
La force actuelle de l’Euro serait-elle usurpée ? Une telle question mérite pleinement d’être posée.
En effet, alors que la force d’une monnaie repose sur la bonne santé d’une économie, la monnaie européenne affaiblit le dollar quand bien même l’économie américaine se porte mieux que l’européenne.
Le malheur des uns et le bonheur de l’autre
Comment donc expliquer le renforcement au cours des dernières semaines de l’Euro par rapport au dollar et de l’ensemble des grandes devises ?
Un tel phénomène va-t-il continuer ?
A ce jour, la monnaie commune de l’Europe s’est appréciée de plus de 14 % face au dollar depuis le début de l’année, et vient de repasser le seuil de 1,20 dollar pour 1 euro.
Et l’on sait que depuis sa création, les analystes se demandaient si l’euro pourrait un jour égaler ou surplomber la devise américaine qui règne en maître sur le monde. C’est le cas aujourd’hui au point où les autorités publiques et monétaires, qui s’accommodaient très bien d’un euro faible, s’inquiètent sur les revers qu’elle peut porter à la croissance européenne, laquelle commence à peine à reprendre du poil de la bête justement du fait de la baisse de l’euro et de celles des taux d’intérêt et du prix du pétrole.
L’Euro profite, certes, de la faiblesse de la Livre sterling qui ne risque pas de se relever de si tôt avec des négociations sur le Brexit qui s’annoncent très difficiles.
Mais aussi du Yuan, lequel souffre de l’incertitude qui plane sur la vigueur de la croissance économique chinoise, chacun se demandant jusqu’à quand elle pourra tenir son rythme actuel de 6,7% ?
Quant au dollar, il donne anormalement un avantage à l’Euro malgré le redressement de l’économie américaine qui excipe d’un taux de croissance de 2,5% et surtout, d’un taux de chômage inférieur à 5%.
En effet le dollar souffre des échecs à répétition de Donald Trump, concrétisés par l’abandon de l’essentiel de ses promesses de relance.
La confiance revenue
Pour toutes ces raisons, la reprise enclenchée en Europe est donc loin d’expliquer ou de justifier la consolidation de la devise européenne.
Une conjoncture meilleure certes, qui, tout en se confirmant, n’est pas encore suffisamment installée, ce qui ne suffit pas à expliquer sa force actuelle.
Par contre, les capitaux qui reviennent s’investir en Europe, fuyant la Grande Bretagne et les Etats-Unis, sont, eux, un soutien solide pour l’Euro.
Car ces flux financiers sont attirés par la stabilité politique revenue en Europe, matérialisée par les élections françaises, mais aussi l’échec des populistes dans plusieurs pays de la région en 2017 et enfin, la quasi-certitude de la réélection de Mme Merkel dès ce mois de septembre.
La remontée de l’Euro s’expliquerait donc plus par des causes politiques que par la reprise économique sur le Vieux Continent ? Auquel cas, sa remontée risque de durer !
A Dieu ne plaise, parce que le solde extérieur du Maroc se creuse de jour en jour !
Afifa Dassouli