
Comme de coutume, le Groupe Banque Centrale Populaire, que préside M. Mohamed Benchaaboun, a été parmi les premières sociétés cotées à la Bourse de Casablanca à se livrer à l’exercice de présentation publique de ses résultats financiers au titre du premier semestre de l’année en cours.
Le PDG de la BCP, en effet, en a fait présentation à la presse et aux analystes financiers le lundi 12 septembre, commentant avec exhaustivité et franchise tout à la fois les différents contextes de l’activité du Groupe, international, africain et national, avant de livrer les résultats proprement dits et se plier aux questions de l’assistance avec les principaux responsables de la banque.
Un optimisme justifié
De ses propos liminaires on retiendra plusieurs éléments susceptibles d’impacter positivement ou négativement les activités du Groupe BCP.
On notera ainsi que les prévisions de croissance mondiale du FMI ont été revues à la hausse, pour atteindre 3,5 % à fin 2017, alors que la zone euro connaît une reprise graduelle qui portera le PIB de l’UE à 2%.
Pour l’Afrique, c’est une situation contrastée qui prévaut et prévaudra, marquée par la morosité pour les pays exportateurs de pétrole (Nigéria, Gabon, Angola, etc.), mais aussi des croissances fortes dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Éthiopie…
Et, ce qui n’est pas pour déplaire au Président Benchaaboun, ce sont dans les pays où le Groupe BCP avec sa filiale, la Banque Atlantique, est particulièrement actif où l’on enregistre les plus fortes croissances économiques, avec une moyenne pour l’UMOA par exemple de 5,2%.
Pour le Maroc proprement dit, la croissance sera également au rendez-vous avec une projection de 4% selon le FMI, après une année 2016 qui restera marquée dans les esprits par ses performances lamentables.
Et comme précisé par le PDG du Groupe BCP, cette prévision est certes alimentée par l’excellente campagne agricole de cette année, mais aussi, pour la première fois depuis longtemps par une hausse notable du PIB non-agricole qui devrait atteindre 4% ;
Cette affirmation est largement corroborée par des indicateurs financiers qui indiquent une nette reprise des crédits à l’économie, notamment au profit de l’investissement productif, (+6,2% en glissement annuel), la poursuite de la consommation des ménages, la maîtrise de l’inflation contenue à 1%, etc.
C’est dans ce contexte donc que le Groupe BCP enregistre des résultats plus qu’honorables avec une sérieuse appréciation du RNPG, 9,3% à 1,5 MMDh, une hausse de 3,1% du Résultat Net Consolidé à 1,8 MMDh, mais également une baisse du coût du risque de 8,3%, accompagnée d’un réel effort de provisionnement, alors que le taux de couverture passe de 76,2% (fin décembre 2016) à 78,3% au terme du premier semestre de cette année.
Finesse et maîtrise
Mais avant d’aller plus en détail sur les performances semestrielles de la Banque Populaire, on ne manquera pas de noter que le Président Benchaaboun, interrogé par La Nouvelle Tribune, a évoqué avec finesse certaines questions liées à la conjoncture économique et monétaire nationale ou régionale.
En effet, sur la question du report de la mise en œuvre du processus de flexibilité de notre monnaie nationale, le PDG du Groupe BCP n’a pas manqué de marquer son soutien envers cette réforme fondamentale du Dirham, qu’il met en corrélation avec l’action d’externalisation des entreprises marocaines, dans l’axe même de la stratégie africaine royale.
Pas question donc de renoncer à mettre en place, avec progressivité et mesure, le principe de la libre convertibilité de notre devise, mais ce processus, dixit M. Benchaaboun, doit être soigneusement appliqué, d’abord par la mise en place d’une marge de flottaison du dirham, bien déterminée et réaliste. Ce « serpent monétaire » marocain entrera en activité quand l’opportunité se fera sentir, et M. Benchaaboun de préciser que le report de la réforme n’est que ponctuel et conjoncturel.
Par contre, sur les larges digressions d’une partie de la presse qui ont accompagné l’annonce de la finalisation de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO pour la fin décembre 2017, le PDG de la BCP a été beaucoup plus tranchant.
En effet, comme l’a fait remarquer, non sans intelligence, le Président de la Banque Centrale Populaire, la question de la monnaie unique de la CEDEAO, qui a fait pousser des cris d’orfraies à plusieurs de nos collègues, M. Benchaaboun l’a parfaitement décrite comme une « arlésienne », les dirigeants de la CEDEAO repoussant de cinq ans en cinq ans l’échéance de sa création.
Car la CEDEAO est caractérisée par des économies de forces différentes et l’existence de plusieurs monnaies, comme le Franc CFA (administré par la Banque de France !), le Naira nigérian ou encore le Cédi ghanéen.
En adhérant à la CEDEAO à la fin de l’année, le Royaume n’abandonnera pas pour autant le dirham, loin s’en faut. Il s’agira seulement pour lui de participer à la réflexion commune sur la faisabilité de la monnaie unique pour cette zone.
De là à parler de calendes grecques, il n’y a qu’un petit pas que M. Benchaaboun, bien évidemment, ne s’est pas permis de franchir !
Fahd YATA
Performances financières confortant les choix stratégiques du Groupe
Au 30 juin 2017, le Groupe Banque Centrale Populaire consolide ses performances économiques et affiche une nette appréciation de sa profitabilité. Son Produit Net Bancaire consolidé s’établit ainsi à 8,2 milliards de dirhams, soutenu par une croissance significative de près de 13% du PNB des filiales spécialisées et internationales.
Le Résultat Net Part du Groupe s’apprécie pour sa part de plus de 9,3% à 1,5 milliard de dirhams tandis que le Résultat Net Consolidé croît de 3,1% pour s’établir à 1,8 milliard de dirhams. Le Résultat Net Social de la BCP affiche également une progression significative de 13,8% malgré un important effort de provisionnement.
Ces performances confortent les choix stratégiques du Groupe et confirment son dynamisme économique et la robustesse de ses fondamentaux financiers.
Dynamique confirmée des activités au Maroc
Portée par sa politique de proximité et son ancrage régional, la Banque au Maroc réaffirme sa position de leader et renforce son portefeuille clients avec plus de 200 000 nouvelles relations au titre du premier semestre 2017. Cet effort de recrutement continu permet à la Banque Populaire d’asseoir son positionnement de premier collecteur de l’épargne nationale, avec plus de 231 milliards de dirhams de ressources à n juin 2017. Grâce à une collecte ciblée, visant notamment les particuliers locaux et les Marocains du Monde dont les dépôts augmentent respectivement de 8% et 6% sur une année glissante, la Banque améliore sensiblement la structure de ses ressources et optimise son coût de collecte. Sa marge d’intérêt clientèle au Maroc ressort ainsi en nette amélioration (+3,5%).
Poursuivant sa stratégie de valorisation du premier réseau de distribution national, la Banque accroît son niveau de contribution au financement de l’économie et augmente son encours de crédit de plus de 3,3%, améliorant en particulier sa part de marché pour les crédits aux entreprises de 28 points de base. La Banque confirrme également la tendance haussière de ses marges sur commissions sur l’ensemble des segments de clients et enregistre une appréciation de cet indicateur de 10,5% par rapport à juin 2016.
Par ailleurs, les revenus des activités de marché maintiennent leurs performances et s’apprécient de 5,5%. La marge d’intérêt, quant à elle, enregistre une légère baisse (-2,7%), impactée par un recours plus important au marché financier a n de soutenir l’extension de l’activité.
Solidité financière affirmée et amélioration du coût du risque
Au terme du premier semestre 2017, le Groupe confirme la nette amélioration de son coût du risque qui baisse de 8,3% tout en maintenant un important effort de provisionnement en lien avec une politique de risque toujours prudente. Le Groupe a notamment constitué, au titre du premier semestre 2017, une provision additionnelle pour risques généraux de près de 900 millions de dirhams et poursuit le provisionnement au titre du risque pays. Le taux de couverture s’élève ainsi à 78,3% à n juin 2017, contre 76,2% à n décembre 2016. Le fonds de soutien a également été doté de près de 200 millions de dirhams, permettant ainsi de renforcer la solidité financière du Groupe et sa cohésion interne.