Christine Lagarde, directrice générale du FMI, au côté du ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, au G20 Finances à Buenos Aires, le 19 mars 2018 © AFP Eitan ABRAMOVICH
A défaut de condamner les taxes de Donald Trump ou les surcapacités d’acier chinoises, les ministres des Finances du G20 s’apprêtent à reconnaître mardi les « tensions économiques » actuelles comme un risque pour la croissance mondiale au terme de leur réunion de Buenos Aires.
La croissance mondiale fait face à des risques, « dont les tensions économiques et géopolitiques », reconnaît le texte qui doit être approuvé par les participants au G20 Finances, qui intervient à trois jours de l’entrée en vigueur des taxes américaines de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium, faisant craindre une guerre commerciale, ont indiqué à l’AFP des sources proches des négociations.
Fruit de longues heures de discussion entre les ministres, cette phrase a l’avantage de renvoyer, sans le dire explicitement, aux tensions provoquées par les taxes américaines et aux surcapacités de production de la Chine, décriées de longue date par ses partenaires du G20 qui reprochent au géant asiatique d’inonder la planète avec de l’acier à bas prix.
A un moment où les Européens et d’autres pays comme l’Argentine multiplient les démarches diplomatiques auprès de Washington pour être exemptés de ces taxes et éviter une guerre commerciale, le G20 Finances s’apprête à rappeler que la solution passe par le multilatéralisme, mis à mal par l’incapacité de la communauté internationale à régler jusqu’à présent les problèmes de surcapacité d’acier ou pour empêcher les mesures unilatérales des Etats-Unis.
« L’UE ne souhaite pas l’escalade commerciale. Elle ne souhaite pas la guerre commerciale mais elle se tient prête à réagir, même si notre option préférée reste le dialogue », a affirmé à l’AFP le commissaire européen Pierre Moscovici. « Nos contre-mesures sont prêtes », a-t-il prévenu.
Le ministre des Finances français, Bruno Le Maire, a lui aussi demandé que les Européens soient épargnés par Washington: « personne ne comprendrait que l’UE, au bout du compte, ne soit pas exemptée globalement de cette augmentation des tarifs sur l’acier et l’aluminium décidée par les Etats-Unis », a-t-il déclaré à l’AFP.
– Tensions fiscales
Autre sujet de tension entre les Etats-Unis et l’Europe: la taxation des géants du numérique, ou Gafa. Cet acronyme désigne les quatre mastodontes américains du secteur (Google, Amazon, Facebook, Apple), dont les pratiques d’optimisation fiscale sont régulièrement pointées du doigt.
M. Moscovici a fait un rapide aller-retour à Buenos Aires pour rassurer principalement les Etats-Unis lors d’une intervention mardi devant le G20 Finances, juste avant de prendre l’avion et de rentrer à Bruxelles pour présenter mercredi sa proposition de taxation des géants du numérique.
« Il ne s’agit en rien de mesures qui sont une riposte à une situation et il ne s’agit en rien d’une mesure anti-américaine », a-t-il affirmé, soulignant que la proposition européenne allait au-delà des Gafa.
« Nous définissons une stratégie pour la fiscalité des géants du numérique dans leur ensemble, quelle que soit leur nationalité », a-t-il assuré.
Il n’empêche que le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a lancé un avertissement dès vendredi. « Les Etats-Unis s’opposent fermement aux propositions de quelque pays que ce soit de cibler les compagnies numériques », a-t-il prévenu.
Les ministres des Finances du G20 devraient avoir moins de difficulté pour se mettre d’accord sur la question des crypto-monnaies et du bitcoin, sujet mis sur la table par la France et l’Allemagne.
Dans une évaluation remise au G20 Finances, le Conseil de stabilité financière (FSB) a estimé que les monnaies virtuelles ne font actuellement « pas peser de risque » sur la stabilité financière mondiale, mais que « cela pourrait changer » si ces outils venaient à être plus intégrés au système financier.
LNT avec Afp