Habituée à sauter sur tout ce qui est en mesure d’agiter davantage les manifestations populaires, la Jamaâ était passée outre jusque-là par rapport au «Hirak du Rif». Le soutien et la mobilisation de ses troupes restent timides. Dans tous les cas, pour le moment, la position des Adlistes n’a pas changé d’un iota… avec ou sans le Hirak rifain.
Ainsi, ce qui se passe à Al Hoceima n’est que le résultat d’une succession d’anomalies, de dysfonctionnements et d’injustices dans la manière avec laquelle le pays est gouverné, souligne le SG d’Al Adl Wal Ihssane, Mohamed Abbadi, pour qui le pays est au bord d’une implosion sociale sans précédent : «Face à la démission manifeste des institutions, le peuple prend sa propre défense».
Et de préciser que l’appel au changement suite au Hirak du 20 février 2011, n’a pas abouti aux résultats escomptés par les Marocains depuis de longues années : «A vrai dire, la constitution de 2011 n’a pas été l’expression d’une véritable volonté politique de changement et de réforme pour une nouvelle vie avec le peuple. Ce fut une constitution qui cherchait à contourner les vraies revendications du peuple dans le principal objectif de mettre fin au Hirak du 20 février». Pour le successeur du Cheikh Yassine, il n’y a pas de doute : «Comme les précédentes, la Constitution de 2011 renforce davantage les pouvoirs du Roi, alors que les gouvernements n’en ont pas assez, ce qui fait que cette constitution est vide de sens ne présentant pas de réponse aux aspirations populaires».
Dans le même cadre, Mohamed Abbadi tient à préciser que la Constitution est en préalable un pacte entre les gouvernants et les gouvernés, qui détermine les rapports sur la base du respect mutuel, la limitation des pouvoirs et l’intérêt général. Alors que dans le cas contraire, ce serait du non-sens. «Ce qui est alarmant» dit-il.
Concernant maintenant le champ politique à l’heure de la Constitution de 2011, le patron d’Al Adl Wal Ihssane estime que la politique marocaine reste marquée par la léthargie, l’immobilisme et l’inactivité. Et d’expliquer que sur le plan purement politique, le pays comprend plus de 40 partis politiques et plus de 30 syndicats, sachant que l’abstentionnisme populaire bat son plein à l’occasion de chaque échéance électorale. Ce constat démontre, d’après lui, que les Marocains vivent en rupture avec leurs institutions « qui n’ont pas en réalité grande chose à leur offrir et qui ne font qu’obéir aux instructions d’en haut…Ce qui fait qu’aujourd’hui, on est en face d’un peuple qui se charge de sa propre défense», conclut le SG de la Jamaâ qui par rapport au ‘‘Hirak du Rif’’, et jusqu’à présent, opte pour l’analyse, la critique et l’argumentation. Sur le terrain, Al Adl Wal Ihssane du Cheikh, pour différentes raisons, reste absente dudit Hirak… visiblement tout au moins !
H.Zaatit