A l’heure des chaînes de fast food qui se développent dans notre pays, du snacking rapide et de la journée continue, Ilham Biaz, avec son enseigne «Khos», propose une alimentation «healthy», avec des produits et aliments sains et soumis à une traçabilité, préparés «on time», sans conservateurs.
Une démarche qui s’inscrit dans les nouvelles tendances internationales qui mettent en avant la nécessité d’une nourriture qui préserve la santé et produite à partir d’une vision respectueuse de l’environnement et de la nature.
La Nouvelle Tribune :
À l’occasion du 8 mars, jour dédié à la femme, je me voue chaque année à mettre en avant la femme marocaine à commencer par les femmes dont j’entends vanter les mérites et vous en faites partie. Pouvez-vous à ce titre expliquer à nos lecteurs votre parcours ?
Ilham Biaz : J’ai réalisé l’essentiel de mes études secondaires et supérieures au Maroc. Comme j’étais plutôt une scientifique, passionnée par les chiffres, j’ai suivi une maîtrise en Finance que j’ai complétée à Paris IX Dauphine.
Je suis restée en France par la suite en démarrant ma carrière assez tôt, à 21 ans. Pendant une dizaine d’années, j’ai travaillé dans l’audit, l’organisation et le conseil.
C’était une période vraiment riche et stimulante, au cours de laquelle j’ai appris énormément et découvert plusieurs facettes du monde de l’entreprise.
Comme beaucoup de Marocaines de ma génération, j’ai ensuite fait le choix de revenir au Maroc, où j’ai installé mon cabinet de conseil.
Et puis une nouvelle aventure entrepreneuriale s’est offerte à moi ! Avec un associé, j’ai lancé «Khos», une enseigne de restauration healthy à Casablanca.
Nous étions parmi les premiers à proposer ce concept qui allie une cuisine homemade avec un sourcing de produits frais. L’accueil a été très positif ! Mon expérience de consultante m’a d’ailleurs beaucoup aidée dans mon activité de gérante d’entreprise.
Comment en êtes-vous arrivée au choix de la restauration saine, bio et healthy ?
Est-ce facile au Maroc ? D’où vous-est venue la force de cet engagement ?
J’ai travaillé plus de dix ans dans le consulting en voyageant beaucoup en Europe. Au cours de mes voyages d’affaires, j’ai vite compris l’importance de pouvoir se restaurer rapidement et sainement, sans tomber dans le snacking bas de gamme.
En revenant à Casablanca, l’idée de proposer une cuisine healthy s’est donc rapidement imposée. Avec «Khos», nous avons fait le choix de n’utiliser aucun conservateur.
Tous nos produits sont travaillés de manière artisanale et préparés comme à la maison : ils sont frais, de saison et de proximité, avec interdiction de faire appel au surgelé ! Nous évitons aussi au maximum les sucres ajoutés.
La majorité de nos matières premières bénéficie d’une vraie traçabilité. Comme la cuisine est un métier à part entière, je laisse cette partie à mon associé qui est restaurateur.
Mon rôle est plutôt celui d’un chef d’orchestre qui s’assure que chacun joue sa partition comme il faut et dans les temps !
En quoi votre personnalité et votre passion vous ont-elles aidée dans la réalisation de votre projet ? Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Au Maroc comme ailleurs, l’entrepreneuriat est une aventure qui comporte des risques. C’est inhérent à ce choix : on se lance dans un projet et ça passe ou ça casse !
L’entrepreneuriat peut donc s’avérer frustrant, mais les opportunités existent. Et, si l’on fait preuve de détermination, la réussite est généralement au bout du chemin. Bien sûr, l’État a un rôle à jouer, mais pas seulement. Les banques et la société civile aussi.
Le soutien et l’aide aux entrepreneurs passent notamment à travers l’octroi de crédits et le financement des projets.
C’est toujours un exercice d’équilibriste entre ce que vous pouvez apporter à votre entreprise et la réalité du marché !
Par rapport à la date de lancement de votre activité, quels résultats pouvez-vous partagez avec nos lecteurs ?
J’ai ouvert mon premier restaurant en 2012 avec quatre salariés. Nous avons rapidement agrandi notre espace et avons conclu un partenariat avec la marque «Carrefour Gourmet», qui propose des stands de restauration gérés par nos équipes.
Aujourd’hui, nous avons quatre points de vente que nous gérons en propre et deux autres points que nous fournissons quotidiennement. Nous avons aussi multiplié notre masse salariale par huit avec trente-cinq permanents à ce jour.
Quelles sont les perspectives d’extension de vos restaurants à Casablanca et au Maroc ?
Il y a un réel potentiel. Nous travaillons actuellement sur le développement d’une offre dédiée aux entreprises et nous prévoyons l’ouverture d’un nouveau point de vente à la fin de l’année.
Sur le plan personnel, pouvez-vous partager avec nous vos satisfactions de vie par rapport à votre expérience ?
Ma principale satisfaction, c’est de voir qu’après six ans mon entreprise continue à vivre et à se développer. C’est une grande fierté !
Avec «Khos», c’est aussi une aventure humaine. Je me sens très proche de mes équipes. C’est une famille qui grandit avec un vrai sentiment d’appartenance.
Je suis convaincue qu’une entreprise ne peut croître sainement que si les femmes et les hommes qui y travaillent se sentent bien et épanouis.
J’ai donc fait le choix dès le départ d’accorder une part importante aux avantages sociaux, notamment aux jeunes mères, afin de créer un environnement agréable et équitable. Nos clients le voient et c’est l’une des raisons de notre succès : qu’on y travaille ou qu’on s’y restaure, on se sent chez «Khos» comme chez soi !