GENZ : après la pluie le beau temps?
Une grille de mots croisés générée à partir de cet articles.
On ne sait pas trop quoi penser. Le mouvement de la GENZ212 s’est éteint aussi brutalement qu’il s’était déclenché. Les foules des grandes villes, qui remplissaient les rues et les timelines, ont soudain cédé la place à d’autres foules, encore plus massives pour célébrer la victoire du Maroc en Coupe du monde U20. Ironie s’il en est, parmi les revendications phares de cette jeunesse en colère figurait justement le refus du “tout-foot” et la dénonciation d’un pays distrait par les paillettes du ballon rond. En réalité, ce sursaut collectif laisse derrière lui plus de questions que de réponses.
Sur les réseaux sociaux, les likes et les vues ont fondu comme neige au soleil, emportant avec eux des milliers de publications enflammées. Ceux qui, jusque sur LinkedIn, avaient trouvé dans cette effervescence de quoi disserter sur “les leçons de la jeunesse marocaine” ont soudainement retrouvé le mutisme feutré des open spaces et de la routine quotidienne. Comme lors du boycott de 2018, le soufflé est retombé, sans qu’on sache vraiment pourquoi ni comment.
Pourtant, les revendications étaient justes, profondes, légitimes. Mais très peu de jeunes, et encore moins de moins jeunes, se sont intéressés à ce qui a suivi, les annonces budgétaires, les milliards promis pour l’éducation et la santé dans la loi de finances 2026. Des moyens colossaux, certes, mais pas tombés d’un chapeau magique puisqu’ils s’inscrivent dans la continuité d’une politique d’État social engagée bien avant les cris de la rue.
Les médias étrangers, eux, ont vite rangé leurs plumes et leurs « points sur la situation » quotidiens. La “révolution marocaine” qu’ils avaient vendue comme un printemps tardif n’a pas tenu la saison, on espère d’ailleurs ne pas les avoir trop déçus. Le Maroc n’est ni le Népal ni Madagascar. Car si sa jeunesse est connectée au monde, comparaison n’est souvent pas raison.
Alors, tout est-il réglé ? La jeunesse est-elle satisfaite ? Ou simplement fatiguée ? Peut-être que ceux qui ont marché et ceux qui gouvernent savent quelque chose que nous ignorons. Toujours est-il qu’au fond, les constats demeurent.
Le Maroc sort sans doute grandi de cet épisode, par la maturité de sa rue, comme par celle de ses institutions. Mais il nous laisse avec une impression étrange, entre cynisme et naïveté, d’avoir vécu un mouvement sans conclusion.
Il faudra certainement attendre plusieurs mois d’ailleurs pour évaluer réellement l’impact de cet épisode sur différents plans, lorsque les infrastructures sanitaires prévues seront en place, ou qu’un nouveau parlement sera élu ainsi qu’une nouvelle majorité gouvernementale issue des urnes. D’ailleurs, le vote des jeunes aux élections en 2026, sera un indicateur fort de leur engagement pour le changement, eux qui habituellement désertent les isoloirs. La classe politique sclérosée sera-t-elle renouvelée ? Les plus compétents seront-ils reconnus ? La reddition des comptes, le gaspillage des deniers publics, l’inefficience des décideurs politiques, la corruption, seront le miroir réel des progrès que le Maroc accumule, bon an mal an, au-delà de la santé et de l’éducation.
Alors peut-être le souvenir du mouvement de la GENZ aura un goût différent.
Zouhair Yata
