Theresa May à la sortie de Downing street, le 20 juillet 2016 à Londres © AFP NIKLAS HALLE'N
La livre britannique est tombée lundi en Asie à son plus bas niveau face au dollar depuis son plongeon éclair d’octobre dernier, à la veille d’un discours clé de la Première ministre Theresa May sur le Brexit.
Peu après 03H00 à Tokyo (dimanche 18H00 GMT), la livre sterling a chuté sous la barre de 1,20 dollar, à 1,1986 dollar, soit son plus faible niveau depuis le 7 octobre quand elle avait soudainement dégringolé à 1,1841 dollar, du jamais vu depuis 1985.
Elle s’est ensuite redressée et oscillait autour de 1,2035 dollar à 02H00 GMT, tout en restant en-deçà de son cours de vendredi (1,2197 dollar).
Dans une moindre mesure, la monnaie britannique a également reculé face à l’euro qui a atteint dans les premiers échanges asiatiques 87,87 pence, au plus bas depuis novembre, contre 87,15 pence deux jours plus tôt.
Selon plusieurs journaux, Theresa May devrait poser mardi, à l’occasion d’un discours à Londres, les jalons d’un « Brexit dur »: retrait du marché unique, de l’union douanière européenne et de la Cour européenne de justice, dans le but de reprendre le contrôle de l’immigration européenne.
« Les informations de presse du week-end sont sans aucun doute l’élément qui a poussé la livre vers le bas », a commenté Yoshitaka Suda, spécialiste des changes chez Nomura Securities, interrogé par l’AFP à Tokyo. « Les marchés scrutent les événements britanniques » avec le pire scénario en tête.
Cependant, « des négociations de cette taille et de cette importance supposent forcément une part de bluff pour tenter d’obtenir le meilleur accord possible », a tempéré dans une note Stephen Innes, courtier chez Oanda. « Sans confirmation concrète d’un Brexit dur, on pourrait au final voir les investisseurs laisser de côté les rumeurs et s’en tenir aux faits ».
En attendant l’allocution de Theresa May, des déclarations du ministre britannique de l’Economie sont venues apaiser quelque peu les inquiétudes, a par ailleurs souligné l’analyste japonais.
Philip Hammond a prévenu que si le Royaume-Uni « n’avait aucun accès au marché européen », le pays pourrait « changer de modèle économique » pour « regagner de la compétitivité ». Il a ainsi laissé entendre la possibilité de se lancer dans un dumping fiscal en baissant les impôts des entreprises basées au Royaume-Uni afin qu’elles restent compétitives malgré les droits de douanes européens.
« Il n’a pas utilisé le terme +paradis fiscal+ mais ces propos ont permis de soutenir la livre », a estimé M. Suda.
La livre est sous pression depuis la décision fin juin des Britanniques de quitter l’Union européenne: elle a perdu près de 20% vis-à-vis du billet vert.
LNT avec Afp