“20 ans, c’est un long chemin”, a déclaré Neila Tazi, productrice du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, à l’occasion de la conférence de presse présentant la 20ème édition de cet événement incontournable de l’agenda musical mondial. Accompagnée de Driss Yazami, président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et partenaire du Forum, de Karim Ziad, directeur artistique, d’Abdeslam Alikkane, directeur artistique et président de l’association Yerma Gnaoua, c’est au sein d’un grand hôtel casablancais qu’elle a « commencé la célébration des 20 ans du festival », devant un parterre de partenaires et de journalistes, venus nombreux.
Il régnait ainsi une atmosphère particulière dans la salle, notamment après la diffusion d’une vidéo rétrospective des 20 ans du festival, mêlant images marquantes, moments musicaux inoubliables, et témoignages d’artistes profondément touchés par l’âme si particulière du festival Gnaoua et Musiques du Monde. Et si ces 20 ans ont été pour les organisateurs la répétition annuelle d’un véritable chemin de croix pour arriver à trouver financements et sponsors, afin de préserver la gratuité de l’événement, ils peuvent être fiers d’avoir surmonté des défis que beaucoup auraient imaginés irréalisables lors de leurs débuts : monter un vrai projet culturel pour protéger une tradition musicale minoritaire, remettre cette tradition en lumière grâce à des fusions avec des grands artistes internationaux qui en deviennent les ambassadeurs, imposer le festival comme l’un des grands rendez-vous de l’agenda musical mondial, contribuer à la renaissance de la ville hôte, le tout en conservant une total ouverture au public. Les Maâlems, grands artisans de ce succès, en sont aussi la première preuve : anciennement au ban de la société, considérés comme de simples mendiants, ils sont maintenant reconnus au plus haut niveau, et remplissent les plus grandes salles françaises et américaines.
M. Yazami, qui a rejoint l’aventure il y a 6 ans à travers le Forum des droits de l’homme, juge le festival « essentiel, pour son approche de réappropriation du patrimoine tagnaouite, pour son métissage et son ouverture, et enfin pour son public ». « Il fait le lien entre universel et particulier », a-t-il ajouté.
Hommages à vingt ans de succès indiscutable
En cette année 2017, le festival retrouve sa date traditionnelle de la dernière semaine de mai, qu’il avait perdue ces dernières années pour raisons ramadanesques. Les différentes manifestations l’émaillant, comme l’Arbre à Palabres, et bien sûr le Forum des droits de l’homme, qui aura cette année pour thème « Créativité et politique culturelle à l’heure du numériques », sont bien évidemment de retour.
Au niveau de la programmation musicale, cette 20ème édition mêlera performances d’artistes venant pour la première fois, comme l’anglais Bill Laurance, pianiste de jazz farouchement novateur, Lucky Perterson, légende du blues qui fusionnera avec le Maâlem Mustapha Baqbou, ou encore Carlinhos Brown, percussionniste brésilien qui reviendra aux racines de son art en compagnie des Maâlems Kouyou, à des concerts rendant hommage aux plus belles heures du festival. C’est ainsi que, entre autres, Ray Lema et Maâlem Abdeslam Alikane remonteront sur les planches souiries, après 2002 et 2007, Band of Gnawa sont de retour 10 ans après leur premier passage, ou encore qu’Hindi Zahra enchantera à nouveau son public.
Du 29 juin au 1er juillet, la ville d’Essaouira vivra ainsi un moment très particulier, pour un festival unique au monde, à qui l’on souhaite encore bien des années de succès ! Retrouvez la programmation intégrale sur www.festival-gnaoua.net.
Selim Benabdelkhalek
La 20ème édition en chiffres :
- 3 jours, plus de 30 concerts
- Près de 300 artistes, 4 continents (Afrique, Europe, Amériques et Asie)
- 5 scènes (dont 2 en plein air et 3 intimistes)
- 15 Millions de dirhams de budget global (Financement : 75% privé et 25% public)
- 1 parade d’ouverture
- 4 Résidences d’artistes
- 4 Concerts Fusion
- 1 forum « Créativité et politiques culturelles à l’ère du numérique »
- 4 thématiques et plus de 20 intervenants en partenariat avec le CNDH
- 1 espace rencontre-débat entre public et artistes à « L’arbre à Palabres »
- Des ateliers ouverts au grand public
- Plus de 250 journalistes
- Une équipe de plus de 250 personnes