En 2015, les Groupes FinanceCom et Saham Finances avaient annoncé un partenariat stratégique pour accélérer leur expansion commune en Afrique dans le secteur des services financiers.
Une des émanations de ce partenariat est la fusion-absorption de Salafin et Taslif, annoncée lundi dernier au siège de BMCE Bank of Africa.
La matérialisation de cette opération s’est faite par la signature entre les deux parties le 26 janvier 2018 d’un protocole d’accord fixant, comme l’a précisé un communiqué de presse, » Les principes directeurs relatifs au rapprochement stratégique de leurs filiales respectives opérant dans le secteur du crédit à la consommation, Salafin et Taslif « .
Une conférence de presse a suivi permettant ainsi à M. Brahim Benjelloun, Administrateur-directeur général Exécutif de BMCE Bank Of Africa et Mme Nadia Fettah, Directeur général de Saham Finances, de présenter aux journalistes et analystes, du fait de la cotation en bourse de ces deux sociétés, les grandes lignes du partenariat entre les groupes FinanceCom et Saham Finances.
L’occasion donc de mettre en exergue leur volonté commune de croissance en Afrique, ainsi que l’objet de l’opération de rapprochement de leurs filiales de crédit à la consommation.
La fusion entre ces deux sociétés a été notamment décidée pour créer une structure renforcée, à même de se lancer à la conquête du marché africain.
Les détails du rapprochement
Il s’agit d’une fusion-absorption, c’est-à-dire une opération juridique qui permet la transmission du patrimoine d’une société à une autre, pour ne former qu’une seule et même entité.
C’est une fusion dite » simple » ou » pure « , par opposition à la » fusion-acquisition » qui laisse l’individualité juridique aux concernées.
En effet, M. Aziz Cherkaoui, Directeur général de Salafin, l’a bien précisé, expliquant que Salafin prendra le dessus sur Taslif en gardant sa dénomination sociale.
Et pour cause, Salafin pèse 4 fois plus que Tasfif, ou inversement Taslif représente à peine le quart de Salafin, comme le démontrent les indicateurs de taille et de richesse de ces deux sociétés de crédit à la consommation.
Salafin occupe 8,1% de parts de marché, emploie 239 personnes, accumule 1,2 milliard de dirhams de Production nette, des créances clients de 3,3 MMDH, un total bilan de 3,5 MMDHS, dégage un PNB, (produit net bancaire), de 371,2 Millions de dirhams et un Résultat Net de 138 MDHS.
Taslif occupe 3,1% de parts de marché, emploie 100 personnes, dégage un PNB de 110,1 millions de dirhams et un RN de 37,7 millions de dirhams.
Toutefois, comme dit l’adage, comparaison n’est pas raison, car Salafin, créé en 1997, offre une large gamme de financements et a développé une expertise en matière de gestion pour compte de tiers qui lui permet de gérer le portefeuille de crédits à la consommation de la banque.
Elle repose sur un groupe bancaire, BMCE Bank of Africa, doté d’un réseau de 700 agences et dont elle tire la force de sa clientèle.
Par contre, Taslif bien que plus ancienne, a été créée en 1986 par Sanam, la holding de M. Said El Alj, qui a eu le mérite de la développer avant d’accueillir Saham Assurance comme co-actionnaire.
Elle dispose de 6 agences propres, 53 correspondants indépendants et 156 agents et courtiers du réseau de Saham Assurance.
Mais pour les deux parties, il est clair que l’intérêt de ce rapprochement réside dans la création d’un nouvel ensemble qui occupera 12% de part de marché, affichera 1 milliard de dirhams de fonds propres, un ratio de solvabilité de 20% et 5 milliards de créances à la clientèle.
Un opérateur majeur est né
Salafin ainsi renforcée, deviendra un acteur de référence sur le marché du crédit à la consommation dont la production a souffert ces dernières années du fait du durcissement des conditions d’octroi de crédits et de l’augmentation du risque, obligeant les banques à prendre le relai.
Et ce, même si 2016 et 2017 ont connu des ventes d’automobiles en croissance de 25%, par an boostant ainsi le crédit automobile.
La nouvelle SALAFIN change aussi son tour de table. Car la fusion-absorption consiste à transmettre le patrimoine d’une société à une autre société, soit les éléments actifs et passifs de la société absorbée à la société absorbante, impliquant une dissolution de l’absorbée et un échange de droits sociaux.
Dans une fusion pure, les deux sociétés sont fondues pour ne former qu’une seule entité juridique dont les actionnaires se partagent le capital.
Partant, la nouvelle composition de ce dernier, basée sur une conversion de 4 actions Taslif pour une action Salafin, donne naturellement la part belle à BMCE Bank qui détient 60,8%, quand son partenaire dans cette opération n’en dispose que 13% et Sanam Holding 4,4%, laissant 4,2% au RCAR et 17,7% aux actionnaires en bourse.
Avec la précision que la contrepartie de la société Taslif se monte à 17,4%, que le RCAR se dilue de 1% et surtout que le flottant reste élevé, à 17,7%.
Enfin, dans cette fusion, Saham Assurance reste un actionnaire de référence, tout en cédant la gestion à Salafin.
La holding de Moulay Hafid El Alami tient à rester un actionnaire actif d’un opérateur majeur du secteur, au côté d’un groupe bancaire de référence.
Beaucoup plus que les actionnaires minoritaires dont elle ne fait pas partie alors même que sa participation se limite à 13% du capital.
Car pour Saham, cette opération lui permet certes d’être actionnaire d’un ensemble présentant un fort potentiel de développement et de croissance, mais également le partenariat signé entre les deux groupes FinanceCom et Saham Finances lui donne, de fait, des prérogatives sur d’éventuels développements futurs, en Afrique notamment …
Afifa Dassouli