Les pharmaciens, par leur formation et leurs compétences, sont des acteurs majeurs de la chaîne des soins, a souligné, vendredi à Marrakech, le ministre de la Santé, Anass Doukkali, ajoutant que le rôle des pharmaciens demeure vital et essentiel dans tout système de santé.
Intervenant à l’ouverture des travaux de la 20ème édition du Forum Pharmaceutique International (FPI), M. Doukkali a indiqué que le rôle des pharmaciens est de garantir la sécurité des citoyens vis-à-vis des produits de santé, à travers la mise en œuvre de la politique pharmaceutique qui consiste à veiller à ce qu’un produit de santé de qualité, efficace et sûr soit disponible, accessible et qu’il en soit fait un usage rationnel.
Le ministre a aussi précisé que la pharmacie est un espace de santé incomparable et incontournable ainsi qu’un espace de proximité disponible sur tout le territoire national, même dans les coins les plus reculés, notant que cet espace et ces compétences peuvent être encore mieux mis à profit, en suivant l’évolution du métier qui se profile au-delà de la dispensation classique, par l’avènement de la pharmacie clinique, le développement des soins pharmaceutiques et l’émergence de l’éducation thérapeutique.
M. Doukkali a fait remarquer que le métier de pharmacien, longtemps centré sur le médicament, se recentre aujourd’hui sur le patient avec comme objectif ultime de lui prodiguer le traitement le plus sûr, le plus efficace et au meilleur coût, affirmant que le Maroc « ne peut rester en marge de ces évolutions et nous devrions adopter les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de la Fédération Internationale de la Pharmacie (FIP) dans ce domaine ».
Et de poursuivre qu’il convient également, parallèlement à ces évolutions scientifiques, de réfléchir à d’autres modes et sources de rémunération, en passant de la rétribution à la marge qui a montré ses limites, à la rémunération à l’acte en reconnaissance des rôles et des services que rend le pharmacien à la communauté, de son apport à la santé et des économies réalisées grâce à ses interventions.
« En donnant la priorité au domaine de la pharmacie, nous avons entrepris une vaste réforme du secteur pour rattraper le retard accumulé. Nous avons adopté pour cela une approche participative et de concertation avec les organismes et les organisations professionnelles », a expliqué M. Doukkali, relevant que des commissions mixtes ont été créées pour débattre des problèmes et proposer des solutions.
Les recommandations de ces commissions sont en cours de finalisation sous forme de plan d’action, avec des mesures concrètes et des échéanciers précis, a-t-il dit.
Passant en revue des exemples des résultats obtenus notamment dans les domaines réglementaire et législatif, économique et du respect du circuit et de l’assainissement du marché, le ministre a expliqué que l’ensemble des actions entreprises ne sont qu’une partie des réformes engagées dans le secteur de la pharmacie.
« Pour mener à bien tout ce chantier, nous devons nous appuyer sur la structure appropriée. C’est pour cela que nous avons mis en tête de nos priorités la création de l’Agence Marocaine de Sécurité des Médicaments et des Produits de Santé », a-t-il soutenu, précisant que « ce projet est bien avancé et nous devrions le mettre dans le circuit au mois de septembre prochain ».
Se félicitant de l’organisation du 20ème FPI au Maroc, M. Doukkali a indiqué que cette manifestation « illustre l’engagement du Royaume à développer la coopération Sud-Sud, notamment dans le domaine de la santé en général et de la pharmacie en particulier ».
Le ministre, qui a souligné la pertinence de la thématique retenue pour cette édition en raison des fonctions importantes et stratégiques que remplit la profession des pharmaciens, s’est dit convaincu que ce Forum, par la qualité des débats et des intervenants et l’importance des décisions et des recommandations qui seront prises, atteindra son objectif principal: celui de faire de cette rencontre un espace d’échange, d’enrichissement mutuel, d’harmonisation des pratiques et d’intégration, qui viendra consolider l’édifice continental en cours de construction, notamment la Zone de Libre Echange Continentale, au plus grand bénéfice du citoyen Africain.
