Photo diffusée le 28 mars 2020 par le 10 Downing Street du Premier ministre britannique Boris Johnson en visioconférence depuis chez lui, à Londres © 10 Downing Street/AFP/Archives Andrew PARSONS
Contaminé par le nouveau coronavirus et hospitalisé, le Premier ministre britannique Boris Johnson a « bon moral » et reste « aux commandes » du gouvernement, selon son équipe, au moment où la pandémie s’aggrave.
Le Covid-19 a déjà tué près de 5.000 personnes sur le sol britannique, dont un enfant de cinq ans, et les bilans quotidiens se sont aggravés tout au long de la semaine dernière, dépassant pendant le week-end ceux de l’Italie.
Après avoir été diagnostiqué il y a dix jours, M. Johnson, 55 ans, seul chef d’Etat ou de gouvernement d’une grande puissance à avoir été contaminé, a été hospitalisé dimanche soir pour subir des examens, ont annoncé ses services. Le dirigeant continuait à éprouver des symptômes de la maladie, dont de la fièvre.
Boris Johnson a passé une « nuit tranquille » à l’hôpital St Thomas, à Londres, et « reste en observation » tout en conservant les commandes du gouvernement, a déclaré lundi son porte-parole. « Son moral est bon ».
Lundi matin, le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, l’a remplacé pour présider la réunion quotidienne consacrée au Covid-19. Si Boris Johnson était par la suite trop malade pour exercer ses fonctions de chef du gouvernement, M. Raab les assumerait.
Le président américain Donald Trump s’est dit « sûr » que son « ami » allait se remettre: « c’est quelqu’un de solide ».
– « Très frustrant » –
Selon le quotidien The Times, Boris Johnson a été placé sous oxygène. Son porte-parole n’a pas confirmé, appelant à prendre avec « prudence » ces informations.
Downing Street n’a pas précisé quels tests seraient réalisés.
Le Dr Rupert Beale, du Laboratoire de biologie cellulaire des infections, à l’institut Francis Crick, a expliqué dans un communiqué que dans une telle situation, les médecins devaient en principe surveiller « les signes vitaux importants tels que les saturations en oxygène », « réaliser des analyses de sang pour vérifier sa réponse immunitaire » et faire passer un électrocardiogramme.
Près de 50.000 personnes ont été testées positives au Covid-19 au Royaume-Uni, devenu l’un des pays d’Europe les plus violemment touchés. Parmi eux, le prince Charles, qui a guéri après avoir eu des symptômes légers du virus. Il a retrouvé lundi son épouse Camilla, testée négative au Covid-19 mais qui était restée confinée 14 jours par précaution.
Face à l’ampleur de la crise, la reine Elisabeth II s’est adressée dimanche aux Britanniques pour les inciter à la résilience collective et leur insuffler un message d’espoir. Cette allocution, la quatrième seulement en période de crise en 68 ans de règne, a été vue par plus de 23 millions de téléspectateurs.
Critiqué pour avoir tardé à prendre la mesure de la situation, le gouvernement a bâti en catastrophe des hôpitaux de campagne pour soulager un système de santé débordé, promettant de décupler les tests qui manquent cruellement et débloquant des sommes gigantesques pour répondre au marasme économique et social.
Depuis l’annonce de sa maladie, Boris Johnson continuait à diriger la riposte du gouvernement en quarantaine, depuis son appartement de Downing Street d’où il postait des messages vidéos sur Twitter appelant ses compatriotes à rester chez eux.
Pour son ministre du Logement Robert Jenrick, cette hospitalisation doit être « très frustrante » pour lui. M. Johnson a travaillé « incroyablement dur » pendant une période « particulièrement intense » a-t-il souligné sur la BBC.
Selon le quotidien de gauche The Guardian, « Johnson était plus gravement malade que lui ou ses fonctionnaires n’étaient prêts à l’admettre, et a été vu par des médecins inquiets de sa respiration ».
Certains commentateurs jugent que le chef du gouvernement aurait dû se reposer, l’appelant à lever le pied.
« Boris a travaillé non stop pendant sa maladie et maintenant nous voyons le résultat », a commenté Sarah Vine, chroniqueuse au tabloïd Daily Mail et épouse du ministre Michael Gove, proche du chef du gouvernement.
Un député conservateur a conseillé à Boris Johnson de cesser d’imiter l’ex Premier ministre Winston Churchill. « Il a écrit trop de livres sur Churchill, (…) il devrait être Boris Johnson et ne pas essayer d’être quelqu’un d’autre », a confié cet élu au quotidien conservateur The Telegraph.
LNT avec Afp