Mme Jihane Lahbabi-Berrada
Jihane Lahbabi-Berrada est une passionnée, empathique à souhait, son parcours de vie reflète un engagement continu vers l’autre, une main tendue toujours dans l’action. De Paris à la Silicon Valley, elle déploie son énergie au service de nobles causes, convaincue que chacun a un potentiel à exploiter. Elle nous révèle dans cet entretien, sa trajectoire singulière et inspirante.
La Nouvelle Tribune : Mme Jihane Lahbabi-Berrada, nous vous remercions d’avoir accepté de participer à ce numéro spécial dédié au 8 mars. Dans un premier temps pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Jihane Lahbabi-Berrada : Je suis Jihane, maman avant tout et depuis quelques mois, entrepreneure. J’ai grandi au Maroc puis j’ai été en France pour poursuivre mes études supérieures où j’ai étudié les sciences politiques et l’économie à Sciences Po Paris. À l’époque je souhaitais devenir enseignante. Pour la petite anecdote, mes parents m’avaient conseillée d’aller voir mes professeurs préférés et de leur demander s’ils avaient choisi leur métier par défaut ou par par passion. J’étais convaincue qu’ils exerçaient ce métier par passion, et j’ai été surprise d’apprendre que beaucoup aurait préféré enseigner à l’université plutôt qu’au lycée. Je ne comprenais pas comment une personne qui avait pour rôle de nous guider et nous instruire, surtout à l’âge crucial de l’orientation, choisirait ce noble métier par défaut. Pour moi, cela ne pouvait être qu’un métier exercé avec pure conviction. Je me suis donc laissé convaincre et je suis allée à Sciences Po parce que j’avais envie de comprendre le monde. J’ai adoré mes études parce que cela m’a apporté exactement ce que je cherchais, cette ouverture au monde, ce décryptage de l’actualité, cette rencontre avec d’autres cultures.
A Sciences Po, je me suis beaucoup engagée dans les programmes d’égalité des chances. Parce que grandir au Maroc, voir autant d’inégalités au quotidien m’a toujours marqué. Donc plus tard, à Sciences Po, quand cette grande école a mis en place un programme dans des zones d’éducation prioritaires, j’ai tout de suite été attirée par cette initiative. Il faut savoir qu’en France et dans beaucoup de pays dits développés, le système éducatif est basé sur la carte scolaire, donc en fonction de votre code postal, votre code social est défini. Les meilleurs professeurs vont dans les meilleures écoles et les nouveaux enseignants, moins expérimentés, se retrouvent souvent dans les ZEP, les zones d’éducation prioritaires. Sciences Po était la première grande école en France qui avait décidé d’accueillir des étudiants de ces quartiers défavorisés. Le but était de diversifier les sources de talents, de révéler le potentiel de ces étudiants à travers des outils plus adaptés à la diversité, l’équité et l’inclusion. Je faisais partie d’un groupe d’étudiants qui contribuait à définir les éléments du programme avec les enseignants et le corps administratif, et j’ai pu accompagner plusieurs jeunes lycéens issus de ZEP. Je me suis retrouvée face à des gens qui s’autocensuraient, qui ne croyaient pas en leurs capacités. Même si ces jeunes ont de bonnes notes, on leur rappelle sans cesse qu’ils sont fils d’ouvriers et que c’est le destin qui leur conviendrait le mieux. Ce programme m’a ouvert les yeux sur le poids du déterminisme et m’a donné envie de contribuer à relancer l’ascenseur social.
