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KPMG a organisé, le 26 février, un événement consacré à l’intelligence artificielle (IA) et à ses applications concrètes dans divers secteurs. L’événement a réuni des professionnels et des panélistes de renom, issus de différentes industries, pour partager leurs expériences et analyser l’impact de l’IA dans leurs domaines respectifs.
Tariq Smires, responsable des activités chez KPMG, a ouvert la session en soulignant l’importance croissante de l’IA et son impact transformateur sur des secteurs clés tels que l’éducation, la santé, les services financiers et l’industrie. « L’IA, bien qu’offrant de grandes opportunités, pose aussi des défis éthiques et de cybersécurité », a-t-il précisé.
Axel de Goursac, associé et AI Lead chez KPMG, a partagé sa vision de l’IA, mettant en avant son développement rapide au cours des dernières années. Selon lui, l’IA connaît « une accélération vertigineuse », stimulée par de nouvelles découvertes scientifiques et des investissements massifs dans le domaine. Il a ajouté que « les entreprises de tous secteurs » adoptent ces technologies, et que l’IA pénètre désormais dans la vie personnelle de chacun. « Cela va façonner la société de demain », a-t-il précisé, en insistant sur l’importance d’une IA responsable pour l’avenir.
Dans le cadre de l’étude « Trends of AI », réalisée par KPMG auprès de 200 professionnels, Axel de Goursac a présenté les principaux cas d’usage de l’IA dans les entreprises, en se concentrant sur les fonctions finance et IT. Il a constaté que dans le domaine de la finance, les cas les plus courants sont « la lutte contre la fraude » et « la prévision de l’activité ». Cependant, « l’adoption reste prudente », surtout en raison des enjeux de « réglementation et conformité ». En revanche, l’IT adopte plus rapidement des solutions IA, avec des outils comme Copilot et ChatGPT devenant centraux pour le déploiement des solutions IA.
Axel de Goursac a aussi mis en lumière les difficultés rencontrées par les entreprises dans l’adoption de l’IA, notamment « le retour sur investissement » et l’importance de « l’adoption par les collaborateurs ». Il a souligné que la transformation nécessite du temps et que les entreprises doivent « rééduquer » leurs équipes à l’usage de ces nouvelles technologies. Enfin, il a rappelé qu’il ne s’agit pas simplement de mettre en place des outils, mais de repenser les processus pour que l’IA soit véritablement efficace. « Le mindset des équipes est crucial », a-t-il affirmé pour réussir cette transition.
Walid Daou, CEO de Cleverlytics, a également pris la parole pour présenter deux cas d’utilisation développés par son entreprise, une spin-off de l’UFSP. Il a expliqué que Cleverlytics se positionne comme un acteur clé dans le domaine des algorithmes, allant au-delà de la simple intelligence artificielle pour aider les entreprises à améliorer leurs processus grâce à la technologie.
Analyse des audios
Walid a présenté un projet développé en partenariat avec inwi, centré sur l’analyse des audios. Il a mis en avant les défis techniques liés à cette technologie, en particulier pour les langues autres que l’anglais, qui est la plus avancée dans ce domaine. « Même aux États-Unis, il existe des géants spécialisés dans l’analyse des audios en anglais », a-t-il souligné. Le défi devient encore plus complexe lorsqu’on considère la législation locale, comme celle de la CNDP, qui considère la voix d’un client comme une donnée biométrique. M. Daou a insisté sur la nécessité de développer des technologies souveraines et a précisé que l’analyse des audios, notamment en arabe, est encore en développement. Il a décrit comment son équipe a travaillé pour permettre la transcription et la classification des audios en utilisant une infrastructure propre, sans passer par le cloud, afin de répondre aux besoins de clients spécifiques, comme Bing.
Automatisation des workflows chez OCP
Le deuxième cas d’utilisation concerne l’automatisation des processus d’analyse de marché chez OCP, en particulier la gestion des informations reçues par email. Walid Daou a expliqué comment l’équipe d’OCP, qui gérait manuellement un grand volume d’emails et de rapports spécialisés, a vu un grand potentiel dans l’automatisation de ces tâches. « L’une des catégories business où l’IA peut vraiment avoir un impact, c’est l’automatisation des workflows », a-t-il précisé. Cleverlytics a ainsi développé une plateforme permettant à l’équipe de se connecter directement à leurs emails, de sélectionner, résumer, traduire les messages et de générer des rapports automatiquement. De plus, Walid a évoqué la création d’un format podcast de 5 minutes pour résumer les informations, une solution plus moderne et agréable pour les top managers d’OCP, plutôt que des rapports PDF. Il a conclu en soulignant l’importance de la créativité des entreprises et des talents locaux pour innover dans des domaines comme l’intelligence artificielle et l’automatisation.
De son côté, Issam Alaoui, partenaire d’Aiox Labs, a présenté deux cas d’utilisation de l’intelligence artificielle visant à améliorer les processus d’entreprise. Le premier concerne le service client dans le commerce en ligne, où « l’insatisfaction client » représente un problème majeur. L’IA permet de traiter rapidement les réclamations, en croisant des données provenant des systèmes internes et des partenaires.
Le deuxième cas d’utilisation touche à la gestion des créances interentreprises, un défi majeur pour les entreprises confrontées à des délais de paiement longs. Issam a souligné qu’il existe « 400 milliards de dirhams de créances interentreprises », soit presque un tiers du PIB marocain. L’IA aide à analyser les créances, l’historique des paiements et d’autres données pour anticiper les risques de non-paiement, fournissant ainsi des informations cruciales pour améliorer la gestion de la trésorerie des entreprises. L’objectif est de « structurer le travail des agents » afin qu’ils puissent répondre de manière plus précise aux problèmes financiers, tout en libérant les équipes de finance pour des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Dans les deux cas, l’IA est utilisée pour « libérer l’être humain des tâches fastidieuses », améliorant ainsi les processus, en rendant les solutions plus rapides et plus efficaces, a-t-il conclu.
Asmaa Loudni