Ces dernières années, le Maroc a entrepris plusieurs réformes dans le domaine de la formation et de l’éducation, inscrivant le préscolaire comme étape essentielle dans le système éducatif.
Géré par des institutions et organismes publics, le secteur privé, les associations et ONG, sous le contrôle de l’Etat et des communes, le secteur du préscolaire a toujours occupé une place de choix dans toutes les réformes éducatives entreprises à ce jour.
Lors d’un colloque sur le préscolaire organisé en 2017, l’ancien ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Hassad, avait déclaré que seuls 7 à 8 % des élèves en âge de scolarité dans le préscolaire avaient été accueillis dans le secteur public. Des chiffres alarmants quand on sait que l’enseignement préscolaire est une des clés pour bien réussir à l’école par la suite, et que l’essentiel du développement de l’enfant se joue entre 3 et 6 ans.
Les différents rapports sur l’éducation au Maroc ont toujours souligné l’urgence de mettre en place un préscolaire généralisé et de bonne qualité. Un préscolaire qui prépare l’enfant à l’enseignement primaire, qui l’aide à développer ses compétences de base en langue(s), etc.
Cependant, la généralisation du préscolaire demande le recrutement et la formation d’éducateurs, la fourniture d’équipements, etc., soit des moyens colossaux.
En juillet 2018, le ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a lancé le programme national de généralisation et de développement du préscolaire, dans le but de surmonter les obstacles et les dysfonctionnements que connaît cet enseignement et de garantir la scolarisation à environ 700.000 enfants annuellement à l’horizon 2027-2028.
L’enveloppe budgétaire consacrée à ce programme s’élève à 30 milliards de dirhams et devrait aider à l’aménagement de plus de 57.000 salles de classe sur 10 dix ans, la mobilisation de quelque 56.000 éducatrices et éducateurs, la formation et l’habilitation de 27.000 éducateurs actifs, ainsi que le réaménagement des espaces de l’enseignement préscolaire traditionnel qui accueillent plus de 460.000 enfants.
1er bilan du programme
Selon le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi, le nombre d’enfants bénéficiaires des prestations de l’enseignement préscolaire est passé de 699.265 en 2017-2018, à environ 800.000 en 2018-2019.
S’exprimant en juillet dernier à l’occasion de la rencontre nationale pour la présentation du bilan du « Programme national de généralisation et de développement de l’enseignement préscolaire : année 2018-2019 », le ministre a affirmé que plus de 100.000 nouveaux enfants ont été enregistrés au titre de l’année scolaire 2018-2019.
Pour sa part, le nombre d’éducateurs est passé à 38.058, contre 36.903 en 2017-2018, soit plus de 1.150 nouveaux éducatrices et éducateurs.
En attendant l’aboutissement du programme national de généralisation et de développement du préscolaire, la capacité d’accueil des enfants dans le préscolaire par les établissements publics reste limitée avec des disparités entre les milieux rural et urbain. Le secteur privé reste prédominant et guidé par la loi du marché, qui décide de l’implantation des structures préscolaires. En effet, les milieu rural et populaire enregistrent un manque en ce qui concerne les établissements préscolaires. Les associations locales, les fondations, le réseau Madersat, font de leur mieux, chacun selon ses moyens, mais ceci reste limité à certaines régions.
Dans le but de soutenir l’enseignement préscolaire dans les milieux ruraux et vulnérables, une convention cadre de partenariat a été signée entre le ministère de l’Intérieur-INDH et le ministère de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
En vertu de ce partenariat, le ministère de l’Intérieur devrait ainsi prendre en charge, la construction de 10.000 unités d’enseignement préscolaire et la réhabilitation de 5.000 autres dans les zones rurales et vulnérables, avec une contribution pour couvrir les dépenses de leur gestion pendant deux ans.
La généralisation du préscolaire et l’amélioration de sa qualité devrait permettre aux enfants les plus défavorisés d’augmenter leur chance de réussite scolaire.
Le ministère voudrait, à travers son nouveau programme, garantir à tous les enfants marocains, dès le plus jeune âge possible, y compris en intégrant la partie avancée du préscolaire, le maximum d’égalité des chances de réussite dans leur vie scolaire et, par la suite, dans leur vie professionnelle.
Rendez-vous en l’an 2028 !
AL