Vue de destructions dans la ville de Douma, dans la partie rebelle de la Ghouta orientale, près de Damas, le 5 mars 2018 © AFP AMER ALMOHIBANY
Le régime syrien a poursuivi mardi ses frappes aériennes meurtrières contre la partie rebelle de la Ghouta orientale, pendant la trêve décrétée par son allié russe, dont un avion militaire s’est écrasé à l’atterrissage en Syrie, tuant 32 personnes.
Sur le terrain, les forces loyalistes ont poursuivi leur percée rapide dans l’enclave assiégée, progressant essentiellement dans les zones rurales et moins peuplées.
Au plan diplomatique, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira mercredi en urgence et à huis clos pour débattre de l’absence de mise en oeuvre du cessez-le-feu temporaire en Syrie qu’il réclamait dans une résolution le 24 février.
Peu après ce vote à l’ONU, la Russie avait annoncé une trêve quotidienne des combats et des bombardements limitée à la Ghouta orientale, censée permettre aux civils de quitter l’enclave par un couloir humanitaire et d’acheminer des aides dans ce secteur où quelque 400.000 habitants vivent assiégés depuis 2013.
En une semaine, aucun civil n’a emprunté ce couloir, a indiqué mardi un général russe à Moscou, précisant que l’offre de sortie était désormais étendue aux combattants rebelles, avec leur arme personnelle, et leurs familles.
Le général Vladimir Zolotoukhine n’a pas précisé si ce couloir débouchait dans une zone contrôlée par les rebelles ou le régime.
Le régime syrien a procédé mardi à des bombardements sur plusieurs localités de la Ghouta orientale, notamment Saqba, Hammouriyé, Jisrine et Douma, tuant au moins 19 civils, dont 4 enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Le pilonnage a notamment eu lieu aux heures de la trêve (07H00- 12h00 GMT), a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, qui a estimé que la « trêve de Poutine » était terminée.
D’après l’Observatoire, les bombardements ont tué 800 civils, dont au moins 177 enfants, depuis que le régime a lancé le 18 février son opération militaire pour reconquérir le dernier fief rebelle aux portes de Damas.
De son côté, la télévision d’Etat syrienne a rapporté la mort de trois civils à Jaramana, en banlieue de Damas, après la chute d’une roquette tirée par les rebelles de la Ghouta, et des frappes de représailles sur le quartier de Bab Touma, dans l’est de la capitale.
– Scènes de désolation –
Lundi soir, un convoi humanitaire entré dans l’enclave rebelle avait dû abréger sa mission de distribution d’aides en raison de bombardements dans le secteur de Douma, également visé mardi.
Dans cette grande ville de la Ghouta orientale, les paysages de destruction dominent, selon un correspondant de l’AFP.
D’après l’OSDH, les secouristes de la Défense civile syrienne ont retiré mardi des décombres la dépouille d’un habitant de Douma tué il y a plusieurs jours par les bombardements.
Les scènes de désolation -avec des bâtiments réduits en montagnes de décombres- se répètent également à Hammouriyé, d’après un autre correspondant de l’AFP.
Au gré des accalmies entre les bombardements, quelques habitants terrés dans des sous-sols sont sortis mardi matin de leurs abris pour inspecter l’état de leurs habitations.
A Douma, certains civils ont profité de rares périodes de calme pour déplacer certains biens de leurs maisons vers les caves où ils se sont installés. D’autres ont récupéré des meubles endommagés qu’ils utilisent comme outils de chauffage ou supports de cuisine, ou alors qu’ils vendent.
Des magasins restés ouverts, en particulier durant les cinq heures de « trêve », proposaient des produits à vendre, notamment des légumes, désormais limités à quelques variétés telles que les oignons, le persil et les légumes verts.
– Aucun survivant –
Dans le cadre de son offensive terrestre, les forces du régime a repris en quelques jours environ 40% de l’enclave rebelle, dans l’est et le sud-est du secteur, et ont pris pied à deux kilomètres à peine de Douma, selon l’OSDH.
L’objectif de l’armée est de couper en deux le fief rebelle pour séparer le secteur nord, où se trouve Douma, du sud, d’après l’Observatoire.
Cette progression rapide serait liée à la nature agricole et la faible densité de population des zones reconquises, selon des observateurs.
Le groupe rebelle de Jaich al-Islam a d’ailleurs reconnu sur Twitter avoir retiré ses combattants de l’est de l’enclave, dominé par des « terres agricoles exposées et dépourvues de fortifications comme des immeubles ».
Dans l’ouest de la Syrie, 32 personnes ont été tuées quand un avion de transport russe s’est écrasé à l’atterrissage sur la base militaire russe de Hmeimim, « apparemment » pour des raisons accidentelles, a annoncé l’armée russe.
L’accident de cet Antonov 26 n’a fait aucun survivant parmi les 26 passagers et six membres d’équipage.
Depuis le début de son intervention en Syrie en septembre 2015, qui a permis au régime de retourner la situation sur le terrain, l’armée russe a déployé des dizaines d’avions militaires opérant depuis Hmeimim.
LNT avec Afp