Pour l’Europe et ses marchés financiers, l’euro plafonne, après avoir bondi de 14% face au dollar !
Car, après avoir atteint un pic en janvier dernier, il a perdu 1,25%. Et ce, même si les marchés européens prévoient une nouvelle baisse du dollar, mais pas aussi forte qu’en 2017, qui ne manquerait pas de pénaliser l’indice Eurostock.
En effet, depuis la dernière correction des marchés, les investisseurs considèrent que les valeurs européennes sont plus attractives, à cause de leur Price Earning Ratio, PER qui est en dessous de sa moyenne de 14,1 fois ses bénéfices à 12 mois.
Mais aussi parce que le potentiel d’amélioration de leur profitabilité est plus important en Europe où les bénéfices par action sont de 20% inférieurs de ceux d’il y a dix ans. D’autant que les États-Unis ont atteint un niveau de croissance qui plafonne et que la FED s’est engagée dans les augmentations de ses taux d’intérêt alors que la BCE n’a pas encore commencé à se désengager de sa politique expansionniste.
Pour le Maroc, ce combat entre l’euro et le dollar continue à conditionner le comportement du Dirham, même si aujourd’hui sa valeur contre l’euro s’est stabilisée à 11,73 dirhams pour 1 euro contre 9,45 dirhams pour un dollar.
Pour les professionnels des salles de marchés, l’euro, face au dollar US, connait une tendance légèrement haussière depuis le début de l’année, évoluant entre 1.1920 et 1.2540.
Certes, le dollar est soutenu par les bons indicateurs macro de l’économie américaine et la poursuite du resserrement monétaire de la Fed, mais il s’expose à un regain d’aversion au risque lié aux incertitudes nées des annonces protectionnistes du Président Trump.
Toutefois, les analystes marocains considèrent que d’ici la fin de l’année 2018, le risque sur l’EUR/USD est plutôt à la hausse à 1,2750, avec le début d’une normalisation de la politique monétaire européenne, comme le montre le graphe ci-dessous qui décrit les prévisions de différentes banques sur l’Euro-Dollar pour les prochains mois .
Tableau de prévision EUR/USD
Banques 3M 6M 1Y
BNP Paribas 1,27 1,28 1,30
Barclays 1,22 1,22 1,22
Citigroup 1,26 1,27 1,31
JPMorgan 1,26 1,27 1,29
Natixis 1,24 1,25 1,28
Societe Gene 1,26 1,28 1,32
Wells Fargo 1,23 1,25 1,30
Pour mieux comprendre l’importance des variations de l’euro et du dollar sur le dirham et ce, malgré sa flexibilité installée dans une fourchette de + ou – 2,5 %, il faut tenir compte du fait que ces devises sont utilisées par plus de 95 % des échanges de notre pays.
Leur réelle influence réciproque réside dans les proportions d’importations et/ou d’exportations, exprimées dans l’une ou l’autre de ces devises.
C’est ce que vient de démontrer une étude de l’Office des Changes sur les statistiques des échanges commerciaux du Maroc par devise de facturation publiée en décembre 2017.
Celle-ci, réalisée sur la base des données des années 2013 à 2016, précise d’emblée que son objet est de renseigner sur l’importance de chaque devise dans le commerce extérieur de marchandises.
Ces informations sont en effet, nécessaires pour toute étude d’impact des fluctuations des cours de change sur le commerce extérieur du Maroc. Le constat est que ces échanges se font plus en Euro, pour 58,2% en 2016, alors que les facturations en Dollar US concernent 37,8%.
Dans le détail, les importations en 2016, toutes devises confondues, de 384.342,3 MDH, ont été facturées en Euro pour 55% et en Dollar US pour 41,6%. Ces devises ont contribué à elles deux pour 96,6% dans la facturation totale des importations.
Pour ce qui est des exportations, en 2016, elles se sont montées à 199.583,4MDH. La totalité de leurs facturations libellées en Euro et en Dollar US, atteint plus de 94,8% soit 64,4% en Euro et 30,4% en Dollar US.
Ainsi au titre des 4 dernières années, l’Euro a été la première devise de facturation des importations du Maroc avec en moyenne 50,6% du total des importations, contre 46,1% pour le Dollar US .
Les importations facturées en dollar US sont constituées principalement des produits pétroliers qui représentent près de 28% du total des importations.
Les produits importés facturés presque entièrement en dollars US sont le gaz de pétrole et autres hydrocarbures à 100%, souffres bruts et non raffinés à 100%, les avions et autres véhicules aériens ou spatiaux à 100% et le sucre, brut ou raffiné, à 99,9%.
Au total, les importations sont facturées à concurrence de 58,6% en Euro et de 39,6% en Dollar US.
Pour ce qui concerne les exportations, en 2016, l’Euro a constitué pour la seconde année consécutive, la première devise de facturation à l’export avec 64,4%, suivie du Dollar US avec 30,4%.
En 2016, les exportations libellées en Euro ont porté sur 128.559MDH et celles en Dollar US se sont établies à 60.671,2MDH . Les exportations facturées en Dollar US sont prédominantes par les exportations des phosphates et dérivés qui représentent à elles seules 65,1% de ces exportations et qui sont facturées presque totalement en cette devise. Globalement, les produits sont facturés à l’export à hauteur de 67% en euro, et 34,3% en dollar.
L’ensemble de ces chiffres prouvent que le Dollar US et l’Euro constituent les principales devises de facturation et de règlement des échanges commerciaux du Maroc avec l’étranger et que tant les importations que les exportations se font plus en euros qu’en dollars .
Le constat de la place prédominante de l’euro dans la facturation de nos importations et exportations s’impose.
Et la force de l’euro impacte les échanges du Maroc dans les deux sens.
Elle renchérit nos importations et nos exportations négociées en euros rapportent moins de dirhams aux exportateurs.
Au niveau de la balance des paiements cependant, l’impact de l’euro cher est plus élevé pour les importations que les exportations du fait qu’en volume les premières sont le double des secondes.
C’est pourquoi, l’impact des devises doit se lire à ce niveau. Leurs cours sont fixés au jour le jour sur le marché interbancaire des devises ne sont que le résultat des règlements des opérations d’import et d’export.
Et l’encadrement du dirham par la borne de flexibilité n’intervient qu’à ce niveau uniquement.
En conclusion, la mesure de l’impact de l’euro sur nos échanges extérieurs au niveau global, reste importante et ne risque pas de diminuer tant les grands déséquilibres internationaux s’imposent à notre pays ..
Afifa Dassouli