Le ministre des Finances Philippe Hammond quitte le 11 Downing Street, à Londres Le 9 octobre 2017 © AFP Ben STANSALL
L’économie britannique est affectée par un « nuage d’incertitudes » en raison du Brexit, a prévenu mercredi le gouvernement, qui débloque 250 millions de livres pour les premiers préparatifs de la sortie de l’UE.
« Le nuage d’incertitudes agit comme un frein temporaire et nous avons besoin de résoudre cela le plus vite possible en faisant des progrès dans le processus de négociations », a expliqué le ministre des Finances, Philip Hammond, lors d’une audition devant la commission du Trésor du Parlement.
L’économie britannique marque le pas depuis le début de l’année, rattrapée par le flou entourant les discussions sur le Brexit. L’ensemble des économistes s’attendent à ce que la croissance soit plus faible en 2017 qu’en 2016, où elle avait atteint 1,8%.
« Il y a une série de preuves montrant que les entreprises et les consommateurs attendent de voir quel sera le résultat (des négociations sur le Brexit), ou quelle sera la direction prise, avant de s’engager dans des décisions d’investissement ou de consommation », a noté le ministre.
Les doutes sur la conclusion d’un accord et sur l’avenir des relations avec l’UE pèsent depuis de long mois sur la livre britannique, ce qui renchérit le coût des biens importés et nourrit l’inflation. Le pouvoir d’achat des Britanniques se trouve de ce fait réduit alors que les salaires progressent moins vite que les prix.
Par ailleurs, plusieurs enquêtes économiques montrent que les entreprises réfléchissent à deux fois avant de se lancer dans de nouveaux projets d’investissement.
Ces craintes sur la sortie de l’UE ont été mises en avant cette semaine par le Fonds monétaire international (FMI), qui a confirmé que la croissance devrait ralentir en 2017 à 1,7%, en pointant le ralentissement de la consommation et l’incertitude à moyen terme liée aux conséquences du Brexit.
Le gouvernement a par ailleurs confirmé son souhait de se préparer à tous les scénarios dans le cadre du Brexit, y compris celui de l’absence d’accord entre Londres et Bruxelles.
La Première ministre, Theresa May, a d’ailleurs annoncé mercredi devant le Parlement que le Trésor avait débloqué 250 millions de livres d’argent frais pour les préparatifs du Brexit (280 millions d’euros).
« Nous nous préparons à toute éventualité. Nous mobilisons de l’argent pour nous préparer au Brexit, y compris à un scénario d’absence d’accord », a déclaré Mme May.
Elle a toutefois ajouté « travailler activement aux négociations avec l’UE afin d’obtenir un bon accord », au moment où les discussions avec Bruxelles semblent patiner et alors que Therera May affronte une crise de leadership.
M. Hammond a toutefois précisé de son côté qu’aucune ligne budgétaire spécifique ne serait prévue dans l’immédiat pour préparer l’adaptation du Royaume-Uni au scénario d’un échec des négociations entre Londres et Bruxelles.
Les fonds alloués constituent plutôt une somme globale, dans laquelle les diverses administrations concernées piochent pour se préparer à l’ensemble des hypothèses, de l’absence totale d’accord à une extrémité à l’entente cordiale de l’autre, en passant par tous les intermédiaires.
« Je suis clair sur le fait que nous devons être préparés pour un scénario sans accord à moins et jusqu’à ce que nous ayons la preuve que ce n’est pas ce vers quoi nous nous dirigeons », a néanmoins prévenu le ministre.
« Pour le moment, bien que nous espérons bien sûr un résultat différent, nous ne pouvons pas être certains de ce résultat différent », ajoute-t-il,.
Les marges de manoeuvre financières du gouvernement restent limitées et sa tâche serait compliquée par un abaissement des prévisions économiques officielles lors de la présentation du budget le 22 novembre.
LNT avec Afp