De son côté, le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Lahcen Daoudi, a insisté sur l’amélioration de la situation des pharmaciens et des conditions de vie des citoyens, tout en soulignant l’engagement du gouvernement à développer davantage le secteur de la pharmacie au service de la promotion de la santé publique.
S’interrogeant sur le rôle du pharmacien de demain à la lumière de l’accélération du développement technologique, il a expliqué que cette profession est appelée à accompagner et à être en phase avec les diverses évolutions technologiques que connaît le monde actuellement, citant à titre d’exemple la percée réalisée par l’intelligence artificielle dans plusieurs domaines.
Il a conclu en indiquant que les débats, qui seront engagés lors des travaux de ce Forum, s’inscrivent dans cette optique de développement de la profession du pharmacien et des efforts pour répondre, entre autres, à la problématique d’accessibilité des populations aux médicaments et aux soins de santé.
Organisé sous l’égide du ministère de la Santé et du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens du Maroc, ce Forum de deux jours, placé sous le thème « Sécurité et qualité de l’acte pharmaceutique et de biologie médicale », se veut un espace de partage des nouvelles expériences avec les universitaires, responsables de laboratoires de contrôle médical, pharmaciens d’officines, industriels et distributeurs, mais également auprès des biologistes, des pharmaciens d’hôpitaux, sans oublier les pharmaciens de cliniques.
Ce conclave, qui connaît la participation d’un parterre de responsables, d’experts, de chercheurs, de spécialistes et de professionnels du secteur, venus de 27 pays des quatre coins du monde, offre l’occasion aux pharmaciens africains, tous secteurs confondus, de prendre part à une série de conférences, d’ateliers et de panels à forte valeur ajoutée pour le secteur de la santé. Les différents axes soumis aux débats abondent tous dans le sens de l’amélioration de la sécurité médicale et pharmaceutique.
Ainsi, cette édition 2019 du FPI se focalise, entre autres, sur la qualité des médicaments, la couverture de santé universelle, la falsification des médicaments, la réglementation du secteur et les défis de la santé en Afrique, sans oublier les différents défis de la santé en Afrique, et l’importance de la prévention pour mieux faire face aux maladies, ainsi que le rôle prépondérant du pharmacien dans le système de santé.
L’ordre du jour prévoit plusieurs sessions et panels autour de thèmes tels que : « La santé en Afrique: enjeux et défis pour l’avenir et quelle place pour la prévention? », « Médicaments conseils: état des lieux et intérêt pour le système de santé », « L’intelligence artificielle au service de la santé », « L’évolution de l’acte pharmaceutique au niveau mondial », « Réalités et challenges de l’acte pharmaceutique dans toute la chaîne du médicament en Afrique », « Harmonisation des textes relatifs aux médicaments et à la pharmacie, enjeux et impacts sur le continent africain » et « L’Afrique subsaharienne peut-elle bâtir sa propre industrie? Circuit de distribution du médicament en Afrique, contrainte et axes d’amélioration ».
« Education thérapeutique dans les maladies chroniques », « Lutte contre les médicaments falsifiés: rôle du pharmacien », « Parmacovigilance, cosmétovigilance, nutrivigilance et matériovigilance: importance pour le pharmacien » « Relation avec le patient : comment renforcer l’observance ? », « La qualité et la sécurité de l’acte pharmaceutique à l’hôpital », « Pharmacopées traditionnelles : les opportunités pour l’Afrique en recherche et développement », sont autant de thèmes qui seront également abordés.
Les travaux et débats engagés lors de cette 20è édition du FPI, qui réunit environ 3.000 participants, dont 600 pharmaciens africains et 80 exposants, aux côtés d’autres représentations, devraient être sanctionnés par des recommandations pour permettre de développer l’accès aux médicaments et plus précisément en Afrique, un Continent qui souffre de nombreuses défaillances et fait face à de nombreux défis.
LNT avec MAP