Un membre du syndicat des acteurs SAG-AFTRA défile devant les studios Universal pour soutenir la grève des scénaristes,le 30 juin 2023 à Los Angeles
Les acteurs vont-ils mettre l’industrie audiovisuelle américaine à l’arrêt? Hollywood était toujours à cran mercredi face à un possible mouvement social des comédiens, susceptibles de rejoindre les scénaristes en grève et de sérieusement handicaper la promotion des blockbusters estivaux.
Malgré la prolongation des pourparlers entre la SAG-AFTRA, syndicat des acteurs, et les studios et plateformes pendant une dizaine de jours, peu de progrès semblent avoir été faits pour s’accorder sur une nouvelle convention collective.
Un petit groupe de patrons a fait appel au gouvernement à Washington pour dépêcher des médiateurs. Mais malgré un consentement du syndicat à une telle médiation, les relations demeurent tendues et la perspective d’une grève se rapproche.
« Nous sommes engagés dans le processus de négociation et nous explorerons et épuiserons toutes les possibilités de parvenir à un accord, mais nous ne sommes pas convaincus que les employeurs aient l’intention de négocier », a affirmé la SAG-AFTRA dans un communiqué mardi soir.
Faute d’accord ou de nouvelle prolongation à minuit heure de Los Angeles (07H00 GMT), les 160.000 acteurs et autres professionnels du cinéma représentés par la SAG-AFTRA se retrouveraient en grève. Ils viendraient ainsi grossir les rangs des scénaristes, déjà à l’arrêt depuis plus de deux mois.
Un double mouvement social réunissant acteurs et scénaristes serait une première à Hollywood depuis 1960, époque à laquelle Ronald Reagan avait mené une grève majeure qui avait débouché sur des concessions importantes des studios et consacré l’envergure politique d’un acteur devenu par la suite président des Etats-Unis.
Ce mouvement pourrait mettre l’industrie, qui tourne déjà au ralenti à cause de la grève des scénaristes, à genoux.
Car les acteurs peuvent geler non seulement les productions basées sur les scripts déjà terminés avant mai, mais aussi la promotion des blockbusters attendus en salle cet été, comme le très attendu « Oppenheimer » de Christopher Nolan.
Seuls quelques « talk shows » et émissions de télé-réalité pourraient se poursuivre.
Face à cette perspective, l’inquiétude grandit chez les professionnels. De puissants chefs d’agence – les patrons des représentants qui négocient pour les acteurs – se sont proposés pour fluidifier les négociations.
– Emmy Awards menacés –
L’absence prolongée des grands visages d’Hollywood devient de plus en plus crédible et la presse spécialisée commence à envisager sérieusement un été sans stars sur les tapis rouges.
Comic-Con, la grand-messe des geeks et amateurs de bande dessinée américains, pourrait ainsi se dérouler sans vedettes la semaine prochaine à San Diego. Sans acteurs, le lancement du nouveau film de Disney, « Le Manoir Hanté », pourrait être réduit à un « événement privé » pour les fans ce weekend.
Une grève serait également synonyme de boycott des Emmy Awards, l’équivalent des Oscars pour la télévision prévus le 18 septembre. La production envisage déjà de reporter l’événement au mois de novembre, voire à l’année prochaine, selon la presse américaine.
Comme les scénaristes, les acteurs réclament de meilleures rémunérations pour lutter contre l’inflation et des garanties face aux bouleversements potentiels liés à l’intelligence artificielle, comme le clonage vocal.
Ils protestent notamment contre la baisse de leurs rémunérations « résiduelles », dues à chaque rediffusion d’un film ou d’une série, provoquée par le streaming. Conséquents lors d’un passage télévisé car basés sur le modèle publicitaire, ces émoluments sont bien moindres pour les plateformes, qui ne communiquent pas leurs chiffres d’audience.
Les grilles automnales de la télévision américaine sont d’ores et déjà bouleversées par la grève des scénaristes. Mardi, la chaîne Fox a dévoilé un calendrier basé sur des programmes de téléréalité comme « Cauchemar en cuisine » ou « Lego Masters ».
Les nouvelles saisons de nombreuses séries populaires accusent déjà des retards conséquents. Et si les acteurs rejoignent la grève, la sortie des futurs blockbusters pourrait aussi en pâtir, car il s’écoule de longs mois entre la fin d’un tournage et la sortie au cinéma.
LNT avec Afp