WhatsApp Image 2025-06-11 at 10.55.41

Festival Gnaoua et Musiques du Monde 2025 : Une édition foisonnante, entre dialogue des cultures, spiritualité et engagement artistique

Musique

Festival Gnaoua et Musiques du Monde 2025 : Une édition foisonnante, entre dialogue des cultures, spiritualité et engagement artistique

Par LNT
WhatsApp Image 2025-06-11 at 10.55.41

La 26e édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde se tiendra à Essaouira du 19 au 21 juin 2025. Fidèle à son esprit d’ouverture et de transmission, l’événement réunira cette année plus de 350 artistes issus d’une trentaine de pays, avec en tête d’affiche une quarantaine de Maâlems Gnaoua.

La programmation s’annonce particulièrement dense, mêlant créations inédites, collaborations transversales, concerts en plein air, ateliers pédagogiques et débats sur des thématiques de société. En filigrane, une volonté affirmée de faire du festival un espace de résonance entre les traditions musicales du sud et les enjeux du monde contemporain.

Comme chaque année, le festival s’ouvrira par une grande parade populaire, rassemblant l’ensemble des Maâlems Gnaoua à travers les rues d’Essaouira. Cette procession inaugurale, à forte portée symbolique, donnera le ton d’un événement à la fois ancré dans les racines du patrimoine immatériel marocain et tourné vers les échanges interculturels. Le concert d’ouverture, organisé sur la scène Moulay Hassan, réunira Maâlem Hamid El Kasri, figure centrale de la tagnaouite, aux côtés de la compagnie sénégalaise Bakalama, emblème des percussions et danses sabars. Les voix d’Abir El Abed et de Kya Loum viendront enrichir cette première soirée, mêlant spiritualité gnaoua, rythmes ouest-africains et accents contemporains.

Des fusions musicales comme moteur artistique

La programmation musicale du festival mettra résolument l’accent sur les croisements entre esthétiques et cultures. Plusieurs rencontres inédites sont prévues, à commencer par celle du Maâlem Houssam Gania, héritier de la lignée de Mahmoud Gania, avec le batteur new-yorkais Marcus Gilmore, dans une performance qui articulera le guembri et la batterie jazz. Dans un autre registre, Morad ElMarjan proposera un dialogue spirituel avec le joueur d’oud tunisien Dhafer Youssef, reconnu pour ses explorations sonores autour du jazz mystique. Le répertoire féminin sera également mis à l’honneur, avec la présence d’Asmaa Hamzaoui et de son groupe Bnat Timbouktou, qui partageront la scène avec la chanteuse malienne Rokia Koné. Leur création conjointe s’articulera autour des thèmes de la sororité, de la tradition et de l’engagement.

Une création originale portée par Maâlem Mohamed Boumezzough viendra par ailleurs illustrer l’esprit collaboratif du festival. Entouré d’Anas Chlih, du balafoniste Aly Keïta, du batteur Tao Ehrlich, du saxophoniste Martin Guerpin, du trompettiste Quentin Ghomari et de la chanteuse Hajar Alaoui, il proposera une aventure musicale entre le Maroc, le Mali et la France, mêlant instruments traditionnels et cuivres dans une énergie collective affirmée.

À cette diversité de propositions s’ajoutera la participation d’artistes issus de la scène afro et diasporique, parmi lesquels Cimafunk, représentant de la scène afro-cubaine, Tiken Jah Fakoly, figure du reggae engagé ivoirien, et CKay, artiste nigérian connu pour ses compositions mêlant pop, introspection et culture urbaine. Plusieurs groupes marocains aux sonorités hybrides, tels que Fehd Benchemsi & The Lallas, Nishtiman Project, Ribab Fusion ou encore The Leila, viendront également enrichir les scènes du festival.

Le festival poursuivra sa mission de transmission entre les générations de Maâlems. Une attention particulière sera accordée à la jeune garde gnaoua, invitée à se produire sur la scène de la plage en compagnie de maîtres confirmés. Cette programmation, pensée comme un pont entre héritage et renouveau, témoigne de l’engagement constant du festival à soutenir la relève artistique tout en valorisant la tradition.

Forum des droits humains : penser les mobilités et les récits

Au-delà de la dimension musicale, le festival accueillera également la 12e édition du Forum des droits humains. Cette année, les réflexions porteront sur les mobilités humaines et les dynamiques culturelles. Durant deux jours, plusieurs figures du monde intellectuel et artistique débattront de la façon dont les récits migratoires, les mémoires collectives et les expressions créatives façonnent nos compréhensions de l’identité et du vivre-ensemble.

Parmi les intervenants annoncés figurent le sociologue Andrea Rea, le cinéaste Elia Suleiman, la romancière Véronique Tadjo, le réalisateur Faouzi Bensaïdi, l’historien Pascal Blanchard, ainsi que Kassie Freeman, Rim Najmi, Karim Bouamrane et Barthélémy Toguo. Ce forum, devenu un pilier du festival, entend encourager la circulation des idées à travers une agora ouverte, où se croisent les disciplines et les regards.

La transmission restera au cœur de cette édition, notamment à travers le programme « Berklee at Gnaoua and World Music Festival », organisé en partenariat avec le Berklee College of Music. Ce dispositif permettra à une soixantaine de jeunes musiciens, issus de 23 nationalités, de bénéficier d’un encadrement artistique de haut niveau. Ateliers, masterclasses et concerts seront animés par des figures reconnues de la scène internationale, dans un esprit d’apprentissage collectif et d’expérimentation.

Cette volonté de croiser les savoirs se prolongera dans le cadre des premières activités de la Chaire des Croisements Culturels et Globalisation, portée en partenariat avec l’Université Mohammed VI Polytechnique. Deux tables rondes publiques permettront d’explorer les dimensions spirituelles de la musique gnaoua, les résonances rituelles et les formes de fusion musicale contemporaines.

En marge des grandes scènes, la ville d’Essaouira accueillera une multitude de manifestations artistiques et culturelles. Des concerts de rue, des performances dans les lieux patrimoniaux, des expositions – notamment celle intitulée « Entre jeu et mémoire » au Borj Bab Marrakech – ainsi que des ateliers ouverts au public rythmeront les journées. Les rencontres de l’Arbre à Palabres, inspirées des traditions orales africaines, offriront un espace de dialogue libre et convivial, complémentaire aux autres formats du festival.

SB

Les articles Premium et les archives LNT en accès illimité
 et sans publicité