Le Maroc a connu un bond des prix des produits frais à cause du coronavirus et de la frénésie d’achats qui a accompagné l’instauration de l’état d’urgence. En effet, dans les premiers jours qui ont suivi l’annonce du confinement, les prix de plusieurs produits alimentaires ont flambé, notamment les légumes et légumineuses, avant de connaitre une baisse après l’intervention du ministère de tutelle.
Pour éviter tout dépassement, le gouvernement a annoncé, dès l’instauration de l’état d’urgence, que toute tentative de spéculation serait sévèrement punie, rassurant au passage les Marocains sur la disponibilité de produits alimentaires de base en quantités largement suffisantes.
Plusieurs mesures ont ainsi été prises, dont la mise en place d’un comité de veille stratégique, dans le but d’empêcher toute fraude et préserver le pouvoir d’achat des citoyens.
Au niveau de Casablanca, la Wilaya a décidé, depuis début avril, de publier chaque mercredi les prix de vente des fruits et légumes dans le marché de gros, ainsi que des bovins et ovins dans les abattoirs de Casablanca, afin de couper court à toute tentative de spéculation.
« Nous avons suivi l’évolution des prix des produits alimentaires et des fruits et légumes depuis le début du confinement et avons effectivement constaté une hausse des prix la première semaine, voire la deuxième également. Cependant, une tendance baissière a vite pris le dessus jusqu’à l’approche du mois de Ramadan, où nous avons constatés que les prix de certains produits, notamment certains légumes, ont augmenté. Sinon, sur le plan général, selon les chiffres que nous recevons, presque chaque jour, les prix des produits alimentaires et des fruits et légumes, que ce soit au niveau des marchés de gros ou de la vente au détail, n’ont pas enregistré de hausse en comparaison avec les Ramadans précédents, et le constat est le même partout au Maroc », assure M. Ouadie Madih, SG de la Fédération nationale des associations des consommateurs au Maroc (FNAC).
Même constat au niveau du ministère de tutelle, qui assure que le marché est bien approvisionné en céréales, légumes et en produits animaux pour le mois sacré.
Dans le détail, le ministère explique que les prix des légumes, notamment les tomates et les oignons, affichent des prix inférieurs à ceux enregistrés durant le Ramadan 2019 de 20 et 30%, et note un retour progressif à la normale, des prix des pois chiches et des fèves. Par ailleurs, une hausse des lentilles de 20% par rapport à 2019, est constatée.
Cependant, dans certains marchés de la capitale économique, les prix pratiqués ne sont ni ceux annoncés par le ministère, ni ceux constatés par la FNAC.
En l’absence de contrôle des prix, les vendeurs dictent leur loi et appliquent des prix jugés scandaleux par le citoyen en cette période difficile.
Au 6 mai 2020, le prix maximum fixé pour les pommes de terre au marché de gros de Casablanca est de 2,30 dh le kilogramme, alors que le prix de vente appliqué dans certains quartiers de la capitale économique atteint 8 dh le Kg, soit près de 3 fois le prix de vente en gros. Même constat pour les oignons dont le prix est fixé entre 3,50 dh et 5,50 dh le KG, vendus dans certains commerces de proximité à 10dh le kg… Pareil pour le poisson, dont le prix peut doubler dès sa sortie du marché de gros.
« Les marchés dans certains quartiers sont toujours plus chers que d’autres. Les prix pratiqués à Bourgogne ne sont pas les même que ceux appliqués à Hay Hassani par exemple… Il est à noter qu’en dehors de certains produits spécifiques, les prix des produits et services ne sont pas réglementés et chacun est libre de vendre au prix qu’il souhaite », explique le SG de la FNAC. Et de préciser : « Dans le cadre du confinement, il y a des mesures exceptionnelles qui ont été instaurées et qui se caractérisent par l’intervention des autorités au cas où l’augmentation est exagérée ».
Pour M. Madih, le consommateur joue un rôle primordial dans spéculation des prix et il est le seul à pouvoir changer les choses. « La loi ne permet pas d’intervenir sur le prix instauré par tel ou tel vendeur. En revanche, le consommateur peut le faire en refusant d’acheter à prix élevé », explique M. Madih. Et de conclure : « Les rapports que nous recevons aujourd’hui de nos différents guichets un peu partout au Maroc concluent qu’il n’y a pas une réelle de hausse des prix. Cependant, il reste des niches qui essayent de profiter du fait qu’ils soient les seules dans un quartier et qu’il y ait une restriction de déplacement pour augmenter les prix, sachant très bien que les riverains ne peuvent pas s’approvisionner ailleurs ».
Asmaa Loudni