J’ai adoré me sentir utile, je me disais que je ne pouvais peut-être pas changer le monde, mais que je pouvais aider à changer la vie de quelqu’un. J’ai eu la chance de coacher beaucoup d’étudiants aux parcours très divers, je les ai préparés au concours d’entrée à Sciences Po, qu’ils ont d’ailleurs brillamment réussi, ensuite je les ai aidés à s’intégrer avec le reste des étudiants, un challenge qui ne s’est pas avéré facile. Cette belle aventure a duré deux ans. Ensuite, pour ma troisième et dernière année de licence, je suis allée en Angleterre à Warwick University où j’ai découvert l’entreprenariat social. L’Angleterre est un pays très avancé en termes d’entrepreneuriat et d’innovation sociale avec de nombreux financements publics, privés et hybrides pour appuyer ces initiatives. C’est ce que j’ai étudié à Warwick. Puis je suis retournée à Sciences Po Paris où j’ai étudié en master la finance et la stratégie. D’ailleurs, personne n’a compris mon choix à l’époque, mais je me suis dit que je si devais m’embarquer dans l’entreprenariat social, dans l’investissement à impact, il fallait que je comprenne comment cela fonctionne et ce n’est pas parce que le secteur associatif est à but non lucratif qu’il ne doit pas être bien géré, au contraire, le manque de ressources force à une excellente gestion. Enfin, il me semblait crucial de trouver des modèles économiques alternatifs pour passer à la mise à l’échelle de ces innovations sociales. Par exemple, aujourd’hui, le secteur de l’économie sociale et solidaire représente jusqu’à 13% du PIB de certains pays, et c’est énorme !
Parallèlement, je suis rentrée au Maroc où j’ai travaillé avec INJAZ Al-Maghrib, qui a été une expérience très enrichissante. J’étais au contact des jeunes et on pouvait vraiment voir une transformation de ces talents entre le début et la fin du programme. C’est ce qui me motive, de sentir l’impact positif et durable que l’on peut avoir sur quelqu’un.
J’ai terminé mes études en finance qui me permettent aujourd’hui de pouvoir utiliser le bon langage quand je m’adresse à des investisseurs, puis je suis allée à New York où j’ai travaillé à la Fondation Clinton. Là-bas, j’étais la seule étrangère, africaine, dans un groupe de 80 «fellows». Avec la crise économique aux États-Unis, la fondation avait développé des programmes nationaux d’investissement à impact social, dans des villes comme Detroit, et le sud du pays, qui avaient été complètement anéantis par la crise. On travaillait avec de grandes banques, comme Goldman Sachs, des Départements d’État chargés de l’éducation, de la réinsertion carcérale, et des prestataires de services, pour mettre en place des “social impact bonds” ou obligations à impact social.
Par exemple, on sait que le taux de récidive reste élevé chez les personnes sorties de prison. Notre objectif à la fondation Clinton était de redonner une chance à ces personnes et de baisser le taux de récidive de minimum 20%. Si on atteignait ces résultats-là, on avait un retour sur impact et un retour financier qui nous permettait de développer davantage de programmes. J’ai adoré ce type de mécanismes, et la raison pour laquelle j’étais la seule étrangère dans ce programme américain, c’est parce que j’avais étudié la finance (sic !). J’ai ensuite rejoint le Groupe SOS à San Francisco, qui est l’une des plus grosses entreprises sociales en France, avec plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel, plus de 600 structures, que ce soit des hôpitaux, des maisons de retraites, ou encore des entreprises d’insertion par l’activité économique.
Votre expérience avec Groupe SOS a été déterminante dans votre riche parcours, comment l’expliquez-vous ?
Effectivement, j’ai tellement aimé ce qu’ils faisaient que j’ai décidé de développer Groupe SOS aux États-Unis en partant de zéro. Nous avons mis en place des partenariats avec des associations locales, on a levé des fonds auprès de géants de la tech tels que Google et 3M. On a eu la chance de mettre en place beaucoup de programmes en peu de temps. Nous étions centrés sur l’insertion par l’activité économique par l’emploi ou l’entreprenariat.
