La promotion de l’investissement et du commerce entre les pays africains a été au centre des discussions, jeudi à Casablanca, lors de la 7ème édition du Forum International Afrique Développement (FIAD). Cet événement, tenu à l’initiative du Club Afrique Développement du groupe Attijariwafa bank, en partenariat avec le Fonds panafricain Al Mada, offre un espace d’affaires pour stimuler la dynamique économique intra-africaine et le développement durable du continent africain via la concrétisation de partenariats pérennes.
Intervenant à l’ouverture de ce forum, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a souligné la nécessité de consolider les investissements en Afrique pour faciliter l’intégration régionale et investir avec une conscience claire des enjeux et des opportunités à venir. Il a notamment mis en avant le rôle du Maroc dans la création de conditions favorables et l’amélioration continue de l’environnement des affaires, prouvant ainsi que le pays peut offrir des services de classe mondiale, rivalisant avec les meilleurs standards internationaux.
Le ministre a précisé que le Maroc transforme 85% de ses exportations en produits finis et que 90% des revenus de la principale ressource minière, les phosphates, proviennent de produits transformés. Il a également souligné les progrès significatifs du Royaume en matière de logistique, avec le premier port de la Méditerranée et le quatrième port le plus performant au monde.
De son côté, Mohamed El Kettani, président directeur général du groupe Attijariwafa Bank, a indiqué que l’Afrique connaît une transformation profonde, marquée par de grands projets de développement et des ambitions partagées. Pour réaliser le plein potentiel du continent, il est crucial d’adopter des politiques inclusives, d’optimiser l’allocation des ressources, de faire des investissements stratégiques et d’investir dans les leviers de transformation pour relever les défis majeurs.
Création d’emplois et inclusion sociale
L’un des principaux défis évoqués par M. El Kettani est la création d’emplois pour la jeunesse africaine, transformant ainsi le dividende démographique en un moteur de croissance économique. Cela implique des investissements accrus dans l’éducation et la formation professionnelle, la promotion de l’inclusion et de l’entrepreneuriat, notamment féminin, et la réduction de la fracture numérique en faisant du digital un véritable facteur de développement.
Il a également préconisé d’investir dans les infrastructures, notamment l’énergie, le transport, la mobilité, l’eau, la transformation digitale et l’urbanisation, pour soutenir la croissance et améliorer la qualité de vie des citoyens africains. La transition énergétique et la gestion rationnelle de l’eau sont des défis cruciaux face au changement climatique et à la nécessité d’assurer un accès universel à l’eau et à l’énergie. Selon lui, l’Afrique devrait capitaliser sur ses ressources en énergie renouvelable pour les rendre accessibles à tous et investir davantage dans le commerce intra-africain pour se positionner comme un acteur clé de l’économie mondiale.
Le rôle essentiel de la ZLECAf
Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf, a fait valoir que l’investissement dans les secteurs manufacturiers et industriels est essentiel pour construire des chaînes de valeur régionales conduisant à la production de biens répondant aux normes continentales et internationales, favorisant ainsi le commerce intra-africain. Il a souligné l’importance des investissements dans les infrastructures et la logistique pour le commerce transfrontalier et l’intégration des marchés, contribuant à la croissance économique et au développement durable en Afrique.
Selon M. Mene, le rôle du secteur privé est fondamental dans la création d’emplois et la promotion de l’innovation, tandis que les gouvernements devraient établir un cadre réglementaire favorable pour permettre aux entreprises privées de prospérer.
Le FIAD 2024 réunit une communauté de décideurs politiques de premier plan, d’institutions internationales, d’opérateurs économiques et de médias venant de plus de 30 pays du continent. Cet événement de grande envergure propose des dispositifs innovants pour faciliter les mises en relation entre les participants. Le programme de ce forum prévoit des sessions B2B, des plénières, des ateliers thématiques et un marché de l’investissement mettant chaque année à l’honneur plusieurs pays africains.
Priorité aux investissements et au développement du commerce intra-africain
Mohamed El Kettani a lancé les travaux de cette septième édition en déclarant que l’Afrique doit optimiser ses richesses et renforcer ses investissements dans les secteurs stratégiques dans le cadre d’une approche concertée impliquant les gouvernements, le secteur privé et les partenaires internationaux. Il a souligné l’importance d’investir de manière plus volontariste dans le commerce intra-africain, qui demeure en deçà de son potentiel, et de tirer profit de la ZLECAf pour accroître les revenus du continent.
En outre, M. El Kettani a salué la résilience du continent africain face à un contexte macroéconomique difficile exacerbé par la crise sanitaire, les crises géopolitiques et les conflits régionaux. Malgré ces défis, l’Afrique affiche des indicateurs prometteurs avec des taux de croissance parmi les meilleurs.
Mouna Kadiri, directrice du Club Afrique Développement, a également pris la parole, déclarant que le retour du Fonds de Développement International pour l’Afrique après une interruption de cinq ans symbolise l’engagement à faire progresser le développement économique à travers le continent.
Elle a insisté sur le fait que l’Afrique continue d’affronter courageusement des défis interconnectés tels que la qualité des soins de santé, le changement climatique et l’équilibre des systèmes. Toutefois, au sein de ces défis se trouvent des opportunités de croissance et de progrès. Grâce au dialogue, au partenariat et à une action cohérente, le potentiel de l’Afrique peut être débloqué pour ouvrir la voie à un avenir meilleur.
Au cours des neuf dernières années, en collaboration avec le Prix Agile Europe, 38 missions participatives ont été organisées, impliquant 12 000 témoins à travers 15 nations africaines. Malgré la crise de la pandémie mondiale, la volonté de s’entraider et d’élever les communautés est restée forte, offrant une plateforme cruciale pour stimuler la croissance économique et promouvoir le développement durable en Afrique.
Une vision pour l’avenir de l’Afrique
Mouna Kadiri a conclu en soulignant l’importance des discussions de haut niveau au FIAD 2024, qui ouvrent la voie à des solutions collaboratives pour forger des partenariats solides et organiser des rencontres B2B transcendant les frontières et les industries. Elle a également mis en avant les activités dynamiques de la Zone Économique et Culturelle Nationale d’Afrique et les opportunités de planifier des rencontres cruciales avec la CAE et l’EGS en Thaïlande.
Les initiatives telles que l’Initiative Stratégique pour le Sénégal, prévue les 19 et 20 juillet, et l’exploration de la région de l’Afrique centrale en septembre, suivies d’une réunion en Égypte en novembre, représentent des opportunités pour forger des partenariats solides et catalyser la meilleure coopération économique à travers l’Afrique. Mouna Kadiri a exhorté chacun à saisir ce moment avec une détermination et une unité inébranlables pour tracer une voie vers un avenir où les professionnels africains ne connaissent aucune limite.
Lors de cette édition, onze pays africains sont à l’honneur : Bénin, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, Gabon, Mali, Mauritanie, Maroc, Sénégal et Togo. Des pavillons consacrés offrent aux différents représentants la possibilité de présenter les politiques et initiatives mises en place pour accompagner le secteur privé africain, notamment en termes d’investissement.
La cérémonie d’ouverture a été suivie de deux plénières abordant les thèmes : « L’Afrique qui s’investit : les ruptures de paradigme » et « Construire les opportunités : pleins feux sur la zone de libre-échange continentale africaine ». Ces discussions, prévues jusqu’au vendredi 28 juin, visent à mettre en lumière les opportunités réelles du continent africain pour tirer profit de la coopération sud-sud en donnant la priorité à la promotion du commerce et des investissements intra-africains.
Selim Benabdelkhalek