Dossier spécial régime de change du Blog Afifa Dassouli
- Flexibilité du Dirham : Le long cheminement d’une réforme indispensable
- La cible d’inflation, base d’un régime de change flexible …
- Flexibilité : Les expériences des uns profitent aux autres
La Banque Centrale marocaine a adossé son projet de réforme du système des changes sur différents benchmarks, lesquels ont mis en exergue les avantages de l’adoption d’un dispositif progressif pour garantir un passage réussi vers un régime de ciblage de l’inflation.
Précisément, les expériences de trois pays ont retenu son attention : le premier installé dans un régime de ciblage explicite, la Tchéquie, le second dans un régime implicite, la Turquie, et le troisième, qui se rapproche plus du Maroc, la Macédoine, était dans un régime de change fixe, tout en se préparant activement à changer de système.
Les uns et les autres
Les constats ont été concluants dans la mesure où la Turquie annonce être un régime de change flexible, mais en réalité sa banque centrale continue à garder un œil sur le flottement de la Livre turque, contredisant de fait son choix.
La Macédoine, un petit pays européen avec une économie ouverte opérant sous un régime de change fixe depuis 1996 et présentant plusieurs similitudes avec le cas marocain, ambitionnait de passer au ciblage d’inflation dans les années à venir.
En effet, le pays a choisi de bien préparer sa transition et un plan d’action sur la période 2007-2014 portant sur le renforcement de l’infrastructure technique de la Banque centrale, a été adopté pour relever les défis de la flexibilisation du régime de change.
Aujourd’hui, les autorités macédoniennes appliquent un régime de change de flottement dirigé, mais qui s’apparente à un change fixe vis-à-vis de l’euro.
L’expérience turque est également riche en enseignements pour les pays de la région MENA. En effet, ce pays a fait face à une inflation élevée chronique sur presque trois décennies depuis 1970.
Dans l’objectif de réduire le taux élevé d’inflation endémique, la Turquie a adopté en 2002 un régime de ciblage implicite d’inflation.
Cette politique a permis de renforcer l’indépendance de la banque centrale et réduire l’inflation. La banque centrale est parvenue à faire baisser l’inflation de 68 % en 2001 à 7.7 % en 2005.
Ainsi, cette période transitoire (2002-2005) s’est couronnée de succès et a favorisé le renforcement des prérequis institutionnel et technique pour un passage au régime de ciblage explicite en 2006.
Néanmoins, la politique de taux d’intérêt proches de zéro et l’assouplissement quantitatif menés par les banques centrales des économies développées suite à la crise financière, ont eu des répercussions importantes sur l’économie turque.
Le processus de normalisation de la politique monétaire des banques centrales influentes a déclenché un vaste mouvement de réallocation d’actifs sur les marchés financiers internationaux et a accentué la volatilité sur le marché de change en Turquie.
Ainsi, la CBRT (banque centrale turque ) a relevé plusieurs défis depuis 2007 : des afflux massifs de capitaux et expansion rapide du crédit à l’appréciation du taux de change réel et accroissement des vulnérabilités face aux inversions brutales des flux de capitaux.
La CBRT a ainsi revu son cadre de politique monétaire, (objectifs et instruments), en faveur d’une plus grande surveillance du coût de sa monnaie pour une meilleure stabilité financière en encadrant le taux de change de sa livre.
L’Egypte enfin a opté pour une liberté totale des changes imposée par le FMI contre un prêt de 12 milliards de dollars pour sortir de la crise au lendemain du renversement du régime islamiste en 2013.
La conséquence a certes été de créer une inflation de 37% dévaluant fortement la livre égyptienne, mais le retour à la stabilité, celui massif des investisseurs étrangers et l’implication de l’État dans la relance économique ont abouti très vite à baisser l’inflation à moins de 20% aujourd’hui.
Et nous ?
Le Maroc a fait son choix, certainement le plus approprié à ses caractéristiques économiques et mènera à bien sa transition avec l’appui infaillible de Bank Al-Maghrib. le Gouverneur Abdellatif Jouahri et ses équipes ont déjà fait un excellent travail !
La flexibilisation du dirham telle qu’elle sera désormais appliquée va permettre d’atténuer les chocs sur l’économie nationale, favoriser sa compétitivité, et soutenir les stratégies de diversification des flux de capitaux étrangers.
Enfin, cette stratégie profitera également d’une Banque centrale renforcée de sa dernière réforme dont la loi est en voie d’être votée qui lui donne plus d’indépendance et le rôle de décider et de gérer la politique de change en l’occurrence la flexibilité du dirham…
Afifa Dassouli
Les derniers chiffres de l’Office des Changes à fin novembre 2017 :
À fin novembre 2017, les importations au titre des biens et services enregistrent un accroissement (+30,8Mds DH) légèrement plus important que celui des exportations (+28,6Mds DH), ce qui se traduit par une hausse du déficit commercial de 2,2Mds DH (-96,7Mds DH contre -94,5Mds DH à fin novembre 2016). Le taux de couverture se situe, ainsi, à 77,6% au lieu de 76,5% un an auparavant.
L’accroissement des importations de biens et services s’explique davantage par l’augmentation des importations de biens (FAB) (+21,5Mds DH), notamment de produits énergétiques, que par celle des dépenses de services (+9,3Mds DH).
Parallèlement, la progression des exportations provient de la bonne performance des exportations de marchandises (+18,9Mds DH), notamment des ventes des phosphates et dérivés et des secteurs de l’automobile et de l’agriculture et agro-alimentaire, ainsi que de la bonne tenue des recettes de services (+9,7Mds DH).
S’agissant des recettes MRE, celles-ci progressent de 4% ou +2,3Mds DH : 60,2Mds DH contre 57,9Mds DH à fin novembre 2016.
Enfin, le flux des IDE enregistre une hausse de 13,2% ou +2,6 Mds DH. Cette évolution est imputable à la baisse des dépenses (-7,9Mds DH) plus importante que celle des recettes (-5,4Mds DH).
A fin novembre 2017, les réserves internationales nettes atteignent 238,4Mds DH contre 249,2Mds DH à fin 2016.
Les avoirs officiels de réserve s’établissent à 241,3Mds DH contre 253,5Mds DH à fin 2016 et les engagements extérieurs à court terme en monnaie étrangère se situent à 2,9Mds DH contre 4,2Mds DH à fin décembre 2016.
A.D