En marge du Festival Gnaoua d’Essaouira, une rencontre-débat a été tenue autour du Soft-Power culturel en tant que moyen de rayonnement d’un pays ou encore en tant que force douce mobilisatrice d’une jeunesse qui aspirent au changement, à la modernité et le progrès.
Cette rencontre culturelle a connu la participation de l’ambassadeur de la république de la Corée du Sud au Maroc, Keeyong Chung, du journaliste-écrivain et président de la Confrérie des Compagnons de Gutenberg-Maroc, Khalil Hachimi Idrissi, de la directrice de publication du magazine Diptyk, Meryem Sebti et de l’ancien député français, Julien Dray.
Ces éminentes personnalités ont discuté du rôle crucial de la culture dans le rayonnement d’une nation pour se frayer un chemin parmi les grandes puissances, ainsi que du rôle des pouvoirs publics dans la pérennisation de cette « soft-influence ».
Sur ce sujet, M. Hachimi Idrissi, a abordé la question de la convergence entre les actions public-privé dans la promotion du soft-power, la pérennisation de l’action culturelle et la mise en place d’une « conscience collective » quant à l’urgence de la question culturelle. Il a en outre relevé qu’une riche culture, diversifiée, profonde et séculaire à l’instar du Maroc, forme une légitimité historique capable de propulser le pays au-devant de la scène internationale.
« L’action culturelle au Maroc est principalement portée par des initiatives individuelles, qui sont douloureuses », a-t-il déploré, attirant l’attention sur la nécessité d’une pérennisation de l’action culturelle par l’intervention des pouvoirs publics. « Une réelle émulation régionale peut être un levier formidable pour la culture et mettre en avant de vrais plans d’action dans le domaine, pour avoir un apport culturel dans toutes les régions durant toute l’année, ainsi qu’une politique portée par les régions », a-t-il insisté.
De son côté, Mme Sebti a signalé qu’une nouvelle dynamique culturelle a été enclenchée au Maroc et dans le continent africain, à la faveur d’événements comme le festival Gnaoua des musiques du monde qui a fait une double page dans le New York Times et qui a eu une place dans le magazine « Les Inrocks ».
Elle a en outre mis l’accent sur l’opportunité qu’offre l’action culturelle, notamment celle liée à l’art contemporain, dans la création d’un marché d’art capable d’embrasser un public très important, par la culture et l’économie d’achat. M. Chung a par ailleurs présenté l’exemple réussi du soft-power coréen notamment par les Prix raflés à l’occasion des grands festivals du monde dont Cannes, ainsi que l’engouement d’un jeune public international pour la K-pop, célèbre à travers le boys-band BTS.
L’ancien maire français, Julien Dray a, de son côté, rappelé que le soft-power culturel permet l’échange des savoirs entre les individus ainsi que le rayonnement des nations.
Il a également affirmé que le Maroc, de par la richesse de son patrimoine immatériel, détient un énorme potentiel apte à porter au plus haut les expressions créatives et mettre en place une réelle diplomatie culturelle.
Toutefois et lors de cette rencontre, les panélistes ont été unanimes sur l’importance de l’adoption d’une politique culturelle dans la promotion, le soutien et le développement de l’action culturelle.
Les intervenants à cette rencontre-débat ont soutenu l’idée qu’une réelle politique culturelle dans en la matière est nécessaire pour le lancement d’une dynamique capable de porter l’action culturelle, un des vecteurs du « soft-power ». De quoi faire de ce secteur une source d’influence et ainsi créer une dynamique économique régionale, en mesure d’apporter des structures et des mécanismes d’accompagnement de la culture ainsi que pérenniser ses actions, en vue d’avoir une influence et un impact considérables sur la scène internationale. De par sa riche culture séculaire et diversifiée, le Royaume détient un élément central des stratégies de soft power, ont affirmé les différents intervenants avec grande conviction. Il faut également revoir en profondeur tout ce qui fait reculer l’action culturelle, celle qui aspire au ‘‘vivre ensemble’’… Là est un autre débat !
Pour rappel, le Forum du Festival se veut un espace de débats et d’échanges entre des intervenants nationaux et internationaux sur les problématiques actuelles des sociétés, tenu en marge du Gnaoua Festival Tour.
Hassan Zaatit