Point de presse de Nicolas Blancher, chef de la mission de consultation du FMI au Maroc
“Les priorités sont là où elles devraient être, la question reste le rythme [des réformes]”, selon M. Nicolas Blancher, qui vient de diriger une mission du FMI de consultation au Maroc, au titre de l’article IV (la surveillance exercée par le fonds), et de la revue de l’accord au titre de la LPL approuvée en juillet de l’année dernière.
M. Blancher et son équipe ont remis au gouvernement leur rapport, qui sera rendu public en janvier, et ont dans la foulée reçu la presse au sein du siège du ministère de l’Economie et des Finances, mardi 7 novembre, pour en partager les conclusions, sinon les recommandations.
Les conclusions en question restent mitigées, et si le fonds salue l’amélioration de la résilience de l’économie marocaine, à travers la gestion des finances publiques et la diversification, il n’en demeure pas moins que «beaucoup reste à faire pour promouvoir une croissance plus élevée, durable et plus inclusive», lit-on dans le rapport. «Il est nécessaire d’accélérer la mise en œuvre [des réformes] pour accroître les gains de productivité, créer davantage d’emplois, et rehausser le potentiel de croissance, en ligne avec les objectifs de moyen terme du gouvernement», précise le fonds.
Les réformes engagées vont toutefois dans le bon sens. En effet, interrogé sur l’évolution de l’économie marocaine depuis la crise de 2008, M. Blancher explique : «L’économie marocaine a souffert comme les autres, notamment à travers un plateau bas au niveau du PIB non agricole. Mais on a vu des efforts d’assainissement conjugués à des réformes importantes – politiques sectorielles, renforcement de l’attractivité, etc. Certes il faut entraîner la PME, mais il y a de vrais gisements de croissance. Surtout, le Maroc est resté stable, c’est important pour attiser la confiance des investisseurs. Maintenant il y a des marges de manœuvre, et il faut saisir les opportunités (notamment une population jeune)».
Au niveau des faiblesses, le rapport pointe du doigt les retards notés dans l’amélioration de la qualité de l’éducation, la réforme du marché du travail, l’augmentation du taux d’activité des femmes ou encore l’amélioration de l’environnement des affaires.
Au niveau du PLF 2018, l’équipe du FMI juge qu’”il est cohérent”. En effet, elle salue la volonté de rabaisser le déficit public, et les réformes au niveau fiscal, notamment la progressivité de l’IS et les mesures pour compenser le manque à gagner concernant les recettes fiscales.
Le fonds a toutefois revu à la baisse ses prévisions de croissance, en projetant +4,4% en 2017, en baisse par rapport aux dernières prévisions du mois de juillet. A moyen terme, le FMI prévoit 4,5% de croissance. Mais ce taux reste tributaire du rythme des réformes, d’une accélération prévue du secteur manufacturier, et, sur le plan extérieur, des économies des pays partenaires, des prix de l’énergie, et de la volatilité des marchés financiers.
Selim Benabdelkhalek