Hassan Boulaknadal, Directeur de l'Office des changes
L’Office des Changes est avec Bank Al-Maghrib l’un des deux acteurs principaux de la mise en œuvre du nouveau régime de flexibilité des changes entré en vigueur le 15 janvier 2018.
Dans l’entretien qui suit, le Directeur de l’Office des Changes, M. Hassan Boulaknadal, réitère pour nos lecteurs les principales caractéristiques et conséquences (positives) de cette importante réforme alors que la première journée de cotation s’est effectuée sans anicroche.
La Nouvelle Tribune :
Le régime de flexibilité des changes est entré en vigueur le 15 janvier 2018. Concrètement que doit en comprendre le grand public et comment le dirham va-t-il passer de la référence panier de devises, qui permettait sa cotation, à la fourchette fixée par la Banque Centrale ?
M. Hassan Boulaknadal :
Le premier signal à en tirer, c’est que notre économie va bien. Comme cela a été expliqué tout le long des réunions préparatoires, une telle étape ne peut être franchie que si plusieurs conditions sont réunies et notamment un bon comportement des indicateurs macroéconomiques et un bon niveau de réserve de devises.
Ce dont il est question c’est un changement du fonctionnement du marché des changes à travers à la fois le mode d’accès des opérateurs aux devises et aussi aux modes de fixation de la parité d’échange du dirham par l’élargissement du couloir de fluctuation. L’ancrage de la monnaie aux principales devises de nos échanges commerciaux (Euro – Dollar) reste inchangé.
C’est donc une mesure qui vise à converger graduellement vers une libéralisation totale des changes.
Quel sera l’impact de cette réforme sur le solde extérieur du Maroc ? Quels impacts sur les exportations, les importations, les IDE et les transferts des Marocains du monde ?
La flexibilité du taux de change n’est pas un pas isolé. C’est en fait une étape supplémentaire dans le processus de libéralisation de l’économie marocaine entamée depuis la fin des années 90. Globalement, les opérateurs économiques, quel que soit leur champ d’activité, pourront accéder aux marchés des changes dans des conditions améliorées et à des niveaux qui reflètent la réalité de la situation économique.
Cette nouvelle mesure vise à améliorer nos indicateurs macroéconomiques en permettant, dans un climat d’ouverture de notre économie, qui lui est irréversible, d’absorber les chocs externes via les prix et non via les volumes.
Donc l’impact économique restera limité au profit d’une meilleure corrélation avec la réalité économique sur le terrain, ce qui devrait se traduire par un impact positif sur la balance commerciale.
La réforme portant flexibilité du Dirham s’est faite sur la base d’un ciblage d’inflation. Quel en est le taux ? Et quid de l’autre prérequis que sont les réserves de change, sachant qu’elles avaient quelque peu diminué ces derniers mois ?
Bien entendu, une telle mesure nécessite des prérequis pour que la réforme se fasse de manière souple sans grands impacts sur les opérateurs et les ménages.
C’est un travail de longue date entamé par la banque centrale et qui dans sa composante la plus apparente, consistait à cibler l’inflation et stabiliser les prix. Cette politique donne aujourd’hui ses fruits et permet d’entamer cette nouvelle étape de manière sereine.
Globalement nos indicateurs macroéconomiques sont à des niveaux suffisamment bons pour enclencher le processus de flexibilité.
La demande extérieure faite au Maroc au cours des cinq dernières a été soutenue par une politique contra cyclique menée par le gouvernement, renforçant de la sorte l’attractivité de notre modèle économique et par ricochet la reconstitution de nos réserves de changes malgré quelques effets conjecturaux.
Entretien réalisé par Afifa Dassouli