Un survivant explore le 3 octobre 2018 les ruines laissées à Wani, sur l'île indonésienne de Sulawesi, par le séisme et le tsunami du 28 septembre © AFP JEWEL SAMAD
Le bilan du séisme suivi d’un tsunami sur l’île indonésienne des Célèbes a dépassé les 1.400 morts mercredi alors que les besoins sont « immenses » dans les zones sinistrées et que le temps presse pour dégager des survivants.
Le bilan s’élève à 1.411 morts, a affirmé M. Tohir, un porte-parole de l’armée. L’agence de gestion des catastrophes naturelle a précisé que 519 corps avaient déjà été enterrés.
Les autorités se sont fixé jusqu’à vendredi, soit une semaine après la catastrophe, pour retrouver d’éventuels survivants. Au-delà, les chances seront proches de zéro.
Quelque 1.600 personnes ont été évacuées par mer par un navire militaire indonésien qui a pu accoster, chargé d’aide humanitaire, dans la ville côtière de Palu.
Les secours se concentrent sur quelques sites autour de Palu, qui a été ravagée, et notamment à l’hôtel Roa-Roa où une soixantaine de personnes seraient toujours ensevelies sous les gravats. Les efforts se focalisent aussi sur un centre commercial, un restaurant ou encore le quartier de Balaroa, sinistrés.
Près de 200.000 personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, parmi lesquelles des dizaines de milliers d’enfants, selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). On estime à 66.000 le nombre de logements détruits vendredi par la secousse de magnitude 7,5 et le raz-de-marée destructeur qu’elle a engendré.
Le gouvernement indonésien a beau avoir affirmé aux équipes étrangères intervenant dans les zones sinistrées que la situation était sous contrôle, les habitants de localités éloignées comme Wani, dans la province de Donggala, disent n’avoir pas, ou presque pas, vu la couleur de l’aide.
– « Frustration » des secouristes –
La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) a fait part de la frustration des équipes sur place face à la lenteur de la réponse.
« Le sentiment des équipes travaillant sur place est un sentiment de frustration », a expliqué Matthew Cochrane, porte-parole de l’IFRC. « Des portions importantes de ce qui pourrait être la zone la plus touchée n’ont toujours pas été complètement atteintes. Mais les équipes se démènent et font ce qu’elles peuvent », a-t-il ajouté.
Les survivants combattent la faim et la soif. L’eau potable et la nourriture manquent et les autorités sont dépassées par le nombre de blessés.
Sur le terrain, des responsables expliquent que, si le gouvernement a indiqué que toute aide était la bienvenue, les « mécanismes de mise en oeuvre » de cette aide manquent.
– Tirer sur les pilleurs –
L’aéroport de Palu, utilisé jusqu’alors par les seuls militaires, devrait rouvrir jeudi matin. Les installations portuaires de Palu, porte d’accès cruciale dans cette région accidentée, ont été fortement endommagées.
Dans la ville de Palu, la police avait effectué mardi des tirs de semonce et utilisé les gaz lacrymogènes pour disperser des pilleurs. Elle a d’ores et déjà arrêté des dizaines de personnes pour pillage, alors que des survivant se servaient dans les stocks de magasins, à la recherche de nourriture et d’eau potable.
Un officier a indiqué mercredi que les militaires avaient désormais l’ordre de tirer sur les pilleurs, après sommation.
« Nous pouvions le tolérer le premier ou le deuxième jour parce qu’ils avaient besoin de ces choses. Mais le troisième jour, ils se sont mis à piller des choses comme les équipements électroniques », a déclaré le colonel Ida Dewa Agung Hadisaputra.
Sur la route qui part la ville vers le nord, un journaliste de l’AFP a vu des jeunes élever des barrages et exiger des « donations » pour ouvrir la voie. Ailleurs des centaines de personnes arpentent les décombres d’une usine effondrée pour tenter de récupérer ce qui pouvait l’être.
Le président indonésien Joko Widodo, qui fait campagne pour sa réélection l’an prochain, a affirmé que la police et l’armée avaient le contrôle de la zone, au cours de sa deuxième visite à Palu depuis la catastrophe.
Le Centre de coordination de l’aide humanitaire de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), basée à Jakarta, a pour sa part fait état d’un besoin urgent de sacs mortuaires.
Dans le climat équatorial chaud et humide qui prévaut en Indonésie, la décomposition est accélérée et fournit un terrain propice aux maladies.
– Eruption volcanique –
Les secours manquent aussi d’équipements lourds. Ils peinent également du fait de la coupure des routes et face à l’ampleur même des dégâts.
L’électricité a été rétablie mardi soir dans certains quartiers de Palu. Mais dans d’autres, des habitants se pressaient autour de rallonges électriques dans les quelques bâtiments disposant encore de courant. Les files d’attente pour obtenir quelques litres d’essence pouvaient dépasser 24 heures.
Le manque d’installations sanitaires est par ailleurs un problème de plus en plus grave.
« Partout, les gens veulent aller aux toilettes mais il n’y en a pas. Alors il faut faire ses besoins de nuit, au bord de la route », explique Armawati Yarmin, 50 ans.
Archipel de 17.000 îles et îlots formé par la convergence de trois grandes plaques tectoniques (indo-pacifique, australienne et eurasienne), l’Indonésie se trouve sur la ceinture de feu du Pacifique, zone de forte activité sismique.
Un risque qui a été illustré mercredi par l’éruption du volcan Soputan, situé dans l’extrême nord-est des Célèbes, à un millier de km de Palu, et qui crachait des cendres à plus de 5.800 mètres d’altitude.
Les autorités ont demandé aux civils de ne pas approcher du volcan à moins de quatre kilomètres. Mais aucune évacuation n’a été pour l’instant décidée.
Après l’appel à l’aide de l’Indonésie, le Fonds central d’intervention d’urgence de l’ONU a annoncé mardi soir le déblocage de 15 millions de dollars. Mercredi, l’Australie a annoncé qu’elle dépêchait une équipe médicale ainsi qu’une enveloppe de cinq millions de dollars d’aide.
LNT avec Afp