C’est vraiment ce qui me plaisait le plus, parce qu’après avoir fini Sciences Po, je suis partie m’installer aux États-Unis avec mon mari et je n’avais pas encore mon autorisation de travail. À chaque rencontre, on me demandait ce que je faisais dans la vie. Ce manque d’identité par l’absence d’un travail m’a beaucoup frustrée, j’avais perdu confiance en moi. Puis, quand j’ai eu mon autorisation de travail, j’ai repris mon engagement avec le Groupe SOS et je me suis dit que si je pouvais éviter ce que j’ai vécu à quelqu’un, je mettrai tout en œuvre pour y arriver. Donc nous avons mis en place des entreprises d’insertion aux États-Unis, et aidions des personnes qui (ré)intégraient le marché du travail, à s’en sortir. Une entreprise d’insertion peut être dans n’importe quel domaine : la construction, les médias, la restauration, ou encore l’événementiel. Pendant deux ans, le Groupe SOS les forme sur le tas, en engageant des experts dans leur domaine pour les former, qui ont cette envie de renvoyer l’ascenseur. Pendant cette formation de deux ans, les apprenants sont rémunérés pour leur travail, puis ils sont réintégrés dans le marché de l’emploi. La chose la plus intéressante et qui a été un fil conducteur de ma carrière, c’est de ne pas considérer ces actions comme de la charité, mais au contraire, de déceler le talent inexploité de chacun et l’aider à en vivre.
Les vétérans, par exemple, avaient beaucoup travaillé avec les drones militaires, et le champs d’application des drones civils aux États-Unis devenait incroyable, dans l’agriculture, la météo, la construction, ou encore les énergies renouvelables. Avec le Groupe SOS on accompagnait des vétérans de retour à la vie civile qui avaient ces compétences très techniques pour les appliquer à l’économie de marché. Pour les personnes réfugiées par exemple, on mettait en valeur leurs compétences linguistiques ou culinaires pour les reconvertir dans les métiers de l’enseignement des langues, de la traduction et de l’interprétariat ou de l’art culinaire. Le but était de réussir à convaincre les entreprises de ne pas regarder ces interventions comme de la charité, mais plutôt de voir en ces profils leur réel potentiel et savoir-faire et leur valeur ajoutée singulière. Et le gros challenge au niveau du Groupe SOS était de créer des entreprises rentables, pour pouvoir réinvestir dans d’autres entreprises sociales. J’ai travaillé avec le groupe pendant quatre ans puis on a voulu rentrer au Maroc, parce qu’il me paraissait difficile de continuer à aider des personnes dans d’autres pays que celui où j’avais grandi. Je me rappelais toutes ces personnes que j’avais croisées dans ma jeunesse et qui dans un autre contexte aurait pu être brillantes.
Comment a démarré votre aventure à la Fondation Marocaine de l’Éducation pour l’Emploi (EFE-Maroc)?
Je voulais continuer à travailler dans l’insertion par l’activité économique mais je ne connaissais pas encore grand-chose du marché marocain. J’ai eu la chance de recroiser Brahim Slaoui lors de l’un de mes voyages au Maroc, qui a été l’un de mes mentors dans ma carrière. C’est lui qui m’avait suggérée d’être bénévole à INJAZ, et il était à l’époque le Président d’EFE-Maroc. C’est grâce à lui que j’ai découvert cette magnifique fondation.
J’ai été recrutée en tant que Directrice de la Communication et Partenariats et quelques mois plus tard j’ai repris la direction générale de la Fondation. C’était l’une des meilleures expériences professionnelle de ma carrière. EFE avait un programme qui était financé par l’Agence Américaine de Développement, qui finançait des centres de carrière au sein d’universités et de centres de formations professionnelles, et mon principal défi était de passer de cet énorme financement étranger en phase de se conclure à un portefeuille de projets et revenus plus locaux et diversifiés.
Quelles ont été vos plus belles réalisations à l’EFE ?
Quand j’ai intégré EFE en 2017, nous étions à 17 000 bénéficiaires 11 ans après la création de la Fondation, ce qui était déjà énorme. Lorsque j’ai quitté mon poste en 2021, nous étions à 60 000 bénéficiaires, tout en gardant une performance et une inclusion genre et sociale inchangées. Nous accompagnions 50% de bénéficiaires femmes, maintenions un taux de réussite des programmes de 90%, un taux d’insertion sur six mois de 86%, et un taux de rétention en emploi 89%. C’était un énorme accomplissement pour toute l’équipe. À titre personnel, c’est gratifiant de me dire que j’ai participé à la mise à l’échelle de la Fondation à un niveau national.
