Alors que le « Morocco Capital Market Day » organisé par le London Stock Exchange et la Bourse de Casablanca se déroule aujourd’hui et demain à Londres, la pertinence de se pencher sur les investissements financiers au Maroc en général et la part détenue par les IDE originaires de la City dans le montant global des investissements financiers sur le marché des capitaux marocain, s’impose.
Il faut rappeler toutefois que, parce que la City de Londres est une place financière de stature mondiale et qu’elle est encore aujourd’hui « the place where to be », disposant notamment d’un savoir-faire et d’une expérience inégalées, la Bourse des Valeurs de Casablanca a conclu depuis plusieurs années un partenariat stratégique avec le London Stock Exchange.
Celui-ci a porté ses fruits notamment dans le domaine de l’assistance technique, mais aussi en permettant l’arrivée de flux de capitaux en provenance de la City, investis dans les sociétés cotées de notre place financière. A ce titre, sur la base de chiffres obtenus de l’Office des Changes, de l’AMMC et de l’analyse d’une banque d’affaires l’on a pu établir les constats suivants:
Tout d’abord en ce qui concerne les investissements de portefeuille étrangers au Maroc, selon les données de l’office des Changes, ceux en provenance de la Grande Bretagne ont été insignifiants entre 2010 et 2016.
En effet, pour 2016 en particulier, globalement les recettes d’investissements financiers se sont montées a 1048 millions de dirhams alors que les Britanniques se sont limités à 4 millions de dirhams, soit a peine 0,4% alors qu’on aurait plus les croire plus conséquents eu égard à la puissance de la place financière de Londres.
Il faut savoir aussi que les recettes d’investissements financiers, tel que fournies par l’OC au titre des années 2013 à 2015, incluent les montants d’acquisition par les non-résidents des Emprunts obligataires émis sur le marché international par des entités résidentes.
A ce titre, en 2013 par exemple, on a pu constater que la participation des investisseurs financiers anglais a atteint 49% et s’est monté a 1750 MDH, ce qui a pu servir de bon exemple de ce que le Maroc pourrait attendre de nos partenaires anglais dans la durée, même si l’on sait que, généralement, les investisseurs financiers interviennent selon les opportunités en les saisissant selon leurs intérêts uniquement.
FOCUS –
9 %, part des volumes des personnes morales étrangères sur le marché central actions au 4è Ter 2016
Durant le quatrième trimestre 2016, le volume global des échanges sur les deux marchés, central et blocs, a atteint 28,353 milliards de dirhams, enregistrant ainsi une hausse de 30% par rapport à la même période de l’année précédente.
Le compartiment actions reste dominant avec 95 % du volume contre 5 % pour le compartiment obligataire.
Le volume des actions échangées sur le marché central durant le quatrième trimestre 2016, soit 12,698 milliards de dirhams, a progressé de 7,38 % par rapport à la même période de l’année précédente.
Près de 32 % de ce volume reviennent aux personnes morales marocaines, suivies des OPCVM, des personnes physiques marocaines et des personnes morales étrangères avec des parts respectives de 27 %, 14 % et 9 %.
En termes annuels, il ressort une forte progression des transactions enregistrées par les personnes physiques marocaines dont le volume a doublé en 2016 pour atteindre 3,3 milliards de dirhams à l’achat et 3,9 milliards de dirhams à la vente.
Source AMMC
Toutefois, la participation anglaise reste faible vu qu’en 2016, le flux net financier d’investissements directs étrangers en portefeuille a tout de même progressé de 6,2%, à 18,8 milliards de dirhams.
D’ailleurs, à la fin de l’année 2015, (dernières statistiques connues), la part de la capitalisation boursière détenue par les étrangers, auxquels il convient de rajouter les Marocains résidant à l’extérieur, était de 160 milliards de dirhams, soit 34 %de la capitalisation totale.
Et ce, bien que l’essentiel de l’investissement étranger en actions cotées est réalisé sous forme de participations stratégiques, c’est-à-dire représentant au moins 4 % du capital, selon les normes établies par l’Autorité Marocaine des Marchés de Capitaux, AMCC.
De plus, ces participations stratégiques représentent également 91,04% du montant total de l’investissement financier étranger, mais aussi 31,30% de la capitalisation boursière. La part flottante des capitaux étrangers investis à la Bourse de Casablanca s’établit à 3,08% de la capitalisation boursière totale et 13,78% de la capitalisation flottante.
En ce qui concerne la ventilation de ces flux d’IDE, on peut établir, sur la base des données fournies par l’Office des Changes pour l’année 2015, que 47% proviennent d’Europe, 46,4% du Moyen-Orient et 6,6% d’autres régions du monde.
Et si la part des investisseurs du Moyen-Orient est passée de 43,9% en 2014 à 46,4% en 2015, on note un léger retrait des flux européens qui sont tombés de 48,2% à 47,9% durant la même période. Les investisseurs émiratis détiennent 91% du total des investissements du Moyen-Orient à travers leurs participations stratégiques dans Itissalat Al Maghrib et Taqa Morocco.
Enfin, quand on s’intéresse aux secteurs et aux sociétés vers lesquels se portent ces flux financiers, on peut faire le constat qu’ils se répartissent aussi bien dans l’agroalimentaire et les boissons que les banques, les matériaux de constructions et infrastructures, les services aux collectivités, les hôtels, tourisme et loisirs, les opérateurs télécoms, le pétrole (RIP la SAMIR !!!), la santé, l’industrie transport, les services financiers, les mines, l’immobilier, le gaz, l’électricité.
Nonobstant donc leur importance, en termes de montants investis dans les sociétés cotées, on s’aperçoit donc que les flux d’IDE en portefeuille sont présents dans tous les secteurs d’activités représentés à la Bourse de Casablanca, ce qui traduit, à la fois, la sagesse de ces investisseurs, mais surtout l’attractivité de ces sociétés, laquelle, d’ailleurs aurait dû être encore plus forte !
Car, comme on pourra le comprendre à la lecture des données suivantes, les flux d’IDE se sont globalement inscrits en décrue ces sept dernières années.
(source Office des Changes)
Mais, l’origine de cette faiblesse n’est sans doute à rechercher ailleurs que dans l’absence d’attractivité de la place casablancaise, son illiquidité et son inefficience quasi-proverbiales, avec, pour cerise sur le gâteau, la persistance d’un marasme qui touche l’économie nationale depuis plusieurs années et qu’illustre avec quelle éloquence le taux de croissance du PIB à fin 2016 de 1,1%.
Afifa Dassouli