Lors de la 8e édition du Forum Centrale Supélec, qui s’est tenue les 10 et 11 novembre 2024 à Casablanca, M. Reda Chami, président du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), a souligné les avancées impressionnantes du Maroc au cours des deux dernières décennies. Il a notamment évoqué la croissance exponentielle des exportations industrielles, passant de 61 milliards de dirhams en 1999 à 376 milliards en 2023, et la forte performance du secteur automobile, qui a dépassé les exportations de phosphate dès 2016. Toutefois, M. Chami a insisté sur la nécessité d’une vision claire et d’un effort collectif pour relever les défis qui persistent, notamment un taux de chômage élevé de 13,6 % et une proportion inquiétante de jeunes en situation de NEET.
Il a aussi évoqué les inégalités régionales marquées, l’informalité qui pèse sur l’économie et la fragilité du tissu entrepreneurial, où 88 % des entreprises génèrent moins de 3 millions de dirhams de chiffre d’affaires par an. Le président du CESE a mis l’accent sur l’importance d’accélérer la croissance économique pour sortir du piège des pays à revenus intermédiaires. Il a également souligné que le Maroc doit investir davantage dans l’innovation et le développement du « software », notamment dans des secteurs comme la culture, le tourisme et le digital, pour soutenir une transformation économique durable.
En matière d’investissement, il a relevé que le pays investit un pourcentage élevé de son PIB, mais que la rentabilité de ces investissements reste faible, en raison de choix parfois inefficaces ou mal orientés.
M. Chami a également souligné le rôle essentiel de l’État dans le dynamisme entrepreneurial du pays. « Il faut qu’il y ait une politique nationale de transformation économique, qui identifie les secteurs prioritaires pour l’avenir, avec des objectifs clairs. Il est crucial de mettre en place une gouvernance capable de renforcer la compétitivité, à travers des réformes fiscales, une meilleure régulation et un cadre macroéconomique favorable », a-t-il déclaré.
Le président du CESE a insisté sur la nécessité de renforcer les partenariats public-privé pour surmonter ces défis. Il a proposé la création de « task forces » sectorielles, visant à définir des ambitions précises et à surmonter les obstacles propres à chaque secteur. Selon lui, la collaboration entre les entreprises et l’État doit être réinventée afin de stimuler l’innovation, la compétitivité et la diversification du tissu industriel marocain. « Cela nécessitera un investissement accru dans la recherche et le développement, ainsi qu’une adaptation continue des règles macro-financières » a-t-il souligné.
Enfin, M. Chami a mis en avant les nombreuses opportunités offertes par des projets stratégiques comme la Coupe du Monde ou les grands travaux d’infrastructure, appelant les investisseurs privés à saisir ces occasions pour stimuler l’économie nationale, e et renforcer son développement sur le long terme.
A. Loudni