et 40% de la BU Haut standing.
Cette répartition traduit la diversification du Groupe opérée dés 2008 vers le Haut Standing sous la marque Prestigia avec un positionnement orienté sur l’habitat principal.
Le logement social représente près de 60% de notre CA ; il continue à être un marché fort, basé sur un déficit structurel de plus de 500 000 logements. Notre Groupe continue d’investir fortement ce segment qui constitue son cœur de métier. Face à une demande plus exigeante, le groupe Addoha maintient son leadership sur ce segment grâce à la localisation stratégique de ces programmes, à l’amélioration continue de la qualité des produits et à la force de sa marque.
Il faut savoir que Addoha a récolté pas moins de 20 milliards de dirhams de cash depuis début 2015 sur ces différents segments d’activité et ce, sans la moindre dation aux banques, ce qui démontre que le secteur de l’immobilier est toujours dans une dynamique positive.
En effet, toute la source de ce cash est bien issue des ventes et des livraisons aux clients finaux (personnes physiques) opérés par le Groupe Addoha.
L’avancement du plan Génération Cash s’est traduit par une amélioration du BFR de 8,4% par rapport à fin 2015, du fait de la réduction des stocks de produits finis de 771 MDH, de la faible enveloppe dédiée à l’acquisition du foncier, estimée à 160 MDh, du repli des créances clients de 89 MDH, mais surtout de l’allègement de la dette nette qui recule de 17,7%, à 6 173,7 MMDH. Pouvez-vous nous expliquer comment Addoha a pu réaliser un tel effort de désendettement de 1,327 milliard de dirhams ? Quels en sont les impacts sur la santé financière de la société immobilière Addoha ?
En effet, nous avons réalisé depuis début 2015 un effort de désendettement de 3,2 MMDHS pour une dette globale nette de 6 MMDHS.
Cette dette totalisait plus de 9,2 MMDHS au moment du lancement de PGC.
Comme je viens de le dire, grâce au PGC, et la rigueur imposée par le top management dans son exécution, Addoha a réussi à réorienter son activité vers un business model générant un cash flow d’exploitation largement positif, supérieur à 2,5 millards de dirhams par an, ce qui a permis d’atteindre les objectifs en matière de désendettement et de placer Addoha parmi les entreprises modèles dans le secteur.
Ce cash flow a été utilisé en 2015 et 2016 pour se désendetter et a permis également au Groupe de verser à ses actionnaires un meilleur dividende pour faire d’Addoha une valeur de rendement.
Le ratio de dettes nettes sur fonds propres est aujourd’hui inférieur à 50% et les dettes sur capitaux permanents ne dépassent pas 32%.
Nous avons ainsi réalisé l’objectif de doter le groupe Addoha de fondamentaux très solides qui sont les meilleurs du secteur immobilier marocain et conformes aux pratiques internationales. C’est un acquis de taille !
Précisons que 2016 est la deuxième année du PGC, lequel se termine en 2017. Il nous reste à continuer notre désendettement, soit 1,2 milliard de dirhams supplémentaires pour atteindre les 4,8 MMDHS d’objectif final à fin 2017.
Cette restructuration de la dette de notre groupe a aussi porté sur l’adossement de la dette sur notre cycle d’exploitation, privilégiant ainsi le rallongement de la duration de nos dettes.
On a en effet remboursé l’essentiel de nos émissions de billets de trésorerie, et levé en 2014 un emprunt obligataire sur 8 ans, amortissable annuellement.
On a aussi structuré des financements projets avec un endettement approprié qui leur est adossé, de telle sorte que la dette soit remboursée automatiquement avec les livraisons.
A fin 2017, nous prévoyons, dans le cadre du lancement d’un nouveau plan stratégique, de maintenir les acquis du PGC en matière de business model générant du cash flow positif.
Ainsi et compte tenu du niveau de dette qui sera atteint à fin 2017, ce cash flow sera plus orienté vers le développement de nouveaux métiers stratégiques que sont le moyen standing sous la marque Coralia et le logement social et moyen standing en Afrique de l’Ouest.
Vos marges d’exploitation se sont améliorées de respectivement 26% dans l’économique et le moyen standing et 36% le haut standing. Ce sont là des taux exceptionnels dans un marché en crise, quel est votre secret ?
Nos marges se sont effectivement améliorées en 2016 grâce aux fruits du PGC. Elles ont profité principalement de la baisse du coût de financement, sachant que les charges financières du groupe ont baissé de 600 MDH à 450 MDH en 2016, se réduisant de 22%.
Sur le plan boursier quels ont été vos arguments face aux investisseurs étrangers que vous avez rencontrés à Londres?
Le Conseil d’Administration projette une distribution de dividendes de 2,4 dirhams par action, soit 800 MDH. Nous avons distribué autour de 2 milliards de dirhams depuis le début du PGC, soit un rendement du dividende ou D/Y de 5,2%, ce qui représente l’un des meilleurs du marché.
De ce fait, le marché boursier a salué les performances de Addoha en 2016 à travers une augmentation significative du cours de notre valeur en bourse de 85 %.
Cette progression, bien que continue sur l’année, a été plus forte à la fin de 2016e. Et depuis le début de l’année 2017, la performance boursière de Addoha continue à être positive avec une performance de près de 10%.
La valeur Addoha est une des valeurs les plus liquides du marché et c’est pour cette raison qu’elle est très prisée par les investisseurs étrangers dans des volumes très importants.
C’est une réelle force pour la société cotée.
Entretien réalisé par Afifa Dassouli