FIFM 2018 : Rencontre avec la réalisatrice française Agnès Varda
« Chaque image pour moi est un mystère, elle n’existe pas si elle n’est pas regardée », a confié, mardi, l’icône du cinéma français, Agnès Varda, lors d’une conversation libre avec le grand public, dans le cadre de la 17ème édition du Festival International du Film de Marrakech.
S’exprimant lors de cette rencontre inscrite dans le cadre du cycle « Conversation With », animée par la réalisatrice marocaine Narjiss Nejjar, cette talentueuse photographe, scénariste et réalisatrice, qui a appris toute seule la photographie d’abord, et le cinéma ensuite, a affirmé qu’un premier regard fait revivre la photographie. « Il y a toujours ce que cela représente et ce que cela suscite », a-t-elle dit.
« Chaque image contient tout ce qu’on ne sait pas, tout ce qui est muet et qu’on ne regarde pas. Elle ne se met à exister que par celui qui la regarde », a expliqué Mme Varda.
Varda, qui n’a jamais cessé de jouer avec les images, de les sublimer et de poétiser le réel tout au long de sa passionnante carrière, a toujours refusé le statut d’étudiant et le système de note qui va avec. « J’étais très indépendante, je voulais apprendre, mais je ne voulais pas être étudiante, je ne voulais pas avoir d’examen. Je n’ai pas plus que le bac, mais j’ai beaucoup appris et je me suis cultivée », a-t-elle souligné.
Pour cette légende vivante du cinéma français, « on apprend en faisant ». Du haut de ses 90 ans, elle a fait savoir que quand elle est devenue photographe, elle a commencé à regarder des photographies et quand elle est devenue cinéaste, elle a commencé à regarder des films.
Mettant en avant l’importance de trois éléments dans son métier à savoir: l’inspiration, la création et le partage, Agnès Varda a indiqué qu' »il faut toujours penser à la façon de concevoir un film et au public avec lequel il sera partagé », notant qu’elle aime réaliser surtout des documentaires non seulement pour « transfigurer le réel », « rendre beau le banal, le quotidien » mais aussi parce qu’elle apprend de ceux qu’elle filme.
Cette rencontre a été marquée la projection d’extraits de la mini-série « Agnès de-ci de-là Varda », réalisée pour « Arte », dans laquelle elle y filme ses amis artistes, des anonymes rencontrés lors de voyages et les peintures qu’elle aime, ainsi que « Sans toit ni loi » qui relate l’histoire d’une jeune fille vagabonde, rebelle et sans abri, trouvée morte à cause du froid.
Figure emblématique, réalisatrice majeure de la Nouvelle Vague, géniale touche-à-tout, Agnès Varda jouit d’une grande reconnaissance internationale (Lion d’or au Festival de Venise, Palme d’or d’honneur au Festival de Cannes, Oscar d’honneur, etc.).
Son dernier film, « Visages, Villages », co-réalisé avec le jeune artiste JR et nommé aux Oscars 2018, est une nouvelle preuve de la liberté et de la créativité de cette artiste hors normes.
Un hommage des plus appuyés a été rendu, dimanche soir, à Agnès Varda, qui a eu droit à l’Etoile d’Or du Festival international du Film de Marrakech.
Le cycle de « Conversation With » constitue un moment privilégié d’échange et de partage avec des grands noms du 7ème art mondial. En installant ce nouveau rendez-vous cinématographique majeur, le Festival International du Film de Marrakech s’affirme plus fortement comme un espace d’expression, d’interaction et de réflexion autour du 7ème art avec au programme, cette année, Martin Scorsese, Robert De Niro, Guillermo Del Toro, Yousry Nasrallah, Cristian Mungiu, Palme d’or à Cannes en 2007, ainsi que Thierry Frémaux, Délégué général du Festival de Cannes et Directeur de l’Institut Lumière de Lyon.
LNT avec MAP