Par ailleurs, en plein COVID, EFE a été reconnue d’utilité publique et cela nous a permis de renforcer des partenariats avec des institutions comme l’ANAPEC, les ministères de l’éducation et de l’emploi et l’OFPPT. D’ailleurs, aujourd’hui, les programmes d’EFE sont intégrés auprès de ces partenaires institutionnels.
Je suis aussi très fière que l’on soit passé d’un financement quasi exclusivement étranger à plus de 80% de financement local, grâce à des fondations d’entreprises, comme celle de l’OCP, de la CDG, de DELL, ainsi que des partenaires institutionnels tels que le MCA et l’INDH. Cela nous a permis de mettre en place de gros programmes structurants, on a pu enfin se projeter sur le long terme. Plus nous formions de personnes, plus ces institutions nous aidaient financièrement à en former d’avantage.
On a aussi su s’adapter à la crise COVID, les jeunes avaient déjà beaucoup de mal à trouver du travail, alors avec la crise on a senti qu’il fallait réellement faire quelque chose pour les aider à s’en sortir par eux-mêmes. On a mis en place de nouvelles passerelles vers l’auto-emploi vu qu’il y avait une envie générationnelle de se lancer dans l’entreprenariat, et la crise a été l’élément déclencheur chez beaucoup de jeunes. Surtout dans le domaine du digital, beaucoup de jeunes voulaient se former pour devenir leur propre ‘web-marketeur’, ‘community manager’, ‘codeur’ etc. Nos programmes les formaient sur l’aspect technique mais aussi sur comment devenir un entrepreneur, comment se lancer, comment bâtir et maintenir une bonne réputation professionnelle, comment maintenir un portefeuille clients, etc. Nous avons aussi lancé des programmes de reconversion professionnelle des secteurs qui étaient très impactés par la crise, comme le tourisme, vers des secteurs qui ont pu bénéficier de la crise, parce que les modes de consommations et de vie ont changé, comme le digital, la distribution et l’offshoring. Pour moi, c’était génial de voir qu’une crise pouvait aussi être un tremplin pour de nombreux jeunes talents inexploités. EFE a été une très belle aventure.
Vous avez depuis fondé votre propre structure, pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai en effet créé ma structure il y a quelques mois, Opportuneety. J’accompagne des structures publiques, privées et de la société civile à concevoir, financer et mettre en œuvre des passerelles permettant aux jeunes qui ne sont pas ou plus scolarisés, employés ou en formation (les NEETs – Not in Education, Employment or Training) de (ré)intégrer le marché du travail en valorisant leur potentiel inexploité. J’avais très envie de retoucher aux choses, de ne plus être seulement dans un rôle de gestion. J’ai voulu créer quelque chose où j’intervenais au niveau stratégique, en lien avec mes partenaires avec qui je travaille main dans la main. J’ai beaucoup de chance parce que mes partenaires me font confiance pour sortir des sentiers battus. Et j’adore concevoir et imaginer de nouvelles solutions avec eux. Je travaille avec des partenaires qui sont différents, ce sont des structures publiques, des agences gouvernementales, des fondations, des associations et des entreprises à impact qui doivent en permanence innover et encore plus avec l’impact de la crise sur le marché du travail. Je travaille sur des projets aux États-Unis, dans la région MENA et en Europe, ce qui me permet de comparer divers dispositifs et de proposer des solutions innovantes. Les marchés du travail sont très différents tout en se ressemblant beaucoup ; la pandémie a remis les cartes sur la table, les gens ne sont plus intéressés seulement par un salaire, ils veulent un meilleur environnement de travail et être épanouis professionellement. Donc, aujourd’hui, on ne forme plus que les futurs employés, mais même les patrons et directeurs de structures, pour les aider à faire évoluer leur culture d’entreprise. Les tendances liées au ‘Future of Work’, au futur du marché de l’emploi, ont été