La police algérienne a annoncé dimanche l’arrestation de 36 personnes soupçonnées d’avoir participé au lynchage et à l’immolation d’un homme par une foule l’accusant à tort de pyromanie en Kabylie (nord-est du pays), en proie à des incendies meurtriers.
L’affaire a choqué et ému tout le pays après la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos montrant une foule battant à mort un homme qui aidait en fait à éteindre les flammes, les incendies faisant rage en Algérie ayant fait plus de 90 morts et disparus en moins d’une semaine.
La victime, Djamel Ben Ismaïl, 38 ans, s’était « rendue à la police d’elle-même » après avoir entendu qu’on la soupçonnait d’avoir mis le feu à la forêt, a affirmé le directeur de la police judiciaire, Mohamed Chakour, lors d’une conférence de presse.
Des images relayées en ligne montrent la foule entourant le fourgon de police à Larbaa Nath Irathen, dans la préfecture de Tizi Ouzou très touchée par les feux, et extirpant la victime du véhicule après l’avoir frappée. L’homme a ensuite été battu puis immolé tandis que des jeunes prenaient des selfies devant le cadavre.
Parmi les 36 suspects interpelés, l’homme « qui a poignardé la victime » a été arrêté tandis qu’il « tentait de fuir », a ajouté M. Chakour, soulignant que l’enquête était toujours en cours.
Les images du lynchage ont été largement diffusées et commentées notamment via le hashtag #JusticePourDjamelBenIsmail.
Lors de la conférence de presse de la police, l’image d’une personne tentant de décapiter le cadavre calciné a également été montrée.
Cela « constitue un traumatisme de plus pour la famille et pour le peuple algérien déjà choqué par ce drame », a estimé la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme dans un communiqué, réitérant sa demande « de justice et de vérité » concernant cet « assassinat abject ».
Le père de la victime, Noureddine Ben Ismaïl, admirablement digne, a été salué comme un héros national après avoir appelé au calme et à la fraternité entre Algériens.
Afp