Des manifestants palestiniens et des soldats israéliens se font face à la frontière de la bande de Gaza, le 30 mars 2018 © AFP Jack GUEZ
Le face-à-face entre soldats israéliens et manifestants palestiniens devait se poursuivre samedi à la frontière de la bande de Gaza, au lendemain d’une journée parmi les plus meurtrières de ces dernières années, avec 16 Palestiniens tués par des tirs israliens.
Des dizaines de milliers de Palestiniens, notamment des femmes et des enfants, avaient convergé vendredi le long de la barrière frontalière qui sépare la bande de Gaza d’Israël dans le cadre de « la grande marche du retour ».
Ce mouvement de protestation doit durer six semaines pour exiger le « droit au retour » des réfugiés palestiniens et dénoncer le strict blocus de Gaza.
Un petit nombre d’entre eux s’est approché à quelques centaines de mètres de cette barrière ultra-sécurisée, régulièrement le théâtre de heurts sanglants entre habitants de l’enclave et soldats. Ces derniers ont répliqué en tirant à balles réelles et en faisant usage de gaz lacrymogène.
Selon le ministère de la Santé dans la bande de Gaza, 16 Palestiniens ont été tués et plus de 1.400 blessés dans les affrontements avec l’armée israélienne.
Dans un discours vendredi, le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré qu’il tenait Israël pour pleinement responsable de ces morts.
Les Palestiniens ainsi que la Turquie ont dénoncé un « usage disproportionné » de la force. La Ligue arabe, l’Egypte et la Jordanie ont également condamné la riposte israélienne.
Washington s’est déclaré pour sa part « profondément attristé par les pertes humaines à Gaza », selon un tweet de Heather Nauert, la porte-parole de la diplomatie américaine, exhortant « ceux impliqués à prendre des mesures pour faire diminuer les tensions ».
Le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni en urgence vendredi soir, a entendu les inquiétudes quant à une escalade de la violence mais n’est pas parvenu à s’entendre sur une déclaration commune.
« Il y a une crainte que la situation puisse se détériorer dans les prochains jours », a mis en garde Taye-Brook Zerihoun, le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires politiques, appelant à la retenue maximale.
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont exprimé des regrets quant au calendrier de la réunion –la Pâque juive a commencé vendredi soir– synonyme d’absence de responsables israéliens.
En fin de journée, l’armée israélienne a dit avoir frappé trois positions du Hamas, en représailles à une tentative d’attaque de ses soldats par des manifestants.
– « Pneus enflammés » –
Un porte-parole de l’armée israélienne a évalué à 30.000 le nombre des manifestants vendredi.
« L’armée israélienne a imposé une zone militaire fermée autour de la bande de Gaza, toute activité dans ce secteur requiert son autorisation », a déclaré ce porte-parole.
Les manifestants jettent des pierres vers les troupes israéliennes qui recourent à des moyens antiémeutes et « tirent en direction des principaux meneurs », a-t-il ajouté.
Les dirigeants militaires et politiques israéliens avaient prévenu que l’armée n’hésiterait pas à donner l’ordre d’ouvrir le feu à des tireurs d’élite en cas de tentative d’infiltration sur le territoire israélien.
La police israélienne a par ailleurs indiqué avoir eu recours à un drone pour larguer du gaz lacrymogène sur les manifestants.
Vendredi soir, des responsables politiques de Gaza ont appelé les manifestants à se retirer de la zone frontalière jusqu’à samedi.
L’armée a dit avoir déployé d’importants renforts à la frontière pour empêcher des infiltrations notamment au cours de la célébration de Pessah, la Pâque juive, à partir de vendredi soir.
– « Provocation » –
Le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, a prévenu que « des centaines de tireurs d’élite (israéliens) » étaient déployés à la frontière.
Tôt vendredi, avant le début de « la marche du retour », un agriculteur palestinien de 27 ans a été tué par un tir à l’arme lourde israélien près de Khan Younès, dans le sud de l’enclave.
Des manifestations, moins imposantes que celles de Gaza, ont par ailleurs eu lieu en Cisjordanie.
LNT avec MAP