accélérées avec la crise et son impact sur le marché du travail, les secteurs en croissance, les métiers en forte demande, et les compétences les plus recherchées. Tous les secteurs sont en train de se réinventer, de l’automobile au tourisme en passant par la santé, l’éducation, ou encore la grande distribution. Ce qui me plait le plus, c’est de voir ces changements comme des opportunités pour aller plus vite dans la façon de préparer les jeunes générations, et en particulier les jeunes aux opportunités limitées, à se préparer aux métiers de demain. D’ailleurs, de plus en plus d’entreprises ne s’intéressent plus au diplôme, elles ont avant tout besoin de personnes prètes à travailler, à apprendre, et à se réinventer en permanence. Donc, on travaille avec beaucoup d’acteurs du marché du travail, vu que la mise en place de programmes à impact nécessite l’intervention de beaucoup de parties prenantes, il faut rallier tous ceux qui apportent une contribution à ces solutions. Il faut constamment réinventer des modèles économiques, des modèles de formation, pour créer la main d’œuvre de demain, de la valeur ajoutée et de l’emploi.
Quels ont été vos challenges face à la création de votre propre organisation ?
Alors les challenges, il y en a vraiment eu beaucoup ! Mais, je dirai que la paperasse administrative pour la mise en place de ma structure a été le plus dur, et m’a presque dissuadée, pourtant j’ai créé mon entreprise dans la Silicon Valley ! Ça m’a pris 6 mois pour boucler mon dossier, j’avais envie de travailler et pas de perdre mon temps dans ces procédures bureaucratiques. D’ailleurs cela m’a poussé à mieux penser l’accompagnement des entrepreneurs dans nos programmes, et à ne pas sous-estimer cette partie de l’accompagnement à la création d’entreprise.
Est-ce que c’est important pour vous de garder des clients au Maroc ?
Oui complètement, d’ailleurs pas seulement au Maroc mais aussi dans la région MENA. Quitter sa patrie n’est jamais facile surtout quand on espère pouvoir contribuer humblement à son développement à travers son travail, alors garder un lien fort avec le Maroc au niveau professionnel est très cher à mes yeux.
Finalement, quelle place garde le Maroc dans votre parcours ?
Je ne me vois pas réinstallée au Maroc pour le moment, mais c’est très important pour moi de garder des projets au Maroc, et le COVID a permis aux entreprises d’accélérer leur digitalisation, d’accepter d’organiser des rencontres par visioconférences, de signer des contrats par signature électronique… ce sont des choses qui n’étaient pas envisageable il y a encore quelques années. Cette crise sanitaire nous a fait gagner plusieurs décennies en matière de progrès technologique, et sans cela je n’aurai jamais pu garder mes collaborateurs et partenaires marocains.
C’est aussi très important de continuer à étudier et travailler dans des marchés différents, ce qui peut aussi nourrir les stratégies et programmes que je conçois. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’innovation partout, le marché est saturé de bonnes idées et les crises, quelles qu’elles soient, forcent les acteurs à innover, se restructurer et se réinventer.
Et c’est pour cela que c’est très important pour moi de travailler sur plusieurs marchés et de continuer à développer cette agilité, de voir ce qui se passe de l’autre côté, de découvrir des modèles alternatifs tout aussi valables et intéressants.
Grandir au Maroc m’a appris à m’adapter, à voir grand tout en gardant les pieds sur terre, à adopter un regard critique sur les inégalités qui nous entourent et sur l’instabilité économique, sociale et politique qu’elles engendrent, et à m’ouvrir au reste du monde. Je suis fière de me présenter en tant que femme marocaine, parce que les américains ont encore beaucoup de clichés sur notre culture et notre religion, et je crois que changer le regard des gens à ce sujet est l’un des rôles des Marocains résidant à l’étranger.
Entretien réalisé par Yasmin Yata