Photo provenant du site internet de l'agence de presse officielle syrienne le 14 avril 2018 d'une explosion dans la banlieue de Damas après des frappes aériennes d'Occidentaux © SYRIAN GOVERNMENT'S CENTRAL MILITARY MEDIA/AFP Handout / STR
Damas (Syrie) – La Syrie s’est réveillée samedi au son des bombes: après quelques jours de tergiversations, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont lancé des frappes ciblées contre le régime de Bachar al-Assad, accusé par Donald Trump d’attaques chimiques « monstrueuses ».
Ces frappes n’ont toutefois fait « aucune victime au sein de la population civile ou de l’armée syrienne », a affirmé l’armée russe, indéfectible allié de la Syrie.
Il était 04H00 à Damas quand le président américain a annoncé ces frappes depuis la Maison Blanche. Au même moment, des détonations résonnaient dans la capitale syrienne, ouvrant un nouvel épisode de tensions diplomatiques et militaires dans la guerre sanglante et complexe qui ravage ce pays depuis sept ans.
Selon une journaliste de l’AFP à Damas, centre du pouvoir de M. Assad, les explosions ont été suivies de bruits d’avions tandis que des colonnes de fumée s’élevaient du nord-est de la capitale.
Le régime syrien et ses alliés russe et iranien ont aussitôt condamné. »J’ai ordonné aux forces armées des Etats-Unis de lancer des frappes de précision sur des cibles associées aux capacités du dictateur syrien Bachar al-Assad en matière d’armes chimiques », a lancé M. Trump. « Une opération combinée est en cours avec la France et le Royaume-Uni », a-t-il ajouté.
Les autorités à Damas ont fustigé une « agression barbare et brutale » et accusé les Occidentaux de chercher à entraver une mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), dont une équipe doit entamer samedi à Douma, près de Damas, son enquête sur une attaque chimique présumée menée le 7 avril.
La Russie, qui a affirmé que la défense antiaérienne syrienne avait intercepté 71 missiles de croisière sur 103, a dénoncé ces frappes « avec la plus grande fermeté » et convoqué une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU.
En Iran, le guide suprême Ali Khamenei a, lui, qualifié les dirigeants américain, français et britannique de « criminels ».Par la voix de son ambassadeur aux Etats-Unis Anatoli Antonov, Moscou a aussi estimé que ses mises en garde n’avaient pas été entendues et que ces frappes étaient une « insulte » au président Vladimir Poutine.
– Forces syriennes dans Douma –
Au lever du soleil, après 45 minutes de frappes, des partisans du régime de Bachar al-Assad se sont rassemblés sur l’emblématique place des Omeyyades à Damas, au son de klaxons et de musiques patriotiques, arborant des drapeaux syriens, chantant et dansant à la gloire du président syrien.
Pour eux, les frappes sont en fait le signe de la victoire en marche du régime dans la guerre qui a fait plus de 350.000 morts depuis mars 2011. « L’histoire retiendra que la Syrie a abattu des missiles, mais pas seulement. Elle a abattu l’arrogance américaine », lance fièrement Nedher Hammoud, 48 ans.
Les insurgés de Jaich al-Islam avaient accepté dimanche d’évacuer cette ville, au lendemain de l’attaque chimique présumée imputée par les Occidentaux au régime syrien. Un haut responsable de ce groupe rebelle islamiste a assuré que les raids occidentaux de samedi ne seraient qu’une « farce » tant que Bachar al-Assad resterait au pouvoir. A la mi-journée, les médias d’Etat ont annoncé l’entrée de forces de sécurité du régime à Douma, qui était l’ultime bastion rebelle dans la Ghouta, à l’est de Damas.
Avant les frappes, Washington avait toutefois assuré avoir « la preuve » de l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien. L’attaque chimique présumée du 7 avril à Douma a fait plus de 40 morts, selon des secouristes sur place. Le régime et l’allié russe ont démenti, dénonçant des « fabrications ».
– « Justes et légales » –
Selon le général Joe Dunford, chef d’état-major américain, trois cibles liées au programme d’armement chimique syrien ont visées: une près de Damas et deux dans la région de Homs (centre). Il a précisé qu’aucune autre opération militaire visant la Syrie n’était prévue à ce stade.
« Nous avons été très précis et la réponse était proportionnée, mais, en même temps, ce fut une frappe lourde », a-t-il ajouté, précisant que les forces américaines avaient employé deux fois plus de munitions que l’an dernier. » Il est clair que le régime Assad n’avait pas reçu le message l’an dernier », a dit le ministre américain de la Défense Jim Mattis, en référence à la frappe américaine d’avril 2017 sur la base militaire d’Al-Chaayrate près de Homs, après une attaque chimique imputée à Damas qui avait fait plus de 80 morts à Khan Cheikhoun (nord-ouest).
La France a indiqué avoir frappé avec des frégates multimissions en Méditerranée et des avions de chasse. « Le principal centre de recherche » et « deux centres de production » du « programme clandestin chimique » du régime ont été visés, d’après la ministre française des Armées Florence Parly. Londres a annoncé que quatre avions de chasse Tornado GR4 de la Royal Air Force avaient bombardé un « complexe militaire » près de Homs. Des frappes « justes et légales », selon la Première ministre Theresa May.
Il a affirmé que la Russie avait « trahi ses promesses » de 2013 sur l’élimination des armes chimiques syriennes. Dans sa déclaration, Donald Trump a mis en garde l’Iran et la Russie, qui ont déployé des milliers d’hommes et du matériel en Syrie pour aider M. Assad face aux rebelles et jihadistes, au sujet de leurs liens avec le pouvoir syrien.
Après avoir exprimé la crainte d’une « escalade militaire totale », le patron de l’ONU Antonio Guterres a appelé à la retenue « dans ces circonstances dangereuses ».
LNT avec AFP