Crédit photos : Ahmed Boussarhane/LNT.
Si aujourd’hui, en cette période inflationniste, une partie des Marocains, la classe aisée justement, arrive à s’en sortir, le reste malheureusement des citoyens ne sait plus à quel Saint se vouer. La hausse scandaleuse des prix des produits alimentaires de base a fini par malmener le quotidien des ménages, particulièrement ceux à revenu faible et limité.
Inflation, sécheresse, pénurie, guerre en Ukraine et autre montée en flèche du prix de baril, l’inquiétude gagne les esprits. En effet, cette montée des prix ne cesse de prendre de l’ampleur, aussi bien pour l’énergie que pour les denrées alimentaires.
Dans une Souika de la place à Casablanca par exemple, les prix des tomates varient entre 12 et 14 Dhs/kg. Idem pour les autres légumes où les prix varient entre 5 et 20 Dhs/kg. Pareil pour les fruits, l’huile de table, les pâtes, la farine, la boulangerie, la pâtisserie, les poissons, la viande rouge et la volaille. Cette flambée, constatée depuis plus d’un mois déjà varie entre 5 et 15 Dhs à l’exception rare de quelques produits, a poussé de nombreux consommateurs marocains à revoir et à modifier en profondeur leurs habitudes alimentaires. On commence alors à opter pour des arbitrages et se réorienter vers la volaille au lieu de la poissonnerie ou encore la boucherie. On remarque également qu’à la caisse, beaucoup de consommateurs abandonnent deux ou trois articles excédant leur budget. Un vendeur de légume raconte qu’en cette période, il lui faut au moins deux ou trois jours pour liquider sa marchandise, alors qu’auparavant, la moyenne était d’une journée. D’après lui, les gens limitent les volumes de leurs achats.
Et apparemment, on n’est toujours pas sorti de l’auberge ! De l’avis de beaucoup d’analystes, cette situation déjà perceptible avant la guerre en Ukraine, devrait s’intensifier dans les semaines à venir, bien au-delà du secteur des carburants.
Pour le moment, les segments de la population marocaine les plus touchés s’interrogent sur la marge de manœuvre du Gouvernement, qui se doit d’agir dans le grand espoir de minimiser les conséquences désastreuses de la flambée des prix des matières premières et des denrées alimentaires.
Politiquement, la flambée des prix est un thème crucial pour un Gouvernement Akhennouch qui a tant promis aux Marocains la préservation de leur pouvoir d’achat. En effet, exceptées les quelques miettes accordées aux transporteurs, les réponses à la crise restent timides et sans véritable impact.
La dernière sortie de cette majorité gouvernementale conduite par le RNI en dit long : ‘‘La présidence de la coalition de la majorité gouvernementale a réaffirmé son engagement à soutenir les citoyens pour faire face aux répercussions de la conjoncture internationale, marquée notamment par le conflit russo-ukrainien et l’impact économique qui en découle’’. Un discours qui se veut rassurant, mais qui ne tient plus, tant que sur le terrain, le prix de la tomate reste inaccessible pour tant de Marocains.
Au parlement, le Gouvernement ne souhaite même pas en débattre avec les députés lors de cette session du Printemps, préférant autres sujets qui ne sont pas d’une actualité pressante pour tous ces Marocains vivant l’amertume de la pauvreté et la misère.
Alors que pour beaucoup, la flambée des prix des denrées alimentaires de base est LA question urgente, prioritaire, qui implique de la mesurer et d’en analyser les causes pour proposer des politiques et des solutions adéquates et ciblées. Car au rythme avec lequel le marché mondial mute, l’avenir s’annonce inquiétant…
Pour rappel, en 2019, près de 45% des Marocains se considèrent subjectivement pauvres (38,6% dans le milieu urbain et 58,4% dans le milieu rural). C’est dire que le traitement de la pauvreté reste ainsi une question importante au Maroc. Ses multiples facettes ont été véritablement révélées à travers la crise sanitaire qu’a touchée le Maroc dès mars 2020. Selon le HCP, l’incidence de la pauvreté a été multipliée par 7 pendant le confinement, traduisant les difficultés économiques et sociales que connaissent de nombreux ménages marocains et qui ne peuvent être ignorées plus longtemps.
C’est dire que face à une inflation qui continue de grimper partout dans le monde, alimentée par la guerre en Ukraine, des mesures doivent être prises d’urgence. Autrement, le réveil risque d’être douloureux. Pour tous.
H.Z