Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a présenté, mercredi à Rabat, les principaux résultats de la Cartographie de la pauvreté, vulnérabilité, inégalité et ciblage géographique de lutte pour leur réduction (2014) avec pour finalité de mettre à la disposition des pouvoirs publics, aux échelles nationale et régionale, comme aux collectivités élues, un outil permettant de mieux cibler les objectifs en matière de développement humain et de maximiser le rendement des ressources qui leurs sont affectées.
« Ce travail de cartographie s’assigne pour objectif de contribuer à inscrire les débats dans le sillage des travaux inaugurés en 2004 et affinés à la faveur de l’avènement de l’Initiative nationale de développement humain (INDH) en mettant à la disposition des décideurs une cartographie de la pauvreté au niveau de toutes les unités territoriales, leur permettant de fonder, sur des données objectives, les arbitrages requis dans l’affectation géographique et sociale des ressources budgétaires destinées à la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité et, d’une façon plus générale, aux programmes sociaux », a dit le Directeur de l’Observatoire des conditions de vie de la population auprès du HCP (OCVP), Khalid Soudi qui présentait les principaux résultats de la Cartographie.
L’approche de la cartographie de pauvreté consiste, entre autres, à ajuster la relation entre les dépenses de consommation et leurs corrélats, à partir des caractéristiques des ménages (données de l’enquête) et celles de leur milieu socio-économique (données communales reconstituées à partir du recensement), a-t-il ajouté.
Selon les principaux résultats de la carte de pauvreté 2014, le taux de pauvreté est inférieur à 5% dans 28,5% des communes rurales, et se situe entre 5% et 10% dans 34,4% parmi elles.
A l’échelle urbaine, 73,3% des communes et centres urbains ont un taux de pauvreté inférieur à 5% alors que 15,1% ont un taux de pauvreté entre 5% et 10%, selon l’étude, qui ajoute qu’en 2014, environ 69% des communes ont un taux de pauvreté de moins de 10% contre 16,9% en 2004.
Cette amélioration concerne également les communes les plus pauvres (un taux de pauvreté supérieur à 30%), précise la carte, notant que leur part est passée de 20,9% en 2004 à 2,2% en 2014.
Pour ce qui est du taux de pauvreté des communes rurales cibles (CRC) de l’INDH, il a baissé de 16,1 points de pourcentage, passant de 28,4% en 2004 à 12,3% en 2014, ajoute l’étude, faisant savoir que les CRC de l’INDH ont enregistré, depuis 2005, une baisse de la pauvreté de 21 points.
Dans le reste des communes rurales, non ciblées par l’INDH, la baisse de la pauvreté monétaire est de 9,6 points, souligne le HCP.
S’agissant du ciblage géographique de la pauvreté, les principaux résultats de la carte de la pauvreté 2014 font ressortir que la disponibilité de données désagrégées sur la pauvreté monétaire au Maroc permet d’établir la meilleure répartition géographique des ressources publiques et d’améliorer sensiblement la performance des politiques de ciblage.
Selon cette étude, plus ces données sont utilisées au niveau le plus désagrégé (commune ou district), plus l’impact du ciblage géographique sur la pauvreté sera important.
La cartographie actualisée de la pauvreté monétaire a été élaborée par les experts de l’OCVP sur la base d’un couplage des données issues en 2014 de l’Enquête Nationale sur la Consommation et les Dépenses des Ménages (ENCDM) et du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH).
La compensation profite aux riches…
Les travaux à partir de l’ENCDM montrent, à cet égard, qu’en 2014, près de 30% des subventions budgétaires destinées au soutien des produits alimentaires et de butane ont profité aux 20% des ménages ayant le niveau de vie le plus élevé, contre 13% aux 20% les plus défavorisés, avec un rapport de plus de 2 fois au profit des premiers. Ce rapport est de 2,4 fois dans le cas de la farine nationale de blé tendre, 3,4 fois dans celui du sucre et de 1,9 fois dans celui du gaz butane.
Dans le domaine de la couverture médicale, le RAMED, ayant vocation à couvrir la population pauvre et vulnérable non couverte par un système d’assurance maladie, n’échappe pas, selon les mêmes travaux, à ce type de distorsion. Alors que seuls 26,1% de ses bénéficiaires provenaient du quintile ayant le niveau de vie le plus faible, 7,6% appartenaient au quintile le plus aisé.
Au-delà du système des subventions justifiées par le soutien aux plus défavorisés, les mêmes distorsions se révèlent dans l’accès de la population au système public d’éducation et de formation. Par les mécanismes sociaux de sélection, près de 30% des promotions du secondaire et supérieur de 2014 relevaient, dans ce domaine, de la catégorie des 20% les plus aisés contre 10% appartenant aux 20% les plus défavorisés.
Devant de telles distorsions régulièrement dénoncées et, de toute évidence, inhérentes au mode financement général des programmes sociaux, les débats n’ont cessé de prendre de l’ampleur sur la meilleure formule de ciblage des ressources publiques qui permettrait de les canaliser au profit maximum des populations qui en ont le plus besoin.
LNT avec MAP et CdP