Le secteur immobilier est pénalisé par son marché ! La demande s’est transformée pour toutes les catégories de logements, du social au haut standing.
Elle devient plus exigeante non en termes de rapport qualité prix comme c’est le cas sur tous les marchés, mais aussi en termes d’agencements de l’offre et de concept du logement lui-même.
En réalité, ce sont les promoteurs immobiliers qui, toutes tailles et poids confondus, n’ont pas su prendre en compte les exigences de la demande et son évolution dans le temps et ont cru pouvoir imposer leurs logements aux acheteurs ad vitam aeternam !
C’est là l’une des raisons majeures de la crise de l’immobilier dans notre pays.
Tous les projets immobiliers se ressemblent, en tous points de vue, en présentant souvent les mêmes défauts de construction, mais surtout à des niveaux de prix excessifs par rapport à une demande somme toute limitée.
Aujourd’hui, les sociétés immobilières, confrontées à une baisse généralisée de la demande, commencent à réaliser leurs erreurs et cherchent des solutions de sortie de crise basées sur une meilleure connaissance du marché, en différenciant les différentes catégories de leur demande.
C’est le cas d’Addoha qui reconnaît que cette question est au centre de ses préoccupations et que, tout particulièrement en fonction du coût du foncier, elle travaille sur la possibilité de revisiter le concept du logement social par exemple en introduisant des appartements en F 4 (quatre pièces), pour le même prix.
Car le second problème des plus importants promoteurs et surtout ceux cotés en bourse, porte sur l’accumulation du foncier, lequel d’ailleurs est à l’origine de leurs difficultés financières.
De même, pour le moyen et haut standing, ils transforment les surfaces trop petites en plus grand pour être à des prix plus abordables.
C’est là où se traduit leur prise de conscience selon laquelle ils reconnaissent que non seulement les logements étaient trop standardisés mais également trop chers par rapport à leurs superficies.
Par ailleurs, en attendant le retour de la demande, les sociétés immobilières sont face à la préoccupation de maintenir leur santé financière pour rebondir face à ces nouvelles exigences du marché qu’ils ont négligées, afin de le relancer.
Concrètement, et tout particulièrement pour les sociétés immobilières cotées, celles-ci ont été sanctionnées par le marché boursier et perdu donc de leur capitalisation boursière.
Cette dévaluation boursière traduit en réalité l’éclatement de la bulle immobilière qui s’est créée, certes du fait de leur succès, mais qui résulte surtout de la spéculation boursière née de l’étroitesse du marché boursier et de son inefficience.
Face à cette situation, Addoha qui vient d’annoncer une perte de son chiffre d’affaires semestriel de 15%, assure désormais mettre l’accent sur le maintien de l’équilibre financier de la société.
D’abord, l’intérêt de sa dévalorisation boursière, sachant que la valeur a perdu 57,55 % depuis le début de l’année, à 14 dirhams l’action, permet aujourd’hui à cette société d’affirmer que ses fonds propres sont du double de sa capitalisation, ce qui signifie, entre autres, que la valeur boursière Douja traduit de nouveau du potentiel.
Et surtout, il lui faut maintenir à flot son fonds de roulement en continuant sa politique de rentrée du cash même si le plan `Génération Cash s’est terminé à fin 2017.
En conséquence, la société immobilière, en réduisant ainsi son besoin en fonds, peut renouer progressivement avec une politique d’investissements.
Cette stratégie d’Addoha qu’elle compte accompagner d’une accélération de ses relais de croissance notamment en Afrique et d’une transformation de son offre au Maroc, ne peut qu’en redresser l’activité.
Une telle stratégie devrait être reprise par les autres sociétés immobilières face à la morosité des ventes que connaît leur secteur.
Car sauvegarder l’équilibre et la santé financière de ces sociétés leur permettra sans douter de pouvoir rebondir quand le marché se retournera.
D’autant qu’en dehors de toutes ces considérations, le marché de l’immobilier est connu pour être cyclique et donc, à condition de réussir ces réajustements, il ne peut que repartir à la hausse.
Enfin, nous savons tous que la crise économique est aussi l’une des causes de la crise immobilière.
Il suffit de voir tous les Profit Warnings de cette année qui émanent de différents secteurs, y compris celui de l’Assurance, activité que l’on croyait être fortement à l’abri.
La morosité du marché en est la principale manifestation sans compter qu’elle engendre une demande peu solvable, qui réduit fortement, constat qui n’est pas spécifique au marché immobilier…
Afifa Dassouli