« L’Afrique, le continent de demain ? » était le sujet d’un webinaire organisé mardi 15 juin par l’Institut CDG.
Le continent est appelé aujourd’hui à concilier ses propres trajectoires socio-économiques aux impératifs imposés par la compétitivité mondiale et par la concurrence rude et sans précédent exercée par l’ouverture croissante des économies et des marchés. Les différents Etats Africains sont tous amenés à apporter des réponses concrètes aux ambitions des peuples africains en termes de progrès des niveaux de vie et de stabilité politique et sociale.
Plusieurs questions ont été débattues durant cet événement, à savoir : Peut-on parler d’un modèle de croissance propre à l’Afrique, soutenable et inclusif ? La dynamique de croissance qu’a connue le continent depuis le début du millénaire s’est-elle traduite par la diversification des tissus productifs ?
Intervenant à cette occasion, Alioune Sall, Docteur en sociologie, spécialiste reconnu de la prospective en Afrique, a affirmé que le futur de l’Afrique ne sera pas fait que d’éléments du présent, parce qu’il y a dès aujourd’hui des germes de changement qui vont d’une certaine manière produire un infléchissement des tendances lourdes, y compris les plus affirmées. « Ces germes de changement vont contribuer d’une certaine manière à façonner le visage de l’Afrique de demain », explique-t-il. Pour lui, l’Afrique de demain sera un mixte de tendances lourdes actuelles et de germes de changement, auxquelles s’ajoutent un certain nombre d’invariants qui existent depuis des siècles et dont on a aucune raison de penser qu’ils vont disparaître du jour au lendemain.
« La physionomie de l’Afrique de demain dépendra du poids relatif des divers éléments constitutifs du système actuel. Le futur de l’Afrique ne dépendra pas de la seule évolution des variables interne au système Afrique, mais sera aussi le résultat de l’interaction de l’Afrique avec les acteurs non africains », souligne le spécialiste. Pour M. Sall, l’Afrique est au centre d’une grande compétition mondiale, entre grandes et moins grandes puissances, entre puissances déclinantes et puissances émergentes, c’est donc de la configuration de ces variables internes et externes que dépendra le futur de l’Afrique. Il précise néanmoins qu’il n’y a d’exceptionnalisme africain, et que son analyse de l’Afrique de demain peut se dire des autres continents.
« Mais ce qu’il faut ajouter, c’est que face à une myriade de configurations possibles et de scénarios, il n’y aura pas une réponse africaine mais des réponses africaines parce que le continent est hétérogène », affirme-t-il.
De son côté, Marrion Scappatcci, entrepreneure, fondatrice du studio de conseil, d’incubation et de production Hinterlands, dédié à la valorisation des champions africains sur la scène internationale, se dit confiante en la nouvelle génération surtout après la crise sanitaire actuelle.
« Les observatoires étaient très alarmistes quant au développement de la pandémie en Afrique mais on s’est vite rendu compte que certains pays avaient réagi très positivement en termes de procédure, de méthodologie, de réactivité, etc. », explique-t-elle. Pour Mme Scappatcci, la nouvelle génération est de plus en plus impliquée dans la chose publique, ce qui ne peut qu’être positif pour le développement de l’Afrique.
« Si nous souhaitons que l’Afrique compte demain, nous devons tout faire aujourd’hui pour changer la perception internationale sur cet immense continent, sa diversité, ses talents, ses nombreux potentiels dans les services, l’industrie, l’agriculture, la tech ou la culture », affirme Marion Scappaticci.
AL