L’Histoire ne se réécrit pas et s’invente encore moins ! Surtout, lorsqu’elle s’intéresse à des périodes récentes où des témoins vivants peuvent corroborer des affirmations ou les démentir, preuves à l’appui…
Mais, surtout, rien ne sert d’avancer des assertions pour évoquer l’action et la vie d’un cher disparu, quand le bilan de ce dernier est hautement reconnu par tous, dans les champs de l’entreprise, du business, de l’action sociale et, last but not least, du patriotisme.
Ce préambule est rendu nécessaire pour une mise au point qui n’est pas écrite de gaieté de cœur, mais que des contre-vérités manifestes, récemment publiées sur un portail électronique francophone, obligent à faire.
On a pu lire, en effet, que feu Abdelaziz Tazi, paix à son âme, récemment décédé, avait été « fondateur du Parti Communiste Marocain avec Ali Yata ».
Rien n’est plus faux que cette affirmation, et ce pour plusieurs raisons.
Feu Abdelaziz Tazi, ce que reconnaissent ses proches eux-mêmes, est venu au PCM à la faveur de son amitié avec feu Abdallah Layachi, dirigeant historique du Parti Communiste Marocain.
Mais, Si Abdallah, paix à son âme, n’adhéra lui-même à la formation marxiste-léniniste marocaine qu’à partir de 1949.
A cette époque, ses prédécesseurs en militantisme comme les défunts Abdeslem Bourquia, Mohamed Ferhat, Larbi Alaoui et Ali Yata, comptaient déjà entre cinq et sept années d’appartenance au PCM.
Bourquia et Yata, par exemple, étaient membres du Comité central du PCM depuis 1946 et c’est en 1949 justement qu’Ali Yata fut porté au poste de premier secrétaire du PCM.
Celui-ci rejoignit les rangs du « Parti Communiste au Maroc » à la fin de l’année 1942 et lorsqu’on évoque son action et son rôle dans « la fondation du Parti Communiste Marocain », on veut surtout mettre en exergue « la marocanisation » du mouvement communiste au Maroc et sa revendication pour l’indépendance nationale et la fin du protectorat.
C’est un processus qui fut réellement acquis à partir du mois d’août 1946 lorsqu’Ali Yata, en tant que rapporteur devant le Comité Central, plaida pour l’adoption d’une ligne résolument patriotique alors que plusieurs de ses camarades, communistes au Maroc mais Européens, voyaient avec une réticence certaine ce tournant historique conforme aux aspirations du peuple marocain.
A cette époque, et quoi qu’en affirment certains, feu Abdelaziz Tazi, fondateur du Groupe Richbond, n’était pas encore parmi les proches du PCM et comme cela a été confirmé à l’auteur de ces lignes, qui n’est pas sans connaissances sérieuses sur le mouvement communiste marocain, le défunt Abdelaziz Tazi a rejoint les rangs du PCM à la faveur de son amitié avec feu Abdallah Layachi et son adhésion au groupe d’action clandestin, composé à la fois de communistes et de nationalistes, « le Croissant Noir », dont Layachi était l’un des dirigeants à Casablanca.
Plusieurs des vieux militants du PCM-PLS-PPS encore de ce monde, ont également confirmé que Si Tazi, paix à son âme, a toujours eu une attitude de discrétion sur ses engagements politiques et tout particulièrement au PCM, notamment à partir de l’indépendance.
Par contre, ce que chacun reconnaît, c’est qu’il fut un généreux contributeur aux finances du Parti des décennies durant et qu’une forte amitié le lia, toute sa vie, à feu Ali Yata, faite d’estime et de respect réciproque, jusqu’à la disparition du secrétaire général du PPS en août 1997.
Il n’est donc nul besoin « d’enrichir l’Histoire » par des affirmations erronées pour considérer que feu Abdelaziz Tazi fut incontestablement un homme de progrès, un patriote authentique, un mécène généreux, outre ses qualités immenses d’entrepreneur avisé.
Cette mise au point est faite en respect de la mémoire des uns et des autres, de leurs actions et combats respectifs, mais aussi du refus de l’auteur de ces lignes et de plusieurs militants du PCM encore de ce monde des appropriations abusives.
Fahd YATA