Le groupe Al Omrane tient une conférence sur le développement urbain et territorial
L’aménagement du territoire reste une question délicate. Sensible politiquement. Inévitable pour la cohésion sociale, c’est un outil économiquement indispensable. Certains vous diront même que la ‘‘métropolisation’’ des espaces urbains donne deux points de plus en PIB. C’est dire l’importance, voire l’urgence, d’une planification territoriale où la dignité du citoyen prime sur toute autre considération. Ce que l’on pourrait appeler la Ville de Demain. Une ville efficace, durable et où le citoyen devrait être au coeur de la planification territoriale. En somme, de quoi offrir un cadre de vie bénéfique à forte valeur ajoutée en termes de PIB national. Est-ce le cas chez nous au Maroc ? Certainement pas. Les raisons ont été discutées par une palette d’acteurs de premier plan, intervenant lors d’une rencontre-débat que le groupe al Omrane a organisé mercredi dernier en marge de son salon annuel Al Omrane Expo. Cette conférence scientifique a été tenue sous le thème « Développement urbain et territorial au Maroc: réalités et perspectives ».
Unanimes, les différentes intervenants ont reconnu la présence d’un océan de difficultés au niveau de tout ce qui concerne de près ou de loin la planification territoriale dont, entre autre, la lenteur administrative et procédurale, la multitude des intervenants, la problématique foncière, l’absence des concertations, les financements, les délais de réalisation… Autant d’obstacles qui font de la planification territoriale l’un des chantiers, certes structurant et vital pour la ville marocaine de Demain, mais qui piétine le plus, et ce à tous les niveaux. Le constat n’étonnera certainement personne. La réalité de l’aménagement territoriale de notre pays est bien connue, avec un désordre qui persiste voire parfois s’aggrave.
Les différents experts ont toutefois souligné qu’en la matière, il s’agit d’identifier des outils existants, de les adapter aux nouveaux défis à relever et de jeter la lumière sur l’importance de l’amélioration de l’offre sur le plan qualitatif et spatial. Ils ont ainsi insisté sur l’importance du développement urbain et territorial à l’heure où la régionalisation et l’action territoriale sont appelées à avoir une place stratégique dans le Maroc d’aujourd’hui et de demain, notant que cette thématique s’aligne avec les attentes des Marocains dans ce contexte particulier exacerbé par la crise sanitaire et ses conséquences.
Face ainsi un espace urbain qui se ‘‘tiermondise’’ davantage à un moment notamment où la planification territoriale devient une urgence, on se pose la question de savoir pourquoi et comment on est en arrivé là, sachant que plus de 50 plans d’aménagement atterrissent annuellement dans les bureaux des responsables de l’Intérieur et du Département de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire…
Dans son intervention, le président du directoire du Groupe Al Omrane, Badr Kanouni, a tenu à préciser qu’à travers cette conférence, le groupe marque sa volonté de contribuer au débat en tant qu’acteur dans la mise en œuvre des politiques publiques dans le domaine de l’habitat et du développement urbain. Il a, de même, mis en avant l’ambition d’Al Omrane de se positionner comme un groupe fédérateur, au savoir-faire et aux bonnes pratiques qui devraient accompagner la dynamique du secteur, ajoutant que via cette initiative, la Holding confirme sa vocation de partenaire de l’Etat, des collectivités locales, ainsi que sa volonté d’être une locomotive du secteur dans le cadre du partenariat public-privé.
De son côté, le président de la Fédération Nationale des Promoteurs Privés, Taoufik Kamil, a mis l’accent sur la nécessité d’un équilibrage entre les villes et les campagnes, de la réduction des disparités territoriales, évoquant les défis à relever en matière d’innovation et durabilité pour les centres urbains de demain. Il a, par ailleurs, déploré que le secteur de l’urbanisme est en manque du foncier, appelant, à cet égard, à une ouverture de zones urbaines nécessitant la mise en place de plans d’aménagement, une structuration et une planification à même d’inscrire le développement territorial dans la durabilité. Il déplore également le fait que beaucoup de promoteurs immobiliers ont fait faillite en s’engageant dans des programmes de villes nouvelles. D’après lui, l’échec relève de la responsabilité des différents intervenants, notamment ceux en charge des infrastructures, des routes, des écoles, des hôpitaux et des différents services dont le citoyen a besoin dans son quotidien.
Pour conclure, on peut retenir que la planification territoriale, ses perspectives et ses défis, doivent s’opérer aujourd’hui dans le cadre du Nouveau Modèle de Développement (NMD). Auprès des intervenants, on souligne que ce NMD constitue une plateforme et une référence pour la Ville de Demain.
Pour rappel, ont pris part à cette conférence, qui a été une occasion pour échanger et débattre sur les questions relatives au secteur de l’Habitat et de l’Urbanisme, Majida Elouardhiri, secrétaire générale du département de l’habitat et de la politique et de la ville et Abdellatif Ennahli, secrétaire général du département de l’Aménagement du territoire national et de l’urbanisme, en plus de Abdellatif Bouazza, chef du bureau représentatif de l’ONU-habitat, ainsi que des experts architecte et urbaniste Abderrahmane Chorfi et Abdelghani Abouhani.
Hassan